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Tchad : Bâtir l’avenir sur la poussière ? Quand les élèves étudient à même le sol


Alwihda Info | Par Barra Lutter - 28 Novembre 2025


Dans un pays qui fait de la jeunesse sa “priorité stratégique”, le contraste avec la réalité des écoles primaires est un véritable paradoxe. Au Tchad, des milliers d’élèves apprennent encore dans des salles s’apparentant davantage à des abris rudimentaires qu’à des établissements scolaires. Une situation chronique, devenue presque banale, mais qui hypothèque gravement l’avenir.


Tchad : Bâtir l’avenir sur la poussière ? Quand les élèves étudient à même le sol


 

Dans plusieurs provinces, les écoles publiques offrent un décor inquiétant : murs fissurés, toitures prêtes à s’effondrer, classes sans tables-bancs où les enfants s’assoient à même le sol. Certains arrivent chaque matin avec des briques, des nattes ou des planches, qu’ils transforment en mobilier improvisé. Le geste, répété d’année en année, illustre la débrouille qui accompagne désormais l’apprentissage de milliers d’écoliers.y

 

À l’heure où d’autres pays initient leurs élèves du primaire aux outils numériques, au Tchad, l’enjeu se limite, parfois, à disposer d’un toit, d’une craie et d’un tableau lisible.

 

 

Les annonces officielles sur la « Refondation de l’école tchadienne » se succèdent. Modernisation, rattrapage, équité : le vocabulaire de l’ambition est bien présent. Mais sur le terrain, les directeurs d’école continuent de gérer la pénurie. Pénurie de matériel, manque de salles fonctionnelles, absence de latrines, déficit d’enseignants formés.

 

Difficile, dès lors, de célébrer une réforme quand certains établissements donnent l’image d’une « maison de veuve », selon un adage populaire.

 

 

L’éducation est le socle de tout développement. Mais comment espérer construire une génération capable de s’insérer dans une économie moderne quand l’environnement scolaire compromet l’essentiel : la concentration, la motivation et même la sécurité physique ?

 

Étudier dans la poussière, sans cahiers en quantité suffisante, dans une chaleur étouffante, c’est apprendre en mode survie. Et un apprentissage en survie ne produit ni compétences solides, ni citoyens outillés pour relever les défis nationaux.

 
 

Si la situation perdure, c’est avant tout parce que l’éducation n’a jamais constitué une priorité des régimes successifs. Les budgets sont restés en deçà des besoins, les infrastructures vieillissantes n’ont pas été remplacées, et les plans stratégiques ont souvent souffert d’un manque de suivi.

 

Aujourd’hui encore, les écoles rurales sont les premières victimes de cette négligence. Pourtant, c’est là que se joue la réussite de la majorité de la jeunesse tchadienne.

 
 

Parler de « Refondation » ne suffit pas. Il faut reconstruire, équiper, former, et surtout investir durablement dans l’école primaire — premier maillon d’un parcours éducatif déjà fragile.

 

Car aucun pays n’a jamais émergé en laissant ses enfants apprendre dans la poussière et la débrouille. Le futur du Tchad commence là : dans une salle de classe digne, avec un élève assis devant un bureau, un cahier ouvert, un enseignant équipé, et un État conscient de sa responsabilité.




Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)