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INTERVIEW

« En toute sécurité, Macky Sall a embarqué dans son programme tous les chauffeurs et transporteurs pour la destination 2017 »


- 3 Février 2014


Cheikh Ndiaye Téranga, on ne le présente plus ! Lui, le célèbre syndicaliste et président du syndicat des chauffeurs et propriétaires de taxis. Cinq mois après le lancement officiel de son mouvement « Fagaru Diapalé Macky Sall », Cheikh Ndiaye Téranga a une fois de plus choisi « Le Témoin » pour tirer le premier bilan de sa nouvelle expérience politique. Dans cet entretien, il n’a pas loupé le président Yaya Jammeh qu’il qualifie de « faux » pour avoir toujours torpillé le projet du pont à péage entre le Sénégal et la Gambie. De même que le ministre directeur du cabinet politique du Président, Mahmoud Saleh à propos duquel il dit qu’il « est tout sauf un collaborateur franc et sincère du président de la République… ‘’Mako waakh !’’ » dit-il. Entretien !


Par Pape NDIAYE

Cheikh Ndiaye Téranga, président mouvement « Fagaru Diapalé Macky »
Cheikh Ndiaye Téranga, président mouvement « Fagaru Diapalé Macky »
Cheikh Ndiaye Téranga, on ne le présente plus ! Lui, le célèbre syndicaliste et président du syndicat des chauffeurs et propriétaires de taxis. Cinq mois après le lancement officiel de son mouvement « Fagaru Diapalé Macky Sall », Cheikh Ndiaye Téranga a une fois de plus choisi « Le Témoin » pour tirer le premier bilan de sa nouvelle expérience politique. Dans cet entretien, il n’a pas loupé le président Yaya Jammeh qu’il qualifie de « faux » pour avoir toujours torpillé le projet du pont à péage entre le Sénégal et la Gambie. De même que le ministre directeur du cabinet politique du Président, Mahmoud Saleh à propos duquel il dit qu’il « est tout sauf un collaborateur franc et sincère du président de la République… ‘’Mako waakh !’’ » dit-il. Entretien !
 
Le Témoin : Depuis l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir, les chauffeurs et transporteurs ne font pratiquement plus de grève ! C’est comme si vous êtes tous embarqués sur le chemin du «Yoonu Yokute » ou à bord du bus de l’Apr…
 
Cheikh Ndiaye Téranga : (Rires) Si nous, chauffeurs et transporteurs, sommes tous embarqués dans le bus de l’Apr du président Macky Sall, c’est parce que nous nous retrouvons dans le confort et la sécurité de cet autobus qui n’est autre que le programme de « Yoonu Yokuté ». Je peux même vous dire que le secteur des transports occupe une place privilégiée dans ce programme. D’ailleurs, en 2011, c’est-à-dire à quelques mois de la présidentielle, je suis allé voir le président Macky Sall chez lui à Mermoz. Il m’a reçu en présence de Diène Farba Sarr. Avec ma délégation, je lui ai présenté deux revendications majeures : le renouvellement des taxis de Dakar avec des marques « Toyota » de préférence et la suppression des « laissez-passer » exigés et délivrés par la police à tout taximan désirant quitter Dakar pour une autre région du pays. Ce jour-là, le président Macky Sall m’avait répondu ceci : « Si je suis élu président de la République, vos revendications seront satisfaites ! ». Nous avons répliqué en ces termes : « Inchallah ! Tu seras président de la République… ». Dieu a fait qu’il a été élu président de la République. Donc, il faut patienter parce que le président Sall est en train d’exécuter toutes ses promesses. Et compte tenu des urgences sociales et économiques du programme « Yonu Yokute », le secteur des transports peut encore attendre. À cet effet, nous ne voulons pas bousculer le président de la République. Dans cette patience, aucun syndicat des transporteurs ou chauffeurs n’a jugé nécessaire d’aller en grève. Les rares activistes de notre secteur qui avaient tenté d’aller en grève, ont tous échoué !
 
On nous apprend que vous avez remis un projet de 1.000 taxis de marque « Toyota » au président Macky Sall pour le renouvellement d’une partie des taxis de Dakar, pourquoi « Toyota » ?
 
Pour la petite histoire, le président Wade nous avait présenté, à l’époque, douze marques de véhicules pour le renouvellement des taxis de Dakar. On avait choisi « Toyota » puisque la marque est spacieuse et plus solide pour en faire un taxi. Contre toute attente, le président Wade avait choisi à notre place d’autres marques. Pour des raisons politiques, les banques avaient financé aveuglément le projet de Wade. Aujourd’hui, l’histoire me donne raison ! Compte tenu de ses excellentes relations diplomatiques avec le Japon, je suis convaincu que le président Macky Sall peut trouver facilement 1.000 taxis de marque « Toyota » auprès du gouvernement japonais.
 
Qu’est-ce qui pousse Cheikh Ndiaye Téranga à faire de la politique au point de créer un mouvement dit « Fagaru Diapalé Macky » ?
 
Pour mieux défendre les intérêts des transporteurs et taximen ! Pour ce faire, nous ne pouvons pas avoir mieux en dehors du programme « Yoonu Yokuté » où toutes nos doléances ont été prises en compte. D’ailleurs, il me plait toujours de rappeler que si nous soutenons le président Macky Sall, c’est pour son excellent programme ! C’est en particulier cela qui m’a poussé à créer ce mouvement politique pour soutenir et appuyer le programme du président de la République. Et lorsque j’ai écrit une lettre au président de la République pour lui expliquer la création de ce mouvement, il m’a mis en rapport avec le ministre conseiller Mahmoud Saleh. Je saisis l’occasion pour vous expliquer comment Mahmoud Saleh s’est comporté de manière irresponsable à mon égard. D’ailleurs, je me demande qu’est-ce que Mahmoud Saleh peut rapporter au président de la République et à l’Apr ?
 
Que vous a donc fait le ministre, directeur du cabinet politique du président de la République ?
 
Tenez ! Un jour, Mahmoud Saleh m’a reçu dans son bureau au Palais sur recommandation du président de la République. Et lorsque je lui ai exposé mon projet pour soutenir le président Macky Sall, il m’a aussitôt fusillé du regard comme s’il voulait me détourner de mon objectif visant à massifier l’Apr. À preuve, depuis lors, Mahmoud Saleh n’a jamais voulu me prendre au téléphone alors que je l’ai appelé plus de dix fois. Je suis même passé par sa secrétaire, mais en vain ! Seulement, Mahmoud Saleh n’a peut–être pas compris que je n’attendais rien de lui ! Moi, je suis un grand transporteur ayant plusieurs taxis et autobus qui me font vivre. Donc si la création de mon mouvement « Fagaru Diapalé Macky » ne dépendait que de Mahmoud Saleh, je ne l’aurais jamais créée. D’ailleurs, lorsque le Premier ministre Aminata Mimi Touré m’a reçu en audience à la suite de la cérémonie de lancement officiel de ma structure, je lui ai expliqué le comportement de Mahmoud Saleh qui fait tout sauf aider le président Macky Sall. En effet, devant toute ma délégation, j’ai dit ceci au Premier ministre : « Le seul problème de Macky Sall, c’est qu’il n’a pas un bon entourage. Les gens dont le président Sall s’est entouré, ne lui rapportent rien ! Ils n’ont pas des entreprises créant d’emplois, ni des militants encore moins des amis ou des voisins… rien ! Ce sont des activistes qui s’activent dans le vide. Mme le Premier ministre, l’exemple de Mahmoud Saleh illustre ma colère, j’ai même effacé tous ses numéros de téléphone de mon répertoire. M. Saleh n’est pas sincère… Maako Wakh ! Et je suis prêt à le répéter devant le président Macky Sall ou à la télévision nationale… » Voici le langage de vérité que j’ai eu à tenir à l’endroit de Mme Mimi Touré tout en la remerciant de sa disponibilité pour m’avoir reçu quatre jours seulement après mon premier meeting de soutien pour « diapaler » Macky.
 
Comment comptez-vous massifier l’Apr et soutenir le président Macky Sall à travers le Sénégal ?
 
C’est très facile pour un transporteur ! Vous savez, j’ai un syndicat regroupant plus de 24.000 taxis à Dakar. Et les taximen sont originaires de toutes les localités ou communautés rurales du Sénégal, histoire de vous préciser que Cheikh Ndiaye Téranga ou Cheikh Ndiaye Faguru est représenté dans chaque coin ou recoin du pays. Fort de cette représentativité, je vais implanter partout au Sénégal des cellules « Faguru Diapalé Macky ». Tous les meetings organisés seront placés sous la présidence d’honneur de Macky Sall. C’est à lui de venir ou de se faire représenter. En tout cas, nous ne connaissons personne en dehors du président Sall, notre seul et unique leader politique. Cela dit, il est temps que le président Macky Sall nous trouve un bon interlocuteur ou un bon coordinateur ouvert et disponible pour que l’on puisse combiner nos efforts et nos stratégies selon les orientations politiques de l’Apr. Vous savez, Dakar est une région politiquement saturée, c’est pour cela que nous allons sortir pour élargir notre mouvement. Dans tous les segments ou dans tous les domaines, Dakar est représenté à 80 %. Oui 80 % de la population, 80 % des commissariats, 80 % de l’économie, 80 % des écoles et lycées, 80 % des vols ou agressions, 80 % des banques etc… Sauf, les ministères avec 100 %. Donc, il faut décentraliser… Pourquoi pas le ministère de l’Elevage à Louga, le ministère des Mines ou de l’Environnement à Tambacounda, le ministère des Forces armées à Diourbel ou le centre du pays etc…
 
Lors de la cérémonie de lancement officiel de votre mouvement, Cheikh Ndiaye Téranga avait vraiment mobilisé… D’où venaient les fonds de cette forte mobilisation ?
 
Une question pertinente ! Ni le président Macky Sall, ni le Pm Aminata Touré, ni le bureau politique de l’Apr… personne ne m’a donné le moindre centime ! Au nom du « Saint Coran », je le jure, j’ai mobilisé avec mes propres fonds et j’ai payé la location de la salle et la restauration des militants. Nous avons aussi vendu des milliers de cartes de membre pour faire face à certaines dépenses. Nos militants composés de chauffeurs et transporteurs sont venus avec leur propre taxi ou Ndiaga Ndiaye. Ils ont transporté gracieusement les militants. Quand on soutient politiquement le président de la République pour un Sénégal émergent, on ne doit pas s’attendre à quelque chose. Moi, je ne veux être ni député, ni maire encore moins chef de quartier, j’ai déjà un travail qu’est le transport. Mon seul objectif, c’est de soutenir le programme de « Yoonu Yokuté »…
 
En votre qualité de syndicaliste, quelle solution préconisez-vous pour l’éternel problème de la transgambienne ?
 
La seule et unique solution, c’est la construction d’un pont à péage pour faciliter cette traversée transgambienne. Malheureusement, le projet de ce pont voulu et souhaité par la Cedeao ne sera jamais réalisé tant que le président Yaya Jammeh sera à la tête de la Gambie. C’est la réalité, autant le dire et mourir ! Depuis plus de 15 ans, j’ai assisté à plusieurs réunions entre les transporteurs du Sénégal et ceux de la Gambie en présence des membres de la Cedeao. Tout a été dit et redit sur ce projet ou ce pont à péage pour faciliter la circulation des personnes et des biens entre les deux pays.
 
Mais à chaque étape pour le début de l’exécution des travaux, le président Jammeh manœuvre de manière souterraine pour torpiller le projet. Vous croyez que la police ou la douane gambienne ose réclamer le « franc cfa » aux passagers sénégalais sans l’autorisation de l’Etat gambien ? Non ! Vous croyez que la douane sénégalaise ou la police nationale ose réclamer des « ouguiyas » aux passagers mauritaniens sans l’autorisation de l’Etat du Sénégal ? Non ! Donc la police gambienne n’agit que sur ordre des autorités de son pays puisque les lois et règlements de la Cedeao ne s’appliquent pas sur le terrain. Et comme le Sénégal est faible à ce point vis-à-vis de la Gambie, les transporteurs sénégalais régleront ce problème à la place de l’Etat du Sénégal. Et à notre façon ! J’encourage mes camarades chauffeurs et transporteurs à persévérer dans ce blocus empêchant la circulation des camions gambiens pour se faire entendre. Heureusement que la Gambie n’est pas un pays frontalier avec l’Irak, la Turquie, le Tchad, Israël ou l’Algérie… Parce que ces pays-là ont leur façon pour se faire respecter !
 
Propos recueillis par Pape NDIAYE
ARTICLE PARU DANS « LE TEMOIN » N°1151 - HEBDOMADAIRE SENEGALAIS / FEVRIER 2014
Publication en partenariat avec le Journal Le Témoin.



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