Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
ACTUALITES

Centrafrique: Le HCR n'hésite pas à comparer à Srebrenica. En juillet 1995, 8000 hommes musulmans y avaient été massacrés


Alwihda Info | Par THOMAS VAMPOUILLE, À BANGUI - 3 Mars 2014


Centrafrique: Le HCR n'hésite pas à comparer à Srebrenica. En juillet 1995, 8000 hommes musulmans y avaient été massacrés. La capitale centrafricaine est déchirée depuis un an par un conflit qui a pris un tour inter-religieux. Aujourd'hui, le sort des musulmans restés en ville suscite une inquiétude particulière. Metronews est allé à leur rencontre.


"Des bandits terrorisent encore les populations, notamment musulmanes." Dès le lendemain du passage de François Hollande en Centrafrique, ses propos ont à nouveau été dramatiquement illustrés. Samedi matin, dans un quartier d'habitude plutôt calme de Bangui, un taxi s'arrête. A son bord, quatre musulmans viennent de se faire mitrailler dans le nord de la capitale. Le chauffeur, épargné parce que chrétien, court chercher les gendarmes. Mais pour ses passagers, il est déjà trop tard : aucun ne survivra. Les quatre hommes ont-ils été identifiés comme d'ex-membres de la séléka (rébellion musulmane) ? Ou étaient-ils simplement musulmans ? Difficiles à dire mais les tireurs, de toute façon, ne font pas la différence : leur désir de vengeance a l'amalgame facile.
 
Depuis que les anti-balaka (chrétiens) ont repris la main, en décembre, sur la ville restée dix mois sous la coupe de la Séléka, les quelques milliers de musulmans qui n'ont pas fui vivent dans la peur. Regroupés dans quatre enclaves, ils sont encerclés par leurs ennemis. Une situation de tension extrême, que Philippe Leclerc, en charge pour le Haut commissariat aux réfugiés de la protection des civils en Centrafrique, n'hésite pas à comparer à Srebrenica. En juillet 1995, 8000 hommes musulmans y avaient été massacrés par les troupes des Serbes de Bosnie. "Un nettoyage ethnico-religieux est en cours, ciblant les musulmans. Les gens sont pris au piège en essayant de sauver leur vie", a martelé vendredi Philippe Leclerc devant la presse, reprenant des mots déjà utilisé par plusieurs ONG.
 
Vingt chefs de famille assassinés
 
Pour le moment, les troupes des forces africaines (Misca) et françaises (Sangaris) sécurisent tant bien que mal les sites sensibles. Sans pouvoir éviter les règlements de compte qui ensanglantent régulièrement la ville. Les musulmans tentent donc de fuir, par tous les moyens, prenant tous les risques. Le 13 février, une vingtaine de familles peules, parquées à la frontière septentrionale de Bangui, ont ainsi tenté de prendre la route du nord, pour se réfugier au Tchad voisin. Mais leur chemin s'est arrêté à 150 kilomètres de la capitale, dans le village de Ferre : une bande armée y a assassiné tous les hommes du groupe. A Bangui, dans le camp improvisé autour de la mosquée principale, on fait donc la queue pour s'enregistrer dans les transports de l'Organisation internationale pour les migrations, qui rapatrie les ressortissants étrangers vers leurs pays. Mais les Centrafricains, eux, se demandent quel sort leur sera réservé ensuite...
 
Face à cette situation, les autorités religieuses tentent désespérément d'éteindre le feu qui couve. Multipliant les messages de paix communs, y compris au côté du président français vendredi. "Il faut arrêter de dire que c'est un conflit inter-religieux, insiste pour metronews l'imam Kobine, président de la communauté islamique centrafricaine. Il n'y a aucun imam à la tête de la Séléka, aucun pasteur ni prêtre à la tête des anti-balaka". Quand les choses ont dégénéré, il y a trois mois, lui a d'ailleurs été protégé par ses voisins chrétiens, qui l'ont aidé à se réfugier à l'archevêché, où il vit aujourd'hui.
 
"Ceux qui, parmi les musulmans, tuent, ont un comportement anti-islamique, l'islam est une religion de paix", martèle-t-il. Si ce message ne passe pas, l'imam craint que tout cela ne se termine dans un bain de sang. Ou que des éléments terroristes extérieurs ne viennent s'en mêler, comme Boko Haram (au Nigeria) ou Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mi-février, ces derniers ont déjà menacé la France de vengeance après son intervention en Centrafrique. Autour de la mosquée, le mauvais procès en partialité fait au début de l'opération Sangaris n'a pourtant plus cours. Amadou en témoigne : "Ils nous protègent, on est contents qu'ils soient là." Et Ibrahim de s'inquiéter pour l'avenir : "Il ne faut pas nous laisser seuls ici."
Metronews



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)