Fidèle à sa tradition, l'édition 2025 du FPSC a offert une plate-forme dynamique et ouverte aux organisations de la société civile (OSC) du monde entier, pour dialoguer de manière constructive avec les équipes du GBM et du FMI, les délégations nationales et un écosystème plus large d'acteurs du développement.
Réuni à Washington D.C. du 22 au 25 avril, le Forum a une fois de plus démontré pourquoi la société civile demeure la conscience, et le catalyseur des dialogues mondiaux sur le développement.
Au fil d'un programme de sessions chargé, le FPSC a mis en lumière certaines des discussions les plus urgentes qui façonnent le paysage politique actuel, du financement climatique à la sécurité hydrique, en passant par la protection sociale centrée sur les jeunes et les systèmes alimentaires durables. Un fil conducteur clair est ressorti de ces échanges : la nécessité de repenser les modèles existants, de rapprocher le pouvoir des communautés et de passer des paroles aux actes concrets.
Mobiliser le financement privé pour la sécurité hydrique
L'ouverture de la session opportune de WaterAid sur la « Mobilisation du financement privé pour la sécurité hydrique » a permis aux participants de se confronter à une réalité que les experts en financement du développement reconnaissent depuis longtemps, mais qui n'est pas encore totalement résolue. Le déficit de financement pour la sécurité hydrique est vaste et croissant. Face à la raréfaction des financements concessionnels et publics, le secteur privé est appelé à intervenir. Mais comme l'ont souligné les discussions, il n'est pas simple d'ouvrir la vanne.
La discussion a porté sur le délicat équilibre à trouver : accroître l'investissement privé sans compromettre l'accès équitable, les biens publics ou l'intégrité environnementale. Des questions cruciales ont été soulevées concernant les mécanismes de tarification, la structuration de partenariats public-privé équitables et la protection des communautés vulnérables. Les participants ont mis au défi le Groupe de la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales de prendre l'initiative, non seulement en mobilisant des capitaux, mais aussi en établissant des normes privilégiant l'inclusion et la durabilité. Le message était clair : le financement privé doit servir les populations et la planète, et pas seulement les portefeuilles.
Programmes de repas scolaires
De la table aux tables, la session sur les « Programmes de repas scolaires », organisée par une coalition de partenaires, dont le SDG2 Advocacy Hub, World Vision International et la Fondation Rockefeller, a mis en lumière l'un des filets de sécurité les plus solides au monde, mais souvent négligé. Les repas scolaires sont plus que de simples programmes de nutrition ; ce sont des investissements essentiels dans l'éducation, la santé et la résilience économique. S'appuyant sur des études de cas convaincantes, la discussion a mis en lumière la manière dont les gouvernements du monde entier développent et modernisent ces programmes pour répondre aux défis actuels, de la reprise post-pandémique à l'insécurité alimentaire croissante.
Le rôle des banques multilatérales de développement dans l'intensification de ces efforts a été souligné, avec un appel à des investissements plus importants et mieux coordonnés. Les participants sont repartis avec le sentiment renouvelé que les repas scolaires ne sont pas un simple « accessoire », mais une première ligne de défense contre les inégalités systémiques, un rappel puissant que parfois, les outils de développement les plus puissants sont aussi les plus simples.
Catalyser le financement climatique dans les contextes fragiles
Aucun CSPF ne serait complet sans s'attaquer à la crise climatique, et la session du Comité international de secours, « Catalyser le financement climatique dans les contextes fragiles », n'a pas déçu. Grâce à un mélange captivant de discussions éclair et de dialogues ouverts, les acteurs de terrain et les experts du financement climatique ont cartographié l'écart béant entre les zones où le financement climatique est le plus nécessaire, les environnements fragiles et touchés par des conflits, et celles où il est actuellement acheminé.
Les participants n'ont pas mâché leurs mots : les modèles traditionnels sont défaillants. L'aversion au risque des financiers, l'inertie bureaucratique et les hypothèses opérationnelles obsolètes laissent les plus vulnérables de côté. Pourtant, malgré les frustrations, des lueurs d'espoir ont émergé. Des modèles de financement créatifs, des stratégies d'adaptation menées par les communautés et des engagements plus audacieux de la part de certains acteurs commencent à se concrétiser. L'échange interactif de clôture de la session a mis au défi tous les participants d'aller au-delà du statu quo, car en matière de résilience climatique, laisser les communautés fragiles de côté est tout simplement impossible.
Repenser la protection sociale des jeunes
L'une des discussions les plus avant-gardistes du Forum a été celle de la Fondation RAHA et du Bureau de l'Assistant spécial du président du Nigeria, avec leur session intitulée : « La protection sociale pour la prochaine génération ». Dans le contexte d'une économie mondiale en rapide transformation, marquée par la disruption numérique, la montée des inégalités et l'incertitude climatique, la session s'est concentrée sur un groupe démographique crucial et souvent négligé : les jeunes.
Le dialogue, résolument axé sur les solutions, a examiné comment les cadres de protection sociale doivent évoluer pour répondre aux besoins des jeunes. Les discussions ont porté sur des sujets allant du revenu de base universel et des fonds ciblés de développement des compétences aux programmes de résilience climatique adaptés aux jeunes. Les modèles de financement, notamment les financements mixtes et les partenariats public-privé, ont été analysés dans une optique d'évolutivité et de durabilité. Surtout, les participants ont souligné l'urgence de concevoir des filets de sécurité sociale, non pas comme des réflexions a posteriori, mais comme des tremplins pour la sécurité économique, l'inclusion et la capacité d'agir des prochaines générations.
Systèmes alimentaires durables et rôle de l'IFC
L'avenir de l'agriculture et la santé de notre planète étaient au cœur de la session organisée par Compassion in World Farming, Friends of the Earth-US, Bank Information Centre et World Animal Protection. Axée sur le portefeuille agroalimentaire de l'IFC, la session a soulevé des questions fondamentales sur le rôle de l'institution dans la perpétuation ou le démantèlement de systèmes alimentaires non durables.
Les intervenants ont exposé les coûts environnementaux et sociaux de l'élevage industriel, de la déforestation aux émissions de gaz à effet de serre. Ils ont également exploré des alternatives prometteuses, notamment les protéines végétales et cultivées. Le point essentiel : si l'IFC souhaite réellement aligner ses investissements sur les objectifs mondiaux de développement durable, une transition vers des systèmes alimentaires plus régénérateurs et résilients est incontournable. Les participants ont mis l'IFC au défi de prendre des mesures audacieuses, et non des ajustements progressifs, pour tracer une nouvelle voie pour le financement de l'agroalimentaire.
Transférer le pouvoir grâce à la localisation
Enfin, la session « Localisation de l'impact », animée par l'ACDPN et la Fondation Enfant Jeunesse (Haïti), a rappelé de manière cruciale et fondamentale que pour que le développement soit efficace, il doit être mené localement. S'appuyant sur des exemples marquants d'Haïti et du Nigeria, la discussion a démontré de manière convaincante pourquoi la localisation n'est pas seulement la bonne solution, mais un impératif opérationnel. Les approches communautaires se révèlent systématiquement plus adaptables, plus responsables et plus durables que les modèles descendants.
Pourtant, comme l'ont souligné les participants, des obstacles systémiques persistent, allant des cadres rigides des donateurs à des rapports de force profondément ancrés. La session a appelé à un réalignement fondamental : rapprocher non seulement la conception des projets, mais aussi l'autorité décisionnelle, les ressources financières et les structures de responsabilisation des communautés que les efforts de développement sont censés servir.
Réflexions finales
Au cours de ces quatre jours de dialogue, de débats et d'échanges, le Forum politique de la société civile 2025 a une fois de plus été à la hauteur de sa réputation de cœur battant des Réunions de printemps. Le CSPF n'était pas un simple événement annexe, mais une arène dynamique où l'avenir du développement a été interrogé, remis en question et ré-imaginé. À l'ère des crises complexes et en cascade, le rôle de défenseur, d'innovateur et de gardien de la société civile n'a jamais été aussi crucial.
Alors que le rideau tombait sur une nouvelle Réunion de printemps, une vérité s'imposait : si le Groupe de la Banque mondiale, le FMI et la communauté internationale dans son ensemble souhaitent sérieusement bâtir un monde plus inclusif, plus résilient et plus juste, ils doivent non seulement écouter la société civile, mais aussi agir en conséquence.
Réuni à Washington D.C. du 22 au 25 avril, le Forum a une fois de plus démontré pourquoi la société civile demeure la conscience, et le catalyseur des dialogues mondiaux sur le développement.
Au fil d'un programme de sessions chargé, le FPSC a mis en lumière certaines des discussions les plus urgentes qui façonnent le paysage politique actuel, du financement climatique à la sécurité hydrique, en passant par la protection sociale centrée sur les jeunes et les systèmes alimentaires durables. Un fil conducteur clair est ressorti de ces échanges : la nécessité de repenser les modèles existants, de rapprocher le pouvoir des communautés et de passer des paroles aux actes concrets.
Mobiliser le financement privé pour la sécurité hydrique
L'ouverture de la session opportune de WaterAid sur la « Mobilisation du financement privé pour la sécurité hydrique » a permis aux participants de se confronter à une réalité que les experts en financement du développement reconnaissent depuis longtemps, mais qui n'est pas encore totalement résolue. Le déficit de financement pour la sécurité hydrique est vaste et croissant. Face à la raréfaction des financements concessionnels et publics, le secteur privé est appelé à intervenir. Mais comme l'ont souligné les discussions, il n'est pas simple d'ouvrir la vanne.
La discussion a porté sur le délicat équilibre à trouver : accroître l'investissement privé sans compromettre l'accès équitable, les biens publics ou l'intégrité environnementale. Des questions cruciales ont été soulevées concernant les mécanismes de tarification, la structuration de partenariats public-privé équitables et la protection des communautés vulnérables. Les participants ont mis au défi le Groupe de la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales de prendre l'initiative, non seulement en mobilisant des capitaux, mais aussi en établissant des normes privilégiant l'inclusion et la durabilité. Le message était clair : le financement privé doit servir les populations et la planète, et pas seulement les portefeuilles.
Programmes de repas scolaires
De la table aux tables, la session sur les « Programmes de repas scolaires », organisée par une coalition de partenaires, dont le SDG2 Advocacy Hub, World Vision International et la Fondation Rockefeller, a mis en lumière l'un des filets de sécurité les plus solides au monde, mais souvent négligé. Les repas scolaires sont plus que de simples programmes de nutrition ; ce sont des investissements essentiels dans l'éducation, la santé et la résilience économique. S'appuyant sur des études de cas convaincantes, la discussion a mis en lumière la manière dont les gouvernements du monde entier développent et modernisent ces programmes pour répondre aux défis actuels, de la reprise post-pandémique à l'insécurité alimentaire croissante.
Le rôle des banques multilatérales de développement dans l'intensification de ces efforts a été souligné, avec un appel à des investissements plus importants et mieux coordonnés. Les participants sont repartis avec le sentiment renouvelé que les repas scolaires ne sont pas un simple « accessoire », mais une première ligne de défense contre les inégalités systémiques, un rappel puissant que parfois, les outils de développement les plus puissants sont aussi les plus simples.
Catalyser le financement climatique dans les contextes fragiles
Aucun CSPF ne serait complet sans s'attaquer à la crise climatique, et la session du Comité international de secours, « Catalyser le financement climatique dans les contextes fragiles », n'a pas déçu. Grâce à un mélange captivant de discussions éclair et de dialogues ouverts, les acteurs de terrain et les experts du financement climatique ont cartographié l'écart béant entre les zones où le financement climatique est le plus nécessaire, les environnements fragiles et touchés par des conflits, et celles où il est actuellement acheminé.
Les participants n'ont pas mâché leurs mots : les modèles traditionnels sont défaillants. L'aversion au risque des financiers, l'inertie bureaucratique et les hypothèses opérationnelles obsolètes laissent les plus vulnérables de côté. Pourtant, malgré les frustrations, des lueurs d'espoir ont émergé. Des modèles de financement créatifs, des stratégies d'adaptation menées par les communautés et des engagements plus audacieux de la part de certains acteurs commencent à se concrétiser. L'échange interactif de clôture de la session a mis au défi tous les participants d'aller au-delà du statu quo, car en matière de résilience climatique, laisser les communautés fragiles de côté est tout simplement impossible.
Repenser la protection sociale des jeunes
L'une des discussions les plus avant-gardistes du Forum a été celle de la Fondation RAHA et du Bureau de l'Assistant spécial du président du Nigeria, avec leur session intitulée : « La protection sociale pour la prochaine génération ». Dans le contexte d'une économie mondiale en rapide transformation, marquée par la disruption numérique, la montée des inégalités et l'incertitude climatique, la session s'est concentrée sur un groupe démographique crucial et souvent négligé : les jeunes.
Le dialogue, résolument axé sur les solutions, a examiné comment les cadres de protection sociale doivent évoluer pour répondre aux besoins des jeunes. Les discussions ont porté sur des sujets allant du revenu de base universel et des fonds ciblés de développement des compétences aux programmes de résilience climatique adaptés aux jeunes. Les modèles de financement, notamment les financements mixtes et les partenariats public-privé, ont été analysés dans une optique d'évolutivité et de durabilité. Surtout, les participants ont souligné l'urgence de concevoir des filets de sécurité sociale, non pas comme des réflexions a posteriori, mais comme des tremplins pour la sécurité économique, l'inclusion et la capacité d'agir des prochaines générations.
Systèmes alimentaires durables et rôle de l'IFC
L'avenir de l'agriculture et la santé de notre planète étaient au cœur de la session organisée par Compassion in World Farming, Friends of the Earth-US, Bank Information Centre et World Animal Protection. Axée sur le portefeuille agroalimentaire de l'IFC, la session a soulevé des questions fondamentales sur le rôle de l'institution dans la perpétuation ou le démantèlement de systèmes alimentaires non durables.
Les intervenants ont exposé les coûts environnementaux et sociaux de l'élevage industriel, de la déforestation aux émissions de gaz à effet de serre. Ils ont également exploré des alternatives prometteuses, notamment les protéines végétales et cultivées. Le point essentiel : si l'IFC souhaite réellement aligner ses investissements sur les objectifs mondiaux de développement durable, une transition vers des systèmes alimentaires plus régénérateurs et résilients est incontournable. Les participants ont mis l'IFC au défi de prendre des mesures audacieuses, et non des ajustements progressifs, pour tracer une nouvelle voie pour le financement de l'agroalimentaire.
Transférer le pouvoir grâce à la localisation
Enfin, la session « Localisation de l'impact », animée par l'ACDPN et la Fondation Enfant Jeunesse (Haïti), a rappelé de manière cruciale et fondamentale que pour que le développement soit efficace, il doit être mené localement. S'appuyant sur des exemples marquants d'Haïti et du Nigeria, la discussion a démontré de manière convaincante pourquoi la localisation n'est pas seulement la bonne solution, mais un impératif opérationnel. Les approches communautaires se révèlent systématiquement plus adaptables, plus responsables et plus durables que les modèles descendants.
Pourtant, comme l'ont souligné les participants, des obstacles systémiques persistent, allant des cadres rigides des donateurs à des rapports de force profondément ancrés. La session a appelé à un réalignement fondamental : rapprocher non seulement la conception des projets, mais aussi l'autorité décisionnelle, les ressources financières et les structures de responsabilisation des communautés que les efforts de développement sont censés servir.
Réflexions finales
Au cours de ces quatre jours de dialogue, de débats et d'échanges, le Forum politique de la société civile 2025 a une fois de plus été à la hauteur de sa réputation de cœur battant des Réunions de printemps. Le CSPF n'était pas un simple événement annexe, mais une arène dynamique où l'avenir du développement a été interrogé, remis en question et ré-imaginé. À l'ère des crises complexes et en cascade, le rôle de défenseur, d'innovateur et de gardien de la société civile n'a jamais été aussi crucial.
Alors que le rideau tombait sur une nouvelle Réunion de printemps, une vérité s'imposait : si le Groupe de la Banque mondiale, le FMI et la communauté internationale dans son ensemble souhaitent sérieusement bâtir un monde plus inclusif, plus résilient et plus juste, ils doivent non seulement écouter la société civile, mais aussi agir en conséquence.

Tim Wainwright, de Water Aid, a animé les discussions lors de la première journée de réunion. Photo : wateraid.org