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ANALYSE

Tchad : unité fragile et hypocrite


Alwihda Info | Par Steve Djénonkar - 25 Mai 2021


Jamais les contestations n'ont été aussi vives que celles qui sont consécutives au putsch de Mahamat Idriss Déby. Des appels au calme et à l'unité fusent de toutes parts. Malheureusement, et comble de paradoxe, les lanceurs d'appel ne créent pas de conditions propices à cette unité et accentuent même la division des Tchadiens.


"Mieux vaut mourir que d'être humilié", tranchent les Ngambaye. Heureusement, "le ridicule ne tue pas au Tchad". Le monde entier a assisté à la fusillade des manifestants le 27 avril parce que la manifestation de Wakit Tamma était "formellement" interdite. Paradoxalement, en début du mois de mai, d'autres manifestations ont été "formellement" autorisées pour soutien au très contesté Conseil Militaire de Transition. Cette manifestation autorisée est celle de quelques associations opportunistes de la société civile. Complaisance, préservation des intérêts illégaux, guident les lanceurs de ces mouvements. "Si j'avais pris connaissance du contenu de ce discours, il ne serait pas prononcé", nous a confié un jour un membre d'une organisation de la société civile, à l'issue d'une allocution de soutien au CMT.

L'initiateur dudit discours est en effet conseiller à la présidence. Déby mort, sa survie et celle d'autres leaders de sa trempe, sont dangereusement menacées. Il faut alors "monnayer" les marches encadrées toute honte bue par la police. Pire, ces manifestations sont quelquefois orientées contre des leaders. Les Tchadiens gardent le honteux souvenir des femmes illettrées ayant débarqué au QG des Transformateurs pour haïr le leader Masra Succès. Des voix se sont vivement élevées pour dénoncer cette manipulation qui "rappelle les tristes événements de 1979".

Injustice aussi pire
S'il est un facteur aussi puissant de la désunion actuelle des Tchadiens, c'est l'injustice, l'inégalité pendant cette transition. La société tchadienne s'apparente à une société médiévale « stratificatiée ». Les Tchadiens "d'en bas" sont laissés sur le carreau ou tout au plus, se consolent avec des emplois subalternes. Les Tchadiens "d'en haut" quant à eux vivent dans un luxe injurieux. A cet effet, Déby fils surprend plus que son père, avec les nominations frustrant terriblement. Les seules nominations aux postes de conseillers à la présidence et à la DGSSIE renforcent les inégalités déjà abyssales. L'incompréhension est totale lorsque les conseillers qui ont conduit le père a des bourdes figurent sur le décret. Le néophyte « Kaka » ne doit pas s'en vouloir lorsque que les courtisans de son défunt père l'auront manipulé, à moins qu'il les ait appelés expressément pour fabriquer des stratégies de perpétuation de la tyrannie.

Rectifier le tir
Mieux vaut tard que jamais. Pahimi et son gouvernement doivent travailler à déblayer le chemin des futures assises nationales. Pour une transition consensuelle et apaisée, il est impérieux d'écouter les contestataires ou les laisser exprimer leur colère. Une meurtrissure exprimée est à moitié guérie. De nouveaux décrets peuvent abroger de décrets blessants. Les manipulations et achats de conscience d'une minorité ne soignent pas le mal d'ailleurs trop profond. Il faut en prendre garde!



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