Des éléments de l’opération Barkhane lors d’une mission à Faya Largeau, au Nord du Tchad. Ali Moussa/Alwihda Info
Lors de l’officialisation de la fin de l’opération Barkhane, le président Emmanuel Macron a confirmé que la France maintiendrait un contingent de plusieurs milliers de soldats au Sahel.
Pour l’association Survie, qui milite contre la Françafrique, cette énième annonce sur la fin de Barkhane révèle surtout une volonté d’escamoter le bilan de dix années d’intervention militaire massive au Sahel, et de se passer désormais de tout débat parlementaire sur le sujet. « Le partenariat nouveau que nous voudrions définir et mettre en place avec vous, doit reposer sur une parfaite connaissance des besoins et des problèmes de chacun ».
Ces mots ne datent pas d’aujourd’hui : ils ont été prononcés par Lionel Jospin il y a 25 ans à Dakar, au moment d’officialiser la création du dispositif de renforcement des capacités des armées africaines (RECAMP). Aujourd’hui, en expliquant que « notre partenariat n’a de sens que s’il est véritable et qu’il répond à des besoins explicites des armées africaines », le président Emmanuel Macron réinvente l’eau tiède.
Mais cela ne suffira pas à faire cesser l’ébullition populaire au Sahel, où la présence militaire française est de plus en plus décriée. En officialisant la fin de l’opération extérieure Barkhane, qui a pris la suite en 2014 des opérations Serval (2012) au Mali et Épervier (1986) au Tchad, en s’étendant également sur le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger, l’Élysée procède à un enterrement en catimini sans que son bilan soit mis en discussion.
Un tel débat public risquerait de révéler que cette opération militaire au Sahel, qui prétendait rompre avec la tradition interventionniste de la France en se parant des atours de la « lutte contre le terrorisme », a contribué à aggraver la situation sur place. Les « victoires tactiques » dont se targue l’état-major n’ont en effet en rien empêché les groupes armés de prospérer, aidés par les bavures et exécutions arbitraires (« neutralisations ») de l’armée française et les humiliations dont elle s’est régulièrement rendue coupable en opération.
L’instrumentalisation de certains groupes armés enrôlés aux côtés de Barkhane dans la « guerre contre le terrorisme » a même contribué à ethniciser le conflit et à le rendre plus meurtrier. La diplomatie française s’étant toujours opposée à l’ouverture de négociations avec certains groupes armés, contribuant à enkyster la situation, l’occupation militaire française a alimenté une hostilité populaire légitime à l’égard de Paris. Neuf ans après la liesse populaire pro-française à Bamako, fondée sur un mensonge, il est triste, mais nullement étonnant, que ce ressentiment ouvre un boulevard aux impérialismes concurrents et en particulier aux bouchers du groupe mercenaire Wagner.
C’est bien ce bilan global, incluant la marginalisation d’autres voies maliennes que le tout-militaire (qui profite aujourd’hui à la Russie), qu’une démocratie saine devrait être capable de discuter.
Par les décisions annoncées aujourd’hui, l’exécutif n’empêche pas seulement ce bilan : il prive le Parlement français de ses maigres prérogatives en matière de contrôle de la politique de défense, puisqu’il ne sera plus possible à l’Assemblée nationale et au Sénat de débattre et de voter au sujet de la prolongation de la présence militaire française au Sahel, comme le prévoit depuis 2008 l’article 35 de la Constitution.
Pour l’association Survie, qui milite contre la Françafrique, cette énième annonce sur la fin de Barkhane révèle surtout une volonté d’escamoter le bilan de dix années d’intervention militaire massive au Sahel, et de se passer désormais de tout débat parlementaire sur le sujet. « Le partenariat nouveau que nous voudrions définir et mettre en place avec vous, doit reposer sur une parfaite connaissance des besoins et des problèmes de chacun ».
Ces mots ne datent pas d’aujourd’hui : ils ont été prononcés par Lionel Jospin il y a 25 ans à Dakar, au moment d’officialiser la création du dispositif de renforcement des capacités des armées africaines (RECAMP). Aujourd’hui, en expliquant que « notre partenariat n’a de sens que s’il est véritable et qu’il répond à des besoins explicites des armées africaines », le président Emmanuel Macron réinvente l’eau tiède.
Mais cela ne suffira pas à faire cesser l’ébullition populaire au Sahel, où la présence militaire française est de plus en plus décriée. En officialisant la fin de l’opération extérieure Barkhane, qui a pris la suite en 2014 des opérations Serval (2012) au Mali et Épervier (1986) au Tchad, en s’étendant également sur le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger, l’Élysée procède à un enterrement en catimini sans que son bilan soit mis en discussion.
Un tel débat public risquerait de révéler que cette opération militaire au Sahel, qui prétendait rompre avec la tradition interventionniste de la France en se parant des atours de la « lutte contre le terrorisme », a contribué à aggraver la situation sur place. Les « victoires tactiques » dont se targue l’état-major n’ont en effet en rien empêché les groupes armés de prospérer, aidés par les bavures et exécutions arbitraires (« neutralisations ») de l’armée française et les humiliations dont elle s’est régulièrement rendue coupable en opération.
L’instrumentalisation de certains groupes armés enrôlés aux côtés de Barkhane dans la « guerre contre le terrorisme » a même contribué à ethniciser le conflit et à le rendre plus meurtrier. La diplomatie française s’étant toujours opposée à l’ouverture de négociations avec certains groupes armés, contribuant à enkyster la situation, l’occupation militaire française a alimenté une hostilité populaire légitime à l’égard de Paris. Neuf ans après la liesse populaire pro-française à Bamako, fondée sur un mensonge, il est triste, mais nullement étonnant, que ce ressentiment ouvre un boulevard aux impérialismes concurrents et en particulier aux bouchers du groupe mercenaire Wagner.
C’est bien ce bilan global, incluant la marginalisation d’autres voies maliennes que le tout-militaire (qui profite aujourd’hui à la Russie), qu’une démocratie saine devrait être capable de discuter.
Par les décisions annoncées aujourd’hui, l’exécutif n’empêche pas seulement ce bilan : il prive le Parlement français de ses maigres prérogatives en matière de contrôle de la politique de défense, puisqu’il ne sera plus possible à l’Assemblée nationale et au Sénat de débattre et de voter au sujet de la prolongation de la présence militaire française au Sahel, comme le prévoit depuis 2008 l’article 35 de la Constitution.