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TCHAD

Reprise des classes au Tchad : le coup de force pour raisonner les enseignants


Alwihda Info | Par AZOUD Gédéon - 17 Octobre 2018



Des lycéennes dans une salle d’examen à N’djamena. AlWihda Info/archives
Des lycéennes dans une salle d’examen à N’djamena. AlWihda Info/archives
Lundi 15 octobre 2018, le ministre de l’Éducation nationale et de la Promotion civique du Tchad, Aboubakar Assidick Tchoroma, a effectué des déplacements dans plusieurs établissements publics pour « constater l’effectivité de l’année scolaire 2018-2019 ». Sur le terrain, aucun élève n’est en salle des classes. A l’origine de cette absence, la grève générale qui dure depuis six (6) mois.

La grève générale, sèche et illimitée, qui a paralysé toute l’administration publique tchadienne a eu des impacts négatifs sur tous les services de l’État. Depuis plus cinq (5) mois, ni école, ni hôpitaux, qui sont pourtant des secteurs clés, n’ont ouvert leurs portes. Et c’est dans ce contexte que le ministre Aboubakar Assidick Tchoroma a lancé la rentrée administrative le 15 septembre et la rentrée des classes le 1er octobre 2018, sans aucun engouement.

Tout le monde savait qu’il s’agit d’une rentrée sans enjeux, mais qui n’a que des défis. En témoigne le choix du ministre sur un établissement privé de N’Djaména pour lancer cette rentrée pour laquelle la plateforme syndicale revendicative avait déjà dit que « ça n’engage que lui ». Curieusement, le chef du département de l’éducation a pris de cours l’opinion en parlant de « constater l’effectivité de la rentrée scolaire ». Alors que le commun des mortels sait qu’aucune école publique n’a fonctionné depuis le lancement, le ministre s’est même donné un laborieux travail en sillonnant plusieurs lycées et écoles, tout en intimant l’ordre aux responsables d’établissements de contraindre les enseignants à la reprise par l’ouverture des listes de présence. Et comme un bâton magique, ce matin du 16 octobre, les élèves de quelques établissements ont renoué avec les cours.

Pourquoi la rentrée s’impose-t-elle ?

Depuis les cinq (5) mois durant lesquels la plateforme syndicale revendicative poursuit la grève avec ses centrales syndicales, rien n’a bougé dans les arcanes politiques. Au fur et à mesure, l’on a l’impression que le gouvernement et les syndicats sont tombés d’accord pour détruire l’État. En effet, non seulement les agents de l’État ne sont pas gênés de gagner cinq mois de salaires sans avoir travaillé, mais aussi et surtout le gouvernement paie les salaires avant le délai, à tel point qu’il n’en est jamais le cas même en temps normal. Et l’on se demande, à quoi sert la grève.

Autre raison qui impose la rentrée, c’est toute autre attitude des syndicalistes. Naguère, apprend-on, le syndicat des enseignants du Tchad (SET) a entrepris une campagne qui vise à débusquer tous les enseignants intervenant dans des établissements privés en vue d’opérer une affectation-sanction contre eux pour les larguer dans les provinces. Une épée de Damoclès pèse sur ces enseignants qui sont soit envoyés par l’État dans des établissements privés bénéficiant de l’appui de l’État, soit ceux qui ont un contrat de vacation avec des écoles privées. C’est encore à se demander, en quoi l’intervention de certains enseignants dans des établissements privés est un handicap pour la poursuite de la grève ?

Supposons que les syndicalistes voient d’un mauvais œil le fonctionnement des activités pédagogiques dans le privé. Est-ce que la non intervention d’enseignants intégrés dans ces écoles empêcherait leur bon déroulement ? Absolument non ! C’est donc l’incompréhensible. Encore que, c’est du reste une grève qui n’est plus générale, puisque l’administration et l’enseignement supérieur, tous membres de la plateforme, ont jeté l’éponge dans cette course complexe et complexifiée. Faut-il continuer avec cette grève sans enjeux ? C’est une responsabilité politique de quiconque. Quoi qu’on puisse en dire, il ne fait aucun doute que chacun doit en avoir honte, qui qu’il soit.

Alors, on ne comprend pas cette attitude chimérique des grévistes. Incapables de faire fléchir le gouvernement, ils déversent leur bulle sur des pauvres. Ces enseignants sont eux aussi des victimes. Quoi qu’on puisse en dire, rien ne justifie aujourd’hui tous ces mouvements qui n’ont plus de noms, mais dont les conséquences assènent uniquement les jeunes. Et tout cela doit s’arrêter. Et maintenant ! Car, que ce soit le gouvernement ou les syndicats, personne ne se soucie de l’avenir du pays, ni de cette jeunesse sacrifiée au sens propre tout comme au sens figuré du terme.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)