ANALYSE

République Démocratique du Congo: La nécessité de dynamiser le budget 2015


Alwihda Info | Par Gaspard-Hubert Lonsi Koko - 5 Octobre 2014


Les 10,2 milliards USD du budget de l’exercice 2014 – soit 2,2 milliards USD supérieurs au budget gouvernement – ont d’ailleurs été estimés sur la base de l’exercice 2013 que le Premier ministre Matata Ponyo avait jugé très équilibré.


En République Démocratique du Congo, lors du débat sur l’exécution des finances de l’Etat à l’Assemblée nationale survenu le 2 octobre dernier, les députés nationaux ont mis en cause le déséquilibre ayant caractérisé la gestion du budget 2013. Ainsi ont-il fait remarquer l’incapacité du gouvernement à mobiliser les recettes, soit plus de 2 milliards USD pourtant prévus dans le budget 2013, tout en pointant le défaut de crédibilité quant à l’écart de 30 % observé entre les prévisions et les réalisations budgétaires. Les députés ont aussi reproché au gouvernement d’avoir engagé des dépenses au-delà des fonds prévus, sans en informer les deux chambres du Parlement. Par conséquent, ils ont jugé prioritaire l’examen et le vote de la loi portant reddition des comptes de l’exercice 2013, dont l’adoption est préalable à celle de la loi des finances pour l’exercice 2015, déposée le 29 septembre dernier au bureau de l’Assemblée nationale, par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo. De toute évidence, au-delà de la critique acerbe des députés à l’encontre de la gestion gouvernementale du budget 2013, il est question de trouver des voies et moyens susceptibles de contribuer à l’amélioration de la gouvernance et de la transparence dans la gestion des finances publiques en République Démocratique du Congo.

Le budget 2014

Ayant justement pris en compte la catastrophique situation financière à laquelle n’a cessé d’être confrontée la République Démocratique du Congo jusqu’en 2013, le budget global pour l'exercice 2014 qu’a proposé le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) s’est élevé à presque 7,75 milliards d’euros – soit 10,2 milliards USD. Plusieurs milliards d’euros étant systématiquement perdus à cause de la corruption, du détournement des fonds publics et des dépenses supposées que l’on amputait sans vergogne à la guerre, un effort constant aurait dû être fourni pour que le budget puisse correspondre aux dépenses réelles et croître chaque année au profit du bien-être des populations. En effet, la transparence et la rigueur dans l’exploitation et dans la commercialisation des minerais, les contrats chinois et les importations des produits alimentaires auraient dû rapporter plus de 800 millions d’euros par an. 1,738 milliard d’euros serait provenu des produits pétroliers et 329,4 millions d’euros des économies que le Trésor public aurait dû faire, en temps de paix, en ne les attribuant pas aux dépenses de guerre. La maîtrise de différents gaspillages de l’argent du circuit officiel, dus à la mauvaise utilisation et aux contraintes liées à la guerre, aurait évidemment permis de récupérer dans les 3 ans au moins 3,11 milliards d’euros sur les 11,13 milliards d’euros du circuit informel. Cette répartition budgétaire tenait compte – à court, moyen et long terme – de l’affectation des ressources et de la réalisation des objectifs prioritaires à atteindre à tout prix : à savoir la paix, la cohésion nationale, la croissance économique et l’évolution sociale.

Les 10,2 milliards USD du budget de l’exercice 2014 – soit 2,2 milliards USD supérieurs au budget gouvernement – ont d’ailleurs été estimés sur la base de l’exercice 2013 que le Premier ministre Matata Ponyo avait jugé très équilibré. La croissance, très dégradée à cause des politiques menées depuis 2001, aurait pu nettement progresser au regard du budget gouvernemental de 2013, c’est-à-dire 7 milliards USD, de 10 % en 2014 à 18,25 % en 2019 – soit une évolution de 8,25 % en 5 ans. Il est à noter que, selon les estimations du PIB réalisées par le gouvernement congolais à la fin décembre 2012, la croissance économique avait atteint le taux de 7,2 %, alors que le RDPC préconisait 10 % en décembre 2014 – soit une hausse de 2,8 % – et 11,65 % en 2015, au lieu de 10,5 % qu’avait prévu le gouvernement, soit une hausse de 1,15 %.

Un budget 2015 ambitieux

Ayant retenu les leçons du passé, pour ce qui est de la bonne supposée foi du gouvernement en place à Kinshasa, le chiffrage proposé « hic et nunc » tient surtout compte des moyens qu’un gouvernement de la République aura besoin dans la déclinaison de sa politique. Cela permettra non seulement de vérifier la rentabilité et l’équilibre financier du programme du RDPC, mais surtout de réaliser le sérieux de la future administration, sans conteste modernisée, avec laquelle les Congolaises et les Congolais auront à faire. Plus entreprenant et plus pragmatique que le gouvernement Matata Ponyo, le RDPC n’a pas hésité à proposer, sur la base de ses propres estimations, un bilan global de 12,5 milliards USD pour l’exercice 2015 – soit 3,5 milliards USD en plus par rapport aux 9 milliards USD proposés par le gouvernement Matata Ponyo.

Néanmoins, les critiques émises par les députés incitent à la prudence. De plus, en principe, gouverner c’est également prévoir. Le cardinal François Marty ne soutenait-il pas que « l’art de gouverner ne consiste pas à rendre souhaitable ce qui est possible […] mais à rendre possible tout ce qui est souhaitable » ?Bien entendu, par prudence et par réalisme, les prévisions du RDPC s’appuient sur des hypothèses de croissance de l’économie nationale.

Crédibilité et faisabilité

C’est en jonglant habilement avec les chiffres, analysés les uns par rapport aux autres, que l’on parvient à mieux crédibiliser un axiome et à démystifier les préceptes à propos de l’économie. Le budget étant par excellence l’expression chiffrée de la politique économique et sociale de tout gouvernement, le RDPC a toujours fait le choix de se projeter dans l’avenir, au lieu de s’attarder tout le temps sur le calamiteux constat d’un pays dont l’avenir est davantage hypothéqué par des facteurs tant endogènes qu’exogènes, locaux que régionaux, et continentaux qu’internationaux. En effet, il faut en finir définitivement avec un État patrimonial au service de quelques oligarques dont la logique reste la gabegie, la prédation, la mendicité internationale, le pillage des richesses nationales et l’enrichissement personnel.

Rappelons que les prévisions dont il est question ont vocation à démontrer la crédibilité et la faisabilité de la démarche initiée dans l’espoir, comme le disait l’écrivain et historien français Charles Pinot Duclos, « de faire le plus grand nombre d’heureux ». « Si tes projets portent sur un an, plante du riz ; sur vingt ans, plante un arbre ; sur plus d’un siècle, développe les hommes », dit un proverbe chinois. C’est parce que le RDPC a la ferme intention de bâtir les fondations durables du Congo-Kinshasa du troisième millénaire que ses dirigeants commencent par poser la première pierre. Ainsi reviendra-t-il aux futures générations de la dégrossir tous les jours, à l’aide des outils qu’on doit mettre dès maintenant à leur disposition.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© RDPC

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Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC)
Liberté, Égalité, Sécurité et Prospérité

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