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TCHAD

Tchad: manque d'équité de jadis à aujourd'hui


Alwihda Info | Par - ҖЭBIЯ - - 22 Mai 2008


Les problèmes du Tchad trouvent leurs racines dans la frustration. En d’autres termes, les administrations qui se sont succédées ont toutes été anarchiques. Prenons par exemple Mangalmé. Il est établi que tout ce dont les parents de Mangalmé auraient aimé c’est de payer l’impôt une fois par an. Les administrateurs formés sur le tas au moment de l’indépendance et qui n’avaient aucune éthique, ont bafoué les droits des populations en abusant de leurs pouvoirs en exigeant le versement multiple de la taxe civique et autres impôts de capitation.


Tchad: manque d'équité de jadis à aujourd'hui

Par Dr Djimé Adoum

Les revendications de Mangalmé n’étaient pas banales. C’était plutôt les administrateurs qui ont failli à leurs responsabilités. Voyons ensemble le reste !

Il est vrai que le pays des Sao va très mal. La guerre qui aurait été attribuée et commencée à cause d’une question de multiples perceptions d’impôts sensée être « banale » n’est pas encore finie. Elle est loin de finir à moins que les tchadiens de tous horizons adoptent une nouvelle stratégie, celle de finir avec les sales habitudes qui tendent souvent à frustrer les autres.

Nous convenons avec le parent Joe Al Kongarena sur sa remarque selon laquelle, et tout compte fait, la guerre n’a pas aidé à grand-chose. Elle a plutôt endeuillé beaucoup de familles.

Voyons ensemble pourquoi le Tchad ne semble pas trouver son équilibre depuis les événements malheureux de Mangalmé, si effectivement ceux-là sont bel et bien à l’origine de la malédiction ?

Sans pour autant indexer et taxer qui que ce soit, les problèmes du Tchad trouvent leurs racines dans la frustration. En d’autres termes, les administrations qui se sont succédées ont toutes été anarchiques. Prenons par exemple Mangalmé. Il est établi que tout ce dont les parents de Mangalmé auraient aimé c’est de payer l’impôt une fois par an. Les administrateurs formés sur le tas au moment de l’indépendance et qui n’avaient aucune éthique, ont bafoué les droits des populations en abusant de leurs pouvoirs en exigeant le versement multiple de la taxe civique et autres impôts de capitation. Ce furent ces abus qui conduisirent les parents de Mangalmé à la révolte, donnant ainsi une justification à la rébellion armée du Frolinat.

Un peu plus tard et particulièrement à partir des années 70, feu Ngarta installa la fameuse compagnie tchadienne de sécurité (CTS) une structure qui dépendait exclusivement de la présidence mais qui échappait à toutes les structures et hiérarchies militaires du pays. Cela frustrait énormément la police nationale, la gendarmerie, la garde nomade et l’armée régulière. A l’exception donc de la CTS, toutes les autres structures militaires de la république ont été frustrées. Ngarta commença à s’en prendre aux militaires et incarcéra le Général Malloum et compagnie, etc. Le Commandant Kamougué, avec la bénédiction de la France, put renverser le régime et Ngarta Tombalbaye (paix à son âme) trouva la mort lors de ce putsch. La misère ne fait que continuer.

Les auteurs du coup d’état s’installent au pouvoir. Ils créent le Conseil supérieur militaire (CSM) qui motorise les jeunes filles afin de leur fournir des renseignements sur tout ce qui se disait, bon ou mauvais dans les quartiers. Le CSM se comportait comme une junte qui n’avait que quelques jours à gouverner. Il fallait donc s’amuser. Les militaires se sont bien servi et ont plus ou moins dit aux autres «les bandes d’anarchistes » de déposer les armes. Ceux-là qui se battaient encore ne voyaient pas clair puisque tous les postes clés ont été occupés par les militaires. Ceux-là sont frustrés et ont considéré la position du CSM comme manquant de sérieux, surtout par rapport au partage du gâteau. Seul Hissein Habré a su jouer sa carte. La cohabitation n’a pas duré et nous connaissons la misère et la catastrophe des années 1980.

La guerre éclate et le pays est divisé. Selon toute vraisemblance, ni les méridionaux ni les septentrionaux n’ont bénéficié d’une bonne gouvernance des deux camps qui les ont assujettis. Le commun des mortels reste frustré. Hissein Habré revient et s’installe. Durant son règne, le Tchad fut cité en exemple pour l’efficacité de son administration publique. Cependant, l’image du pays souffrait à cause des violations flagrantes des droits de l’homme.

Le colonel Idriss Deby renverse le Président Habré, promet ni or ni argent mais la démocratie. Rien n’a marché. Le pays est gouverné par le trafic d’influences. Le pays descendit progressivement dans les abîmes. Le citoyen lambda se frustra davantage. La Constitution est modifiée et le président Deby se maintient au pouvoir contre vents et marées. L’alternance tant promise par l’occupant du palais rose ne prend pas racine et voilà c’est parti encore pour un éternel recommencement.

Au moment ou nous mettons sous presse, le pays des Sao va très mal, extrêmement mal. Les tchadiens sont désabusés. C’est de cela que nous parle le récit de Joe appuyé par les images lugubres et brandissant les armes. Cela est vrai et çà n’honore pas du tout. Ca aplatit.

Le pays est pris en otage et la plus grande majorité continue d’être toujours frustrée. Une raison de plus de ne plus prêter le flanc aux intérêts égoïstes et malsains. Il vaut plutôt la peine de trouver un cadre plus élargi permettant aux tchadiens de se retrouver et de finir avec les sales et très mauvaises habitudes qui classent le Tchad parmi les pays les plus corrompus de la planète et le plus pauvre.

Essayons de conjuguer nos efforts pour éviter que le pays sombre et reste sous l’influence des chefs de guerre qui seront encore accompagnés par 13 premiers ministres et plus de 700 ministres. Evitons les frustrations. Nous avons suffisamment acquis de l’expérience, même si celle-là semble très pénible et s’avère être parmi les plus calamiteuses de la planète.

Cette immense maladresse avec ses corollaires d’atomisation et de déchirures du tissu socio-politico-économique du pays ne nous servira jamais. C’est une confusion entretenue pour des fins mafieuses et mercantiles. Plus nous prenons le temps de convenir sur un minimum plus nous donnons le temps aux autres de s’installer et naviguer à perte de vue. C’est un grand défi et nous devons le relever. Les revendications de Mangalmé n’étaient pas banales, ce sont les administrateurs qui ont failli à leurs responsabilités.

Le 21e siècle et le monde entier nous interpellent. Les expériences de Mangalmé, de la CTS, du CSM, des 11 tendances politico-militaires, du régime Habré et des années de Deby sont suffisantes pour éviter qu’une fois l’alternance obtenue, nous retombions dans les mêmes travers.



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