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Djibouti : Lettre ouverte adressée au chef de l'État, Ismaël Omar Guelleh.


Alwihda Info | Par Ibrahim Djama - 19 Janvier 2015


Je prends ma plume pour vous adresser cette lettre, c’est parce qu’il existe des milliers de Djiboutiens qui ont subi les mêmes situations d’injustice.


Djibouti : Lettre ouverte adressée au chef de l'État, Ismaël Omar Guelleh.
Je suis arrivé à Djibouti le 21 décembre 2014 pour effectuer un séjour au pays et pour solliciter le renouvellement de ma carte d’identité nationale. Mon retour en Europe était prévu le 9 janvier 2015. À chacun de mes séjours, en novembre ou décembre, j’ai commence toujours à faire de longues promenades à pied, je quitte ma résidence provisoire vers 8 h 00 du matin afin de me rendre compte des changements dans l´environnement de la ville. Il arrive que je parcoure parfois 50 km à pied dans une journée. Lorsque je me sens un peu fatigué, je rentre au Tribunal de Djibouti pour assister aux audiences publiques. Pour me reposer et se faire une idée en comparant le fonctionne de la justice de Djibouti et celle du pays Européen qui m’a accueilli Le 23 décembre 2014 à 11h00 à l’heure locale, je me suis présenté au Palais de Justice de Djibouti. Le gendarme Sergent-Chef Kadiyeh me refusa l’entrée et je me suis arrêtée à 50 mètres de lui espérant de rencontrer une personne de ma connaissance qui me faciliterait l’accès à la Salle d’audience publique. N’ayant pas eu la chance de rencontrer une personne de ma connaissance, au bout d’une heure, je me suis décidé à poursuivre ma longue marche en me dirigeant vers mon hôtel de passage ”Avenue 13”. Le 24 décembre 2014 vers 12 h 00, je me suis de nouveau présenté à l’entrée du Palais de Justice dans le but, d’assister aux audiences publiques de la journée. De nouveau, le Sergent-Chef Kadiyeh, de la Gendarmerie me refusa l’accès et je me suis posté à 50 mètres avec le même espoir : celui de rencontrer une personne qui me reconnaitra et me faciliterait l’accès au tribunal, mais sans succès ce jour-là aussi. Le 25 décembre 2014 à 11 h 00 je passais devant le Tribunal, mais sans intention d’en solliciter l’accès. Juste uniquement pour marcher à pied jusqu’à l´hôpital Peltier. Le sergent-chef Kadiyeh m´arrêta sans raison cette fois ci et m’accusant d’être un terroriste potentiel, il me signifia mon arrestation. Il appela une voiture de gendarmerie et me jeta à l’intérieur. En chemin il me demanda mon appartenance tribale et je lui ai répondu que je suis de l’ethnie ISSA. Il affirma que je mentais et pour vérifier, il me demanda de préciser mon sous-clan. Je lui répondis Issa Fourlaba Aussitôt dit fourlaba, il a déduit que j’étais un terroriste potentiel. Dans le procès-verbal établi par les Services de la Gendarmerie de la Brigade du nord, il est noté ses affirmations : ”Cet individu stationne devant le tribunal depuis plus de 30 jours et nous avons peur de lui. Le service de la Gendarmerie me plaça aussitôt en garde à vue, dans une cellule qui ressemble à un trou de cul où je suis resté de 11 h 00 jusqu’à 19 h 00. A 19 h 00 l´Adjudant Hassan Osman me fit sortir de mon isolement pour me poser des questions. - Ton nom ? Ibrahim Djama - date de naissance ? 6 mars 1965 à Djibouti. - Vous dites né á Djibouti ? – Bien sûr je suis né à Djibouti et je suis djiboutien comme vous - quelle tribu ? Issa fourlaba _ reer-Nour. - Raconte-moi ton parcours à Djibouti ? J´ai raconté mon parcours à Djibouti et mon départ du pays en 1987. - L´adjudant Hassan me demanda ensuite de donner des noms de collègues de ma classe de 81 à Holl Holl pour vérifier si j’avais bien servi dans l’Armée. – je me souvenais de deux noms : Ceux du Chef de Corps de la Gendarmerie le Colonel Mohamed Abdi Douksiye et du Commandant de la Garde présidentielle Ali Iftin actuellement réfugié à Bruxelles. Ces deux officiers faisaient partie de la Gendarmerie alors que j’étais incorporé dans l´Armée nationale. Dans mon affectation nous étions 5 gendarmes et 10 militaires de l’AND. Après ces réponses, l’Adjudant Hassan Osman fut étonné des charges relevées contre moi il me confirma que j’étais un citoyen djiboutien avec un casier judiciaire vierge. Il poursuivit en rapportant que le Sergent-Chef kadiyeh avait affirmé que j’étais présent tous les jours depuis un mois devant le Tribunal et il m’en demanda la raison. Je lui ai répondu ceci : Je suis arrivé à Djibouti le 21 décembre et c´est mon quatrième jour à Djibouti. Si M. Kadiye vous a dit que je stationne devant le Tribunal depuis plus d´un mois ce ne peut être qu’une erreur. -Avez-vous des pièces justificatives prouvant que vous êtes arrivé à Djibouti le 21 décembre ? Bien sûr parmi les pièces saisies dans mes poches on trouve la réservation et ma carte d´embarquement. De plus, si vous m´accompagnez à mon hôtel je vous montrerai le cachet d’entrée sur le territoire qui est sur mon passeport. L´adjudant Hassan Houssein est allé chercher les preuves et il me confirma qu’il ne me considérait pas comme un terroriste. Il ajouta que mon dossier était désormais sur les bureaux du Lt Youssouf Ahmed et du Colonel Zakaria Hassan Aden. Il ajouta que la seule chose qu’il pouvait faire pour me venir en aide, était de restituer mon téléphone portable pour pouvoir communiquer avec mes proches et solliciter qu’ils m’apportent un repas. Aussitôt mon portable récupéré, j’ai appelé un ami officier, qui a contacté le Lt Youssouf Ahmed surpris qu’on lui disait qu’Ibrahim Djama était suspecté d´acte de terrorisme…. !. C’est lui qui est venu en personne 10 minutes plus tard pour me libérer et me raccompagner à mon hôtel. Monsieur le Président de la République il ne fait nul doute, que si je n’avais pas téléphoné à un ami officier, j’aurais dû moisir dans les cellules de la Brigade Nord. Voir y mourir puisque j’étais considéré comme un terroriste en puissance, même s’il n’y avait aucune preuve contre moi. Le fait que le pays soit en état d’alerte maximum n’est pas une excuse suffisant pour ignorer les Droits de l’Homme et pour accuser de terrorisme un citoyen qui n’a commis aucun acte contraire à la LOI. Le 10 décembre 2014, pour la journée des Droits de l’Homme, je vous rappelle que vous aviez affirmé dans votre discours à l’hôtel Kempesky que "la République de Djibouti respectait les Droits de l’Homme" Monsieur le Président de la République, j’ai eu la chance d’avoir un ami officier qui n’est pas Fourlaba et qui est intervenu pour ma libération. Mais qu’en est-il pour les Djiboutiens qui n’ont pas les relations nécessaires quand ils sont confrontés à la même situation? Sont-ils condamnés à pourrir dans les cellules de la Gendarmerie voire à y mourir sans assistance. Je me demande qui est terroriste : celui qui ne connait pas la définition du mot ”terrorisme” et qui bafoue les règles de la République et celle de son serment en considérant toute la tribu Fourlaba est composée de terroristes en puissance ou un simple citoyen en visite dans son pays. Au lieu de protéger la Constitution et la population certains sous-officiers et/ou officiers y piétinent. Et pourquoi, ce ne seraient pas eux qui sont des terroristes à l’encontre des citoyens sans défense. Combien de Djiboutiens sont tombés sous les abus d’autorité manifestes de ce Sergent-Chef de la Gendarmerie. Combien de Djiboutiens sont devenus des opposants après avoir été maltraités par ce Sergent- Chef. Combien de djiboutiens ont quitté Djibouti pour la simple raison qu´ils sont étés mal traités par des gens comme le sergent-chef Kadiye. Aujourd’hui c´est moi qui a subi les abus manifestes du Sergent-Chef Kadiyeh et qui sera le prochain ? Monsieur le Président de la République si, aujourd’hui, je prends ma plume pour vous adresser cette lettre c’est parce qu’il existe des milliers de Djiboutiens qui ont subi les mêmes situations d’injustice. Je vous prie de recevoir, Monsieur le Président de la République, l’assurance de ma plus haute considération.



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