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ANALYSE

Tchad : 32 ans de gouvernance, qu'en est-il des revenus pétroliers ?


Alwihda Info | Par Martin Higdé Ndouba - 1 Décembre 2022


La commémoration de la journée de la liberté et de la démocratie, ce 1er décembre, ne devrait pas être festive, mais plutôt une démonstration des réalisations de la manne pétrolière.


En effet, l'avènement du MPS au pouvoir a été perçue par la majorité des Tchadiens comme un ouf de soulagement, après la dictature du président Hissein Habré Un secret connu de tous : en 2003, le Tchad entre dans le cercle des pays producteurs de pétrole. L'or noir est découvert au sud du Tchad.

À l'occasion de cette journée du 1er décembre, l'on s'interroge encore sur la gestion des revenus pétroliers. Visiblement, la capitale N’Djamena a connu quelques investissements financiers, notamment avec des structures sanitaires et éducatives, grâce aux revenus pétroliers. Malheureusement, la ville de Doba, source de cette richesse, n'a bénéficié que des regrets, au regard de la mauvaise gestion des 5% des revenus pétroliers de ladite localité.

Très vite, cette exploitation a généré plus de malédictions que de bénédictions. Tout d'abord, le taux de chômage des jeunes diplômés est de 7,3%, selon les données de l'Institut national de la statistique, des études économiques et démagogiques (INSEED). Quant à la cherté de la vie, N'Djamena occupé la 15ème place au monde, selon le rapport du cabinet américain Mercer. Pourtant, les revenus pétroliers doivent être une ouverture au développement industriel, créant des activités à la jeunesse. D'ailleurs, en matière d'industrialisation, un récent rapport de la BAD relève que le Tchad n'a pas fait d'efforts dans la dernière décennie.

La manne pétrolière aurait dû assurer le développement du secteur agricole pour répondre aux besoins alimentaires. Car le Tchad est le 5ème pays d'Afrique le plus vaste avec une superficie de 1 284 000 kilomètres carrés et 39 millions de terres arables. Malheureusement, ce n'est pas le cas, beaucoup des ménages manquent de nourriture.

Sans évoquer le secteur de l'élevage pour lequel le Tchad occupe une place de choix au sein des autres pays d'Afrique centrale, avec 137 664 217 têtes de bétails, selon le récent recensement. Et même si les revenus pétroliers peuvent varier d'une année à autre. L'on se souvient de la crise économique et financière de 2016, liée à la baisse des barils du prix de pétrole, que le défunt patron du MPS a baptisé : « la période des vaches maigres ».

Ce sont les pauvres fonctionnaires et étudiants qui en ont payé le prix, à travers l'instauration des 16 mesures (suppression de la bourse des étudiants, des primes des enseignants et autres). Ce qui témoigne d'une mauvaise gestion. Sinon, que fait-on exactement de ces revenus pétroliers du moment où le peuple tchadien crie famine ? En réalité, la manne pétrolière a servi à enrichir les membres du parti, et à l'achat des armes pour se maintenir au pouvoir.

Pour preuve, en 2008 le père fondateur du parti MPS a dépensé plus de 340 milliards de FCFA. En 2010, le budget du ministère de la Défense est passé à 108 milliards de FCFA, dépassant celui du ministère de l'Education qui a 79 milliards et celui de la Santé, avec 57 milliards, selon une revue d'analyse internationale. Dès lors, comment peut-on développer un pays sans investir dans l'éducation et la santé ? Tout porte à croire que la liberté et la démocratie du MPS sont entachées.

Car beaucoup de Tchadiens ont payé au prix du sang, de l'exil et de la prison. La disparition de l'un des opposants, Ibni Oumar en 2008 et bien d'autres cas, témoignent des dérives de cette démocratie. Même si le MPS n'a jamais perdu les élections depuis 1996 jusqu'à ce jour, cette démocratie est devenue une dynastie.

Le peuple tchadien attend toujours la liberté et la démocratie promises par le défunt père fondateur du parti, le Maréchal du Tchad ? Idriss Déby Itno. « Je ne vous apporte ni l'or, ni argent, mais la liberté », avait-il déclaré, quelques jours après sa prise de pouvoir. Il faut reconnaître que la manne pétrolière est mal gérée par le parti au pouvoir, même si le MPS ne le reconnaît pas.

Sinon, comment peut-on comprendre qu'un pays pétrolier ne produise, ni sucre ni savon, à l'heure de l’industrialisation ? Aujourd'hui, le Tchad occupe une bonne place parmi les pays les plus pauvres au monde. Un pays pétrolier sans route ni électricité, sans évoquer la question de l'insécurité. Le Tchad n'est-il pas un pays pétrolier imaginaire ?

Toutefois, si le MPS veut encore s'accrocher au pouvoir, il faut revoir cette gestion. Sinon, c'est une honte qu'un pays pétrolier reste dépendant des autres.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)