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Tchad : les nouveaux fonctionnaires travaillent sans salaire depuis plusieurs mois


Alwihda Info | Par Abarkar Adoum Ngaye - 23 Février 2023


Excédés, les jeunes fonctionnaires réclament non seulement leur salaire pour les mois en cours, mais également l'intégralité de leurs arriérés.


Tchad : les nouveaux fonctionnaires travaillent sans salaire depuis plusieurs mois
Le gouvernement de Transition du Tchad a recruté près de 5000 jeunes à la fonction publique en 2022, dans le cadre de sa lutte contre le chômage et l'emploi des jeunes. Cependant, la majorité de ces nouveaux fonctionnaires travaillent sans salaire depuis plusieurs mois, une situation intenable pour ces derniers.

Plusieurs arrêtés d'intégration ont été publiés en avril, août et décembre 2022, mais aucun des jeunes fonctionnaires n'a reçu de salaire de la part de l'Etat à ce jour.

Les enseignants nouvellement intégrés sont particulièrement touchés par cette situation, comme le témoigne H.M., intégré depuis le 19 août 2022 et affecté à la délégation provinciale de l'éducation nationale de l'Ennedi-Est : « Je suis arrivé ici le 25 octobre et j'y suis resté presque 4 mois sans avoir reçu aucun salaire. Je suis obligé d'appeler mes parents depuis N'Djamena pour subvenir à mes besoins les plus fondamentaux, tels que la nourriture, l'eau et les savons pour laver mes vêtements ».

Il ajoute qu'il préfère être au chômage à N'Djamena, près de sa famille, plutôt que de « partir à des milliers de kilomètres et travailler comme un esclave pendant 4 à 5 heures par jour sans aucune rémunération ».

Quant à M. A. I, également nouvellement intégré à la fonction d'enseignant en 2022, et affecté à la délégation provinciale de l'Education nationale de Hajer-lamis, il décrit son quotidien difficile en tant que jeune intégré : « ma situation est très dure et je me bats pour joindre les deux bouts dans mon lieu d'affectation. Je suis obligé de dépendre d'un parent, alors que je suis censé louer ma propre maison pour mieux exercer ma mission d'enseignement ».

Même si la plupart de ces jeunes fonctionnaires continuent d'assurer la continuité du service public sans rémunération, certains ont décidé de s'organiser en collectif pour dénoncer le comportement de l'Etat et réclamer leur salaire, ainsi que les arriérés de salaire. Après plus de cinq mois de service, ils sont confrontés à une situation de précarité absolue et souffrent énormément sur leur lieu de travail.

Récemment, un membre du collectif des diplômés sans emploi a expliqué au micro d'une radio de la capitale que, de manière unanime, ils ont décidé de laisser un préavis afin d'être pris en compte par l'Etat, faute de quoi ils envisagent de faire grève et de déposer les craies. Les jeunes fonctionnaires, excédés, réclament non seulement leur salaire pour les mois en cours, mais également l'intégralité de leurs arriérés.

« L'enseignement nécessite certains supports et paramètres, on ne peut pas se tenir devant les enfants pendant près de 5 heures sans minimum de soutien. Nous avons constaté que rien ne bouge, du ministère de la Fonction publique, aux Finances. C'est pourquoi nous avons lancé un préavis de grève d'une semaine pour que le gouvernement nous explique ce qui ne fonctionne pas », explique Nathalie, une jeune enseignante affectée à Koundoul.

« Nous avons déjà attendu près de 5 mois depuis notre prise de service et 7 mois depuis notre intégration sans rien percevoir. Apparemment, même les dossiers des nouvelles recrues pour ce mois ne sont pas envoyés à la solde pour le déclenchement des salaires, et même s'ils le sont la semaine prochaine, ils ne seront pas traités pour le mois de février, d'après les informations que nous avons recueillies », ajoute un autre jeune enseignant nouvellement intégré.

Le 23 décembre 2022, Alwihda Info s'est rapproché du ministère de la Fonction publique pour obtenir des éclaircissements sur la situation des nouveaux fonctionnaires qui ne reçoivent pas de salaire. Toutefois, le ministère s'est montré peu loquace sur cette question épineuse.

Cette situation précaire met en évidence la nécessité de prendre des mesures pour résoudre cette situation intenable. Les jeunes diplômés sans emploi qui ont été intégrés à la fonction publique méritent d'être traités avec dignité et respect, et il est du devoir de l'Etat de veiller à ce qu'ils soient payés pour le travail qu'ils effectuent. Les enseignants nouvellement intégrés, qui ont des responsabilités envers les enfants, ont particulièrement besoin de soutien pour exercer leur mission correctement.

Il faut espérer que le gouvernement trouvera rapidement une solution à cette situation et accordera aux nouveaux fonctionnaires le respect qu'ils méritent.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)