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Tchad : le CEDPE appelle à plus d'engagement sur le cas des désengagés de Boko Haram


Alwihda Info | Par Anass Ali Moussa - 30 Octobre 2021


N'Djamena - Le Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE), en partenariat avec l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), a organisé ce 30 octobre une conférence-débat dans la salle multimédia du centre Al-Mouna, sur le thème : « la déradicalisation des extrémistes, quelles stratégies ? Le cas de Boko Haram ».


Tchad : le CEDPE appelle à plus d'engagement sur le cas des désengagés de Boko Haram. © Malick Mahamat/Alwihda Info
Tchad : le CEDPE appelle à plus d'engagement sur le cas des désengagés de Boko Haram. © Malick Mahamat/Alwihda Info
La conférence a été animée par un panel composé de : Ibrahim Moussa Youssouf, enseignant-chercheur à l’Université de N’Djamena, Mamadjibeye Nako, consultante juridique et fiscal, Mahamat Kebir Abdoulaye, économiste et politologue, et Agassiz Baroum, sociologue, tous chercheurs et collaborateurs du CEDPE.

Avant de donner la parole aux conférenciers, le modérateur de cette assise Dr. Ahmat Yacoub Dabio, sociologue et chercheur, par ailleurs président du CEDPE, a expliqué que la conférence a pour but d’échanger sur la problématique de la réinsertion socioprofessionnelle des désengagés de Boko Haram du Lac Tchad.

Il ressort d'une enquête de 30 jours menée par le Centre dans neuf sites de désengagés en 2019, que plus de 2554 désengagés de Boko Haram dont 54% de femmes ont été enregistrés.

À tour de rôle, les panelistes se sont relayés : Nako Mamadjibeye situe le contexte dans lequel certaines femmes intègrent Boko Haram. Les raisons sont entre autres : la peur, les fausses promesses de confort social, le désir d'avoir une vie meilleure, être arrachées de force, etc. Il arrive que les éléments de la secte encerclent un village, égorgent deux à trois personnes pour effrayer les restes, et demandent aux survivants d'intégrer le groupe, explique Dr. Ahmat Yacoub Dabio.

Tchad : le CEDPE appelle à plus d'engagement sur le cas des désengagés de Boko Haram. © Malick Mahamat/Alwihda Info
Tchad : le CEDPE appelle à plus d'engagement sur le cas des désengagés de Boko Haram. © Malick Mahamat/Alwihda Info
Pour leur insertion socioprofessionnelle, Nako Mamadjibeye exhorte l’État et ses partenaires à s’investir davantage dans l’éducation et la formation des désengagés pour qu’ils deviennent des acteurs de la lutte contre Boko Haram dans la région du Lac Tchad. Dans cette même optique, Mahamat Kebir Abdoulaye souligne que la pauvreté et la mal gouvernance sont des facteurs clés de la radicalisation.

Dans son allocution, Ibrahim Moussa Youssouf, a axé son intervention sur l’amélioration des conditions qui poussent les habitants de la zone à intégrer la secte. Ibrahim exhorte les leaders religieux à orienter les jeunes et leur expliquer les écrits du Saint Coran, de telle sorte qu'ils puissent distinguer le bien du mal et se prémunir de Boko Haram qui utilise leur faible compréhension pour les tromper au nom de la religion.

​Le chercheur Agassiz Baroum qui fait partie de l’équipe des chercheurs qui ont effectué l’enquête sur les désengagés en 2019 au Lac, relève que les membres de Boko Haram ne sont pas des croyants, même s'ils jurent sur le Coran. Il détaille les conditions de leur intégration et leur pacte d'allégeance en promettant de ne pas délaisser le groupe.

"Le CEDPE a appuyé la CELIAF dans l'insertion de plus de 240 désengagés malgré la défaillance de l’État et aux d'autres États frontaliers de cette zone quant à la réinsertion socioprofessionnelle, l'éducation, la sécurité, etc", affirme Dr. Ahmat Yacoub Dabio. L’État et ses partenaires doivent faciliter la réinsertion de ces désengagés qui sont rejetés par la société, préconise-t-il.

Le débat a été riche et houleux entre les panelistes et l’assistance sur la problématique de la réinsertion sociale des désengagés de Boko Haram.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)