Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
ANALYSE

Centrafrique : Le Roi est mort, vive le Roi


Alwihda Info | Par Jean-Gualbert Togba - 20 Septembre 2013


L’ambigüité de la France, le laxisme de la communauté internationale, le désordre de Deby, font naitre un sentiment national extrémiste.


Jean-Gualbert Togba.
Jean-Gualbert Togba.
Il va sans dire que le langage politiquement diplomatique de la communauté internationale en particulier la France, l’ONU et la CPI que les centrafricains pointent du doigt ; favorise le génocide en Centrafrique. POURQUOI FAIRE COMPLIQUER CE QU’ON PEUT FAIRE SIMPLE. Ne pas prendre en compte le désire de toute une Nation, vouloir lui imposer un canevas qui va à l’encontre de son intérêt et de son aspiration est une manière voilée de la précipiter dans le gouffre.

Le coup d’Etat du 24 mai 2013 est la répercussion de l’impunité politique durant les régimes successifs en Centrafrique depuis Bokassa à nos jours. Cette tendance croissante de la médiocrité a atteint sa cime à partir de Patassé. Bozizé est la saturation et Ndjotodia est le débordement. Il se passe à chaque fois dans cette compétition de la médiocrité que le précédent n’a jamais été le plus désastreux mais son successeur est la catastrophe. Les centrafricains se sont réveillés au lendemain du sot coup d’Etat idiot du 24 mai 2013 par le chef rebelle Ndjotodia, par un coup de massue sur la tête. Les événements post-crise marquant la dégradation généralisée sur toute l’étendue du territoire commencent à réveiller timidement l’attitude soporifique de la communauté internationale qui se bornent à des condamnations de principe, des mises en garde alors que sous leurs yeux se meurent tout un peuple, les civiles sont massacrés. C’est un désintéressement patent et un mépris affiché et lisible. La France en particulier se retrouve les pieds dans la bouillabaisse d’une politique ambiguë en Centrafrique, situation confuse qu’elle ait laissé installer en se refugiant derrière la décision des chefs d’Etat de la sous-région, Administrateurs délégués de la France pour la gestion du désordre dont un, Idris Deby s’illustrant en pyromane la nuit et pompier le jour, torpille les accords pour ses intérêts.

Et voila que le chef rebelle Ndjotodia annonçait la fin d’un régime despotique pour en créer un sanguinaire. Il annonçait la réconciliation pour creuser encore d’avantage la fracture sociale et la haine. Il annonçait qu’il n’y aura pas la chasse aux sorcières pour se livrer à de pire atrocité que la Centrafrique n’a jamais connue sous les règnes précédents. Il promet du beefsteak et pourvoit du serpent. Tel est le paradoxe Ndjotodia garant de la haine et de la médiocratie. Ce qui suscite une curieuse interrogation à l’allure où vont les choses, sur l’état psychique de l’homme du 24 mai 2013.

La France garante mais non solidaire

Il n’est un secret pour personne que la France disposait des informations à travers son service de renseignement lui permettant de jauger la fiabilité d’un tel groupe hétéroclite qui n’a ni feuille de route à part accéder au pouvoir et surtout quand les faits parlent d’eux-mêmes, de l’état d’esprit jihadiste des hommes incontrôlables qui le composent. La France a ainsi porté caution à ce coup d’état mais sans garantir sa solidarité chose étonnant bafouant le principe de la caution solidaire car le cautionnement solidaire est une sécurité offerte en cas du non respect de l’engagement. Quand on porte caution c’est pour être solidaire de la chose. La confusion et le manque de clairvoyance dans le positionnement de la communauté internationale n’est pas un bon signal envoyé pour la démocratie en Afrique. En déshabillant Bozizé jugé comme malade indésirable, ils ont rhabillé un fou dangereux criminel qui est la porte d’entrer des jihadistes dans la sous région en particulier et toute l’Afrique en général.

Qu’est-ce qui se cache derrière une dissolution unilatérale précipitée de la Séléka sans concertation et sans préparation ?

Comme subitement, le chef rebelle Ndjotodia s’est réveillé d’une longue période comatique. Face aux différentes pressions nationales tant qu’internationales, et surtout à l’approche de la réunion de l’ONU sur la crise centrafricaine, Ndjotodia veut sauver sa tête en anticipant une dissolution pour badigeonner son image écorchée du chef immobile et aussi sauver un pouvoir acquis illégalement.

C’est en premier lieu un doigt d’honneur aux centrafricains et aux différentes organisations internationales œuvrant pour un minimum de sécurité en Centrafrique que d’une décision sincère. La dissolution de la Séléka est un acte attendu mais qui devait se faire sous le regard bienveillant des spécialistes de la sécurité après que certaines dispositions garantissant la réussite de l’opération ait été prises (le cantonnement des éléments de la Séléka, leur désarmement, séparer les centrafricains des soudanais et tchadiens en vue de leur rapatriement etc.). On peut comprendre aisément qu’il s’agit là d’une opération faite à l’ envers, d’une manœuvre de déstabilisation en vue se maintenir dans le chaos. La dissolution se devait être la dernière mesure de tout un processus qui est sciemment bafoué. Ceci relève d’une politique spectacle pour divertir que d’une mesure efficace.

- Une fois installé le désordre et les massacres, Ndjotodia veut se soustraire du lot dans une attitude accusatrice comme si la Séléka lui est étrangère ou comme s’il a trouvé la Centrafrique dans cette situation de désolation. Non seulement il n’a rien fait pour calmer les ardeurs assassines de ses bébés tueurs, c’est à la communauté internationale qu’il appelle à la rescousse. - Comme s’il ne semble pas apprécier la petite accalmie de la sécurité, le voila qui d’une manière unilatérale et sans préparation remet une couche de désordre.

Quelles réflexions devrions-nous retenir de cette dissolution de la Séléka :

* La Séléka en tant que mouvement fédérateur des entités rebelles est dissoute certes mais pas les groupes rebelles qui le composaient, Ils continueront à exister en toute impunité, leur dissolution est laissée à l’appréciation de leurs chefs qui sont au pouvoir au coté de Ndjotodia.

* Nous devons nous attendre à une hausse de l’insécurité qui ne sera plus du ressort des éléments incontrôlés n’obéissant qu’à leur chef mais des hommes armés qui n’ont plus de chef à qui obéir et deviennent un réservoir de recrutement des rebellions en formation ou existantes en quête de personnel.

* La hausse de la création des groupes d’auto-défense pour faire face aux exactions des ex éléments de la Séléka

Le processus d’extinction de la Séléka aurait dû revenir aux spécialistes professionnels de la sécurité œuvrant en Centrafrique afin d’élaborer un cahier de charge précis. Ndjotodia est-il conscient en lâchant 25.000 éléments armés dans la nature sans commandement ? Oui il l’est !

Pourquoi faire compliquer ce qu’on peut faire simple ?

Si Bozize a été jugée inapte à la gestion des Affaires de l’Etat à cause de sa médiocrité, pourquoi la communauté internationale cherche à maintenir Ndjotodia comme président de la transition malgré son crime contre la Nation, son crime économique, son crime contre l’humanité ? A croire que Ndjotodia bénéficie d’une humilité et d’une protection lui garantissant de poursuivre ses forfaits en toute tranquillité. A croire que les traités et tous les accords signés hors du territoire et rédigés à l’étranger par des non centrafricains ont une force de loi supra nationale. Même Bozizé qui était le président de la République n’a pas pu bénéficier d’une telle largesse.

Il est temps que la communauté internationale prenne en compte la vraie attente du peuple centrafricain qui aspire désormais le besoin de se prendre en charge réellement dans la gestion des crises et opte pour une impunité zéro et que cette même communauté internationale arrête de faire le jeu du désordre. Nous ne voulons pas un semblant de paix. La véritable paix, le début de la transition et une véritable renonciation passent par l’impunité zéro. Que la justice soit rendue au peuple centrafricain, aux victimes en traduisant dans l’immédiat tous les auteurs des crimes devant la CPI.

La condition sine qua non d’un retour à la paix

Qu’est-ce qui ne va pas avec la communauté internationale sur la recherche d’une sortie de crise en Centrafrique ?

Et voila, dans un jeu de rôle digne d’un polard italien, les deux mollusques, invertébrés qui ont jeté l’opprobre sur toute la Nation centrafricaine et l’humanité toute entière en transformant la Centrafrique en un décombre funeste et funéraire bénéficient d’une impunité totale et continuent d’exister comme si rien n’était alors que des milliers de paisibles citoyens sont tués.

D’ores et déjà, la Nation centrafricaine toute entière consciente de la tergiversation de la communauté internationale, la rend en partie responsable de l’aggravation des massacres en tout genre sur toute l’étendue du territoire. NOUS, CENTRAFRICAINS EXIGEONS SANS DELAIS, L’ARRESTATION DE NDJOTODIA, DE TOUS LES CHEFS REBELLES ET DE BOZIZE. Avant qu’il ne soit trop tard. Avant que les centrafricains commencent à se faire justice eux-mêmes.

Ceci sera le début d’une sortie de crise. Qu’on arrête de multiplier des réunions inutiles pour divertir les gens. Après cela, les centrafricains auront le temps d’enterrer leurs morts, faire le deuil et ensuite, on pourra alors travailler ensemble pour le pardon et la réconciliation nationale entre centrafricains. Le pardon doit être sincère et honnête émanant du plus profond du cœur exempt d’une quelconque pression extérieur et suivant un certain nombre d’étape. Se sera alors le vrai début de la transition tant attendu.

Car on ne pas soigner et panser une plaie sans désinfecter, ignorant les germes pathogènes causant l’infection qui s’y trouvent encore. Ndjotodia restera à jamais le plus petit des hommes ici bas sur cette terre.

Jean-Gualbert Togba



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)