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POINT DE VUE

RCA : Quand la crise rend la classe politique, l'UA et l'ONU coupables devant le tribunal de l'histoire


Alwihda Info | Par Aristide Briand REBOAS - 13 Mai 2019



Aristide Briand REBOAS
Aristide Briand REBOAS
A bien des égards, on peut déclarer sans trop se tromper que la RCA est un pays de contraste, de contradiction de paradoxe et d'ambiguïté.

En effet, la RCA est un pays immensément riche compte tenu de ce que regorge son sol et sous-sol en plus d'autres atouts dont sa position stratégique, le Sango sa langue nationale qui est un formidable facteur d'unification nationale.

La RCA est un havre de paix où venaient se réfugier des gens qui fuyaient la guerre et des persécutions à l'exemple de Burundi et Rwanda, Tchad et Ethiopie.

C'était un pays d'accueil pour des investisseurs qui convoitaient l'or, le diamant et bien d'autres pierres précieuses sans compter le coton, le café etc..

Curieusement la RCA fait aujourd'hui partie des pays les plus pauvres caractérisés par une carence en matériels et en personnels qualifiés à laquelle il faut ajouter un déficit de démocratie, l'insécurité et la mauvaise gouvernance.

Malgré la diversité de sa population, la RCA est très attachée à l'unité nationale. D'ailleurs, sa devise "Unité, Dignité, Travail".

Hélas, les nombreuses crises sociopolitiques et militaires ont battu en brèche cette devise ainsi que toutes les autres valeurs républicaines.

En effet, depuis l'indépendance, la RCA a connu plusieurs coups d'Etats et tentatives qui ont renversé les pouvoirs et déstabilisé les régimes, entrainant la paralysie des institutions de la République.

On ne peut toutefois s'empêcher de rappeler les efforts déployés par les Centrafricains, politiques, religieux, sociétés civiles pour rétablir la paix, la sécurité, le vivre ensemble dans la prospérité.

Ainsi, de nombreuses initiatives ont abouti à des accords, des traités, des résolutions ... en vue d'une véritable réconciliation.

En effet, on dénombre plus d'une dizaine d'accords de paix et de réconciliation reconnus et non reconnus dans la perspective de solution des crises récurrentes que le pays a traversées.

Certains accords ont précédés des coups d'Etats d'autres sont survenus après, c'était le cas des accords de Libreville et de Ndjamena dont le but était d'éviter le renversement de régime de Monsieur François Bozizé qui hélas n'ont pas empêché Monsieur Ndjotoja de prendre le pouvoir entrainant la déstabilisation totale du pays.

Le moins que l'on puisse dire c'est que les autorités centrafricaines et les organismes sous régionaux et les Nations Unies ont purement et simplement échoué dans la mise en application des accords.

Quelles sont les raisons de ce fiasco qui a plongé la RCA dans le chaos et le marasme économique ?

A priori on peut évoquer des causes endogènes et exogènes :

- concernant les causes internes, il convient d'évoquer entre autres l'instabilité politique , la corruption, la mauvaise gouvernance, la mauvaise répartition des richesses nationales ainsi que des velléités tribalistes et sécessionnistes dans la conquête et la gestion du pouvoir.

Comment expliquer qu'un pays qui était uni dans le respect de la diversité de sa population puisse en arriver à une crise qui prend une tournure confessionnelle et sécessionniste où les chrétiens se font tuer par les musulmans qui demandent en outre la partition du pays ?

Depuis plus de vingt (20) ans, les protagonistes de la crise centrafricaine sont les mêmes ; tantôt dans le gouvernement, tantôt à la tête des rebellions qui tuent et terrorisent la population.

A chaque occasion de recherche de solution pacifique post crise, ces assassins posent comme condition l'amnistie générale des crimes qu'ils ont commis ainsi que leur nomination à des postes régaliens et stratégiques sous peine de renverser le pouvoir en place dans le bain de sang.

Les autorités centrafricaine, l'Union Africaine et les Nations Unies ont toujours accédé aux revendications de ces rebelles mais rien de concret et de durable ne s'est produit en matière de rétablissement de la paix et la sécurité.

Malgré la signature des accords de Khartoum, les exactions sporadiques continuent dans l'arrière pays notamment dans les zones qui sont toujours sous le contrôle des rebelles tels Ali Daras, Al Katil, Abdoulaye Houssein.

Ces rebelles continuent de percevoir plus de la moitié des recettes de douanières et fiscales qui constituent l'essentiel des ressources du pays. Ils exploitent aussi l'or et le diamant.

L'Etat est toujours faible et les groupes armés contrôlent 80% du territoire national.

Dans ces conditions, il sera très difficile de faire rentrer ces criminels dans l'ordre républicain compte tenu de l'appât du gain.

Par ailleurs, certaines catégories des rebelles ont un objectif bien connu qui est de fonder une autre, leur propre république sur des critères tribalistes et religieux.

C'est le cas des peulhs qui se considèrent depuis toujours comme une nation à part et qui aspirent à disposer d'un territoire à n importe quel prix alors qu'ils font partie intégrante de la RCA.

Il convient de signaler qu'il ne faut pas faire un amalgame entre toutes les minorités Centrafricaines. Il existe des Goula et des Ronga qui ont leurs petites rivalités internes mais qui ne déstabilisent pas la République.

Certains peulhs ont été toujours republicains dans la mésure où ils se sont établis après scolarisation en Centrafrique. C'est le cas de Yerima Mandjo, Waziri Dahirou, Adamou Adji qui fut mon professeur de français à qui je rend un vibrant hommage pour avoir contribué éducation.

Mais certains peulhs non Centrafricains exploitent la situation des peulhs Centrafricains pour atteindre leur objectif basé sur une stratégie de déstabilisation du pays et de sa recolonisation. Ils n'ont jamais été satisfaits de tous les accords dont ils sont signataires.

C'est le cas de Daras Ali qui a déjà obtenu presque tout sans difficulté particulière.

Il a été élevé au rang de général, il s'entoure de soit disant officiers dont on ne connait pas la véritable qualité professionnelles et encore moins le cursus et les centres de formation.

Toutes ces faveurs dont il bénéficie ne lui suffisent pas car son plan et son calendrier consistent à créer tôt ou tard une République des peulhs sur le sol Centrafricain.

Il faut savoir qu'il y a environ quarante millions de peulhs en Afrique. Ils sont repartis au Tchad, Cameroun, Nigéria, Sénégal. Niger ,mali, senegal,

La création éventuelle de cette république des peulhs risque de provoquer l'envahissement et la disparition de notre nation qui risque de passer sous la domination des peulhs de Ali Daras qui est un criminel recherché par la CPI.

Fort de sa position qui lui permet d'obtenir ce qu'il veut quand il veut et comme il veut, Ali Daras finira un jour par demander l'impossible au gouvernement afin de trouver un prétexte pour essayer de prendre le pouvoir mais au risque et péril de sa vie car la RCA appartient aux Centrafricains

Il faut savoir que son calendrier est dicté par son mentor Baba Ladé qui obéit à l'organisation internationale des peulhs basée au Nigéria où existe plus de 17 millions de peulhs.

Ainsi, leur calendrier précis établi avant la signature des accords de Khartoum se présente comme suit :

- Dans un premier temps, la mise en place d'un système d'intégration dans les sphères de l'Etat Centrafricain par la reconnaissance de leurs grades et notamment sa nomination en

qualité de gouverneur et général d'armée ; suivra un décret de naturalisation à titre exceptionnel, l'incorporation dans les FACA de ses éléments qui sont plus de deux milles guerriers peulhs étrangers se trouvant dans les pays précités. Ce sont des peulhs de l'ethnie OUDA qui n'ont pas une odeur de sainteté auprès des autres peulhs.

Ainsi, le refus des exigences de Ali Daras en la matière lui donnera le pretexte d'envahir les régions ciblées telles que la Ouaka, Basse Koto, Haute Koto, Bamingui Bangoran, Mbomou Haut Mbomou et Vakaga.

C'est ce plan macabre d'Ali Daras qui explique et justifie l'échec du DDR.

En effet, le DDR qui devrait conduire au désarmement, le démobilisation et la réinsertion des groupes armés n a pas atteint son objectif escompté.

On a assisté qu'à la réinsertion qui na d'ailleurs pas bien fonctionné, d'où l'intérêt de modifier sensiblement ce dispositif pour le rendre efficace et opérationnel.

Ainsi, il convient de préconiser le désarmement, la démobilisation, la réinsertion ou le cas échéant de rapatriement des groupes armés car ils ne peuvent pas trouver leur place dans notre pays qui veut retrouver la paix et la sécurité durable sur toute l'étendue de son territoire.

Le gouvernement Centrafricain ainsi que les organismes internationaux feraient mieux de prendre la mesure de la spécificité de cette situation.

Les services de renseignements généraux et l'armée doivent bien faire leur travail car "la vigilance est la garantie de survie d'un Etat" a déclaré NERON.

Le gouvernement Centrafricain a le choix entre la résignation et l'action préventive.

Toute la classe politique Centrafricaine doit se saisir de cette question et interpeller l'opinion internationale afin d'éviter cette tragédie qui se profile à l'horizon.

Ce qui est vraiment dommages, c'est que cette situation ne date pas d'aujourd'hui car j'avais déjà eu l'occasion d'attirer l'attention de nos autorités politiques et militaires depuis l'époque du président Bozizé.

Ma position est bien connue sur ce sujet alors, qu'on ne vienne pas nous dire qu'on a pas été prévenu.

Il est temps d'abandonner nos petits différends, nos querelles stériles pour enfin réaliser la gravité de cette menace qui pèse sur notre très cher pays au risque d'être étrangers dans notre pays et cela avant même les élections de 2020.

L'heure est à l'unité nationale face au danger imminent qui guette notre pays.

Le fiasco Centrafricain est imputable à tous les dirigeants politiques et à l'Union Africaine ainsi qu'aux Nations Unies dont les disfonctionnements et les ratés ont couté la vie à une bonne partie de la population sans compter les déplacés.

Concernant ces ratés et disfonctionnement, il convient de rappeler les disposition de la résolution 2149 du 10 avril 2014 portant création de la MINUSCA et la détermination de sa mission.

En effet, la MINUSCA est dotée d'un mandat globale qui consiste entre autres à travailler à la stabilisation de la RCA.

Depuis la marche organisée par la société civile centrafricaine, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la Stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA) est l’objet de plusieurs critiques tantôt fondées tantôt non fondées ou approximatives. Il convient de rappeler que depuis le début de la grave crise post coup d’Etat du 24 mars 2013, plusieurs Résolutions ont été adoptées par le Conseil de Sécurité de l’ONU par sur la RCA. Il s’agit des Résolutions :

1. 2121 (2013) ;
2. 2127 (2013) ;
3. 2134 (2014) ;
4. 2149 (2014) ;
5. 2181 (2014) ;
6. 2196 (2015) ;
7. 2212 (2015) ;
8. 2217 (2015) ;
9. 2262 (2016) ;
10. 2264 (2016) ;
11. 2272 (2017).

De toutes ces Résolutions précitées, il faut savoir que la Résolution phare est la Résolution 2149 du 10 avril 2014, car c’est ce texte qui non seulement crée la MINUSCA mais aussi détermine sa mission et ses tâches prioritaires.

La MINUSCA est dotée d’un mandat global consistant à travailler à la stabilisation de la République Centrafricaine. Pour parvenir à cette mission, la MINUSCA est autorisée au titre du point 29 de la Résolution 2149 du 10 avril 2014 à « utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat, dans les limites de ses capacités et dans ses zones de déploiement ». L’expression « tous les moyens »

Ainsi, je lance un appel solennelle à toutes et à tous pour que vive la République Centrafricaine.

Aristide Briand REBOAS
Ecrivain centrafricain, expert et spécialiste de gestion préventive de crise, et ancien directeur général des renseignements généraux.



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