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INTERNATIONAL

Guerre en Ukraine : le président de la BAD met en garde contre une crise alimentaire en Afrique


Alwihda Info | Par Olivier Noudjalbaye Dedingar, Expert-consultant, humanitaire et journaliste indépendant. - 10 Avril 2022


Le président de la Banque africaine de développement estime que le conflit russo-ukrainien aura des impacts sur la sécurité alimentaire et l'approvisionnement énergétique. Un effet d'entraînement qui aura des conséquences directes et nuisibles sur le continent africain, loin de l’épicentre conflictuel.


Akinwunmi Adesina. Photo : Al Jazeera
Akinwunmi Adesina. Photo : Al Jazeera
Les récentes déclaration du président de la BAD à propos de l’expérience nigériane
Akinwunmi Adesina, l'actuel président de la BAD, a indiqué lors d’une conférence tenue récemment en Afrique du Sud qu’il était ministre de l'Agriculture au Nigéria en 2012, lorsque le pays avait connu l'une de ses pires cas d'inondations ayant affecté 30 États parmi les 36 que compte le pays.
Les terres agricoles, les villages et les infrastructures publiques comme les routes, les ponts et les centrales électriques ont tous été anéantis par lesdites inondations, selon ses dires. Il a également affirmé que si toute la nation avait craint l’apparition d’une crise alimentaire, lui en particulier était certain que cela ne se produirait pas. « Tout le monde a paniqué à l'idée qu'il allait y avoir une crise alimentaire. J’étais l’une des rares personnes dans le pays à avoir affirmé que nous pouvions éviter cela », a-t-il souligné dans son propos.
En effet, alors que le pays faisait face à de terribles pénuries alimentaires, le ministre a entrepris une stratégie pour améliorer la croissance du maïs, du blé et du riz pendant la saison sèche. Cultiver de telles cultures à cette époque de l'année était inhabituel au Nigeria, mais cela a contribué à améliorer les approvisionnements alimentaires. Pour améliorer la production alimentaire, le gouvernement nigérian, sous l’impulsion de l’actuel président de la BAD, avait offert des semences et des engrais gratuits aux agriculteurs touchés par les inondations et des intrants subventionnés pour les agriculteurs non touchés.
« Au moment où nous avons finalisé le plan d'action, plutôt que d'augmenter, les prix des denrées alimentaires avaient considérablement chuté ». En octobre, nous avons commencé à planter. En mars, nous avions baissé le coût de la nourriture. C’était faisable, selon Adesina, car « nous connaissions la science, nous connaissions la technologie et nous avons déployé les bons capteurs au bon moment ».

L’imminence d’une crise alimentaire en Afrique
Maintenant, en tant que président de la Banque africaine de développement, le plus grand prêteur multilatéral du continent, Adesina tente d'empêcher une catastrophe alimentaire à plus grande échelle. Les prix du gaz naturel, du blé et des engrais ont grimpé en flèche, alors que la guerre entre la Russie et l'Ukraine entre dans son deuxième mois.
La Russie et l'Ukraine génèrent ensemble plus d'un cinquième des exportations mondiales de blé, et l'Afrique en dépend fortement. Selon la Banque africaine de développement, les importations de blé représentent 90 % des 4 milliards de dollars de commerce de l'Afrique avec la Russie et plus de la moitié des 4,5 milliards de dollars de commerce du continent avec l'Ukraine.

La guerre entre la Russie et l’Ukraine impacte déjà des pays en Afrique
« Un tiers de l'approvisionnement céréalier de l'Afrique de l'Est provient de ces deux pays, et l'Égypte est durement touchée. Il en va de même pour l'Algérie et le Maroc, la Somalie et plusieurs autres pays. Donc, si nous ne gérons pas cela très rapidement, cela déstabilisera le continent », a déclaré le président de la BAD.
Il a prédit que le conflit aura plusieurs conséquences économiques importantes pour l'Afrique. Il a déjà ébranlé les marchés financiers, entraînant des taux d'intérêt exorbitants. Les prix des matières premières augmentent, a-t-il ajouté, en prenant le blé comme exemple, qui a « augmenté de 64% dans le monde », depuis la crise alimentaire mondiale de 2008.
Les engrais, une composante essentielle de l'industrie agricole, ont également été touchés, et le président de la BAD estime que cela pourrait occasionner un désastre. « Le prix de l'urée a augmenté de 300 %. Tout cela signifie que c'est [la guerre] qui est à l'origine de l'inflation en Afrique, et qu'elle pourrait si elle n'est pas rapidement bien gérée déclencher une crise alimentaire en Afrique », a déclaré Adesina.

Le plan de solution du président de la BAD
Le président de la BAD M. Adesina ne se contente pas simplement de relever les problèmes et les craintes que suscitent la crise ukrainienne en Afrique, il travaille déjà sur un plan d'urgence de production alimentaire d’un milliard de dollars pour l'Afrique afin d'éviter les pénuries alimentaires et de réduire l'inflation. Le projet dirigé par la BAD aidera à soutenir 20 millions d'agriculteurs ayant accès à des technologies agricoles résilientes au climat afin de stimuler la production alimentaire pour nourrir 200 millions d'Africains.
Dans le cadre de ce plan, les agriculteurs pourront produire 30 millions de tonnes métriques de nourriture, notamment du blé, du riz, du maïs et du soja. La production devrait être évaluée à 12 milliards de dollars.
La pandémie du Covid-19 a plongé 26 millions d'Africains dans la pauvreté. « Avec la crise alimentaire imminente et la hausse des prix, nous allons voir beaucoup plus de personnes, quelques millions de plus sombrer dans l'extrême pauvreté ». Et pourquoi cela ? Parce que le coût de la nourriture représente environ 65 % des dépenses d'un ménage pauvre », a-t-il indiqué.

La nécessité d’un soutien international au plan de solution du président de la BAD
Cependant, Adesina pense que si le plan d'urgence obtient un soutien international suffisant, la crise alimentaire pourrait être évitée. Selon lui, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, est « tout à fait favorable » au projet. Adesina entend convoquer « très prochainement », une conférence des ministres africains des finances et de l'agriculture pour examiner la question.
Adesina a l'intention de fournir 1 milliard de dollars en deux tranches chaque année, à temps pour les saisons agricoles africaines, qui s'étendent de mai à juillet dans l'hémisphère nord et d'octobre à décembre dans l’hémisphère sud. Parce qu'il s'agit d'une institution d'urgence, les fonds seront alloués sous forme de subventions plutôt que de prêts.

Photo : Aljazeera
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