L'exclusion foncière : une violence économique et sociale
Dans de nombreuses communautés rurales, la coutume réserve l’héritage foncier aux lignées masculines. Ce schéma traditionnel engendre une vulnérabilité extrême pour les femmes.
Le scénario est fréquent : une veuve peut être expulsée sans ménagement de son champ par les frères ou les cousins de son défunt mari. Se retrouvant du jour au lendemain sans ressources, elle ne peut plus subvenir aux besoins de ses enfants. Cette exclusion constitue une forme insidieuse de violence économique et sociale.
Les filles subissent quant à elles une double discrimination. Souvent privées d’éducation, elles n’ont que rarement la possibilité de posséder ou d’hériter de terres. Un mariage précoce les rend dépendantes de leurs époux et, en cas de divorce ou de veuvage, elles se retrouvent facilement dépouillées de tout moyen de subsistance.
Comme le témoigne une veuve de Mongo, chassée du champ qu’elle cultivait depuis plus de dix ans sous le prétexte qu’« une femme ne peut pas être propriétaire », la seule option est souvent de survivre en vendant du bois de chauffe.
Briser le cycle de la pauvreté par l'équité foncière
Cette privation de terres maintient les femmes dans un cycle de pauvreté et pérennise leur dépendance économique. Or, les données économiques et sociales sont formelles : lorsque les femmes ont un accès sécurisé à la terre, elles produisent davantage et réinvestissent prioritairement dans la santé et l’éducation de leurs enfants. En d’autres termes, garantir aux femmes le droit à la terre, c’est assurer la prospérité de toute une communauté.
Si l’ampleur du problème est considérable, des initiatives locales existent. Certaines associations mènent des actions de sensibilisation auprès des chefs coutumiers pour faire reconnaître les droits fonciers des femmes. Parallèlement, des projets agricoles attribuent des parcelles aux groupements féminins.
Toutefois, ces efforts restent limités. Reconnaître et protéger le droit des femmes et des filles à la terre n’est pas seulement une question de justice sociale : c’est une condition essentielle pour briser le cycle de la pauvreté et construire un avenir plus équitable et durable au Tchad.