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Révocation et arrestation des responsables des douanes de Sarh : Ce que le président ne devrait pas faire


Alwihda Info | Par Azoud Gédéon - 10 Octobre 2018



Lors d’un contrôle effectué aux douanes dans la circonscription du Moyen Chari, le 4 octobre dernier, la mission de l’IGE/FAR/IFG a chargé quatre responsables de ladite circonscription. La mission leur a amputé un détournement (ou malversation) de 168 000 000F CFA. Le 5 octobre, soit moins de 24 heures après, le chef de l’État, lors de son passage, les convoque pour une séance de restitution. Aussitôt, ces quatre responsables sont révoqués et remis à la justice. Qu’en est-il exactement ? Regard.

S’agit-il d’un règlement des comptes contre des personnes indociles ? En tout cas, ce qui s’est passé à Sarh, en ce début d’octobre, ressemble fort à un règlement de comptes ficelé contre les responsables des douanes de cette ville. Hachim Haroun, chef de circonscription des douanes de Sarh ; Ali Morno Djouma, chef de bureau de douanes ; Mahamat Açyl Dagache, chef de bureau de douanes adjoint ; et Zacharia Djerou Limane, chef de brigade de douanes de Sarh ; c’est d’eux dont il s’agit. Il n’en demeure pas moins que le président de la République ait été induit en erreur dans sa décision et dans sa démarche.

Et, de surcroit, cette mission déroge à tout, sauf à une méthode de diabolisation. Les agents des douanes de Sarh sont jusqu’à ce jour dans un ahurissement et une incompréhension du manque cruel de sens de professionnalisme de cette équipe. En tout cas, tout le monde demeure jusqu’aujourd’hui pantois au niveau des douanes de Sarh, car tout laisse à entendre que tout était planifié pour amener coûte que coûte les responsables des douanes en prison.

D’après nos sources locales, l’équipe qui diligentait l’enquête s’était pointée exactement à 16 heures, le 4 octobre, pour une perquisition. Il était demandé aux responsables de présenter toutes les déclarations requises. Ce qu’a fait avec soin Ali Morno Djouma, chef de bureau des douanes. Tenez-vous bien, séance tenante, l’équipe aurait demandé aux responsables douaniers de justifier les écarts de 168 000 000 FCFA « entre les émissions et les réalisations ». Une source concordante informe que la demande de justification des écarts dus aux créances requises et dettes certaines, a été battue en brèche.

En confrontant la fiche d’enquête de l’IGE/FAR/IFG à celle des responsables des douanes de ladite ville, il se dégage clairement un problème délicat. En effet, il y ressort que l’IGE/FAR/IFG n’a pas pris en compte le listing de toutes les trois banques auprès desquelles les douanes y font les versements. Elle n’aurait pris en compte que celui d’ORABANK, alors que ceux d’ECOBAK et SGT ont été occultés. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette attitude de travail superficiel ? Ce qui justifie ces supposés écarts de 168 000 000 F CFA au lieu de 6 911 000 F CFA reporté pour le mois d’octobre 2018 en raison justement de créances requises et des dettes certaines. De toute vraisemblance, il n’aurait eu qu’un écart de 125 000 F CFA, d’après les documents des douanes de Sarh.

Devant cette situation, on est triste de constater qu’aucune vérité ne transparaitra tant qu'une enquête sérieuse n’est envisagée. Une autre hypothèse, c’est le mobile exact de cette mission diligentée juste un jour avant la visite du président de la République. C’est pourquoi même si cette conclusion de la mission de contrôle était vraie, il conviendrait de donner une marque aux responsables incriminés de pouvoir apporter des preuves contraires. Pourquoi le président en question devrait entendre des responsables des douanes dont il n’est pas en réalité chef hiérarchique ? Quand on sait que les rapports sur les recettes douanières sont établis quotidiennement et annuellement à l’instance suprême, c’est-à-dire la direction des douanes centrale et, ensuite, à la direction du ministère. Alors, en cas de détournement, cela veut dire que même la tête des douanes y serait pour quelque chose. Soit !

Loin de mettre de l’ordre dans l’administration publique, le chef de l’État vient, par cet acte, de créer un manque de confiance entre les agents de l’État qui sont exempts de tout reproche, mais qui travaillent désormais avec une crainte d’une épée de Damoclès qui pèse sur eux. Si Idriss Déby n’est pas induit en erreur par ses conseillers, il convient qu’il se tire de cette affaire qui semble être un nouveau paradigme dans notre administration.

Révocation et arrestation des responsables des douanes de Sarh : Ce que le président ne devrait pas faire

Révocation et arrestation des responsables des douanes de Sarh : Ce que le président ne devrait pas faire

Révocation et arrestation des responsables des douanes de Sarh : Ce que le président ne devrait pas faire




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