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TCHAD

Indépendance du Tchad : et si on célébrait autrement ?


Alwihda Info | Par Hibé Ouadjouli Evarist - 12 Août 2025


Le 11 août 1960, le Tchad accédait officiellement à l’indépendance après des décennies de colonisation française. Cette date marque un tournant majeur dans l’histoire du pays, symbolisant à la fois la fin d’une domination étrangère et le début d’un long cheminement marqué par des défis politiques, économiques et sociaux.


Soixante-cinq ans plus tard, alors que le Tchad s’apprête à commémorer cet anniversaire, une question se pose : faut-il se contenter des traditionnels défilés militaires ou repenser la manière de célébrer cette journée ?

Du colonialisme à la souveraineté
Intégré à l’Afrique-Équatoriale française (AEF) en 1920, le Tchad fut l’une des premières colonies à se rallier à la France libre en 1940 sous l’impulsion du gouverneur Félix Éboué.

Après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement d’émancipation s’accélère. Le 28 novembre 1958, le Tchad devient une République autonome au sein de la Communauté française, avant d’accéder à la pleine souveraineté le 11 août 1960. Ce jour-là, à Fort-Lamy (aujourd’hui N’Djamena), François Tombalbaye, premier président du Tchad, proclame l’indépendance en présence d’André Malraux, représentant du général de Gaulle.

Un moment historique, marqué par un incident resté célèbre : une coupure d’électricité interrompt le discours, et Malraux doit éclairer Tombalbaye à l’aide d’une lampe torche.

Une tradition de célébrations militaires
Depuis 1960, chaque 11 août est marqué par des cérémonies officielles, principalement centrées sur un défilé militaire. En 2018, le président Idriss Deby Itno assistait à une impressionnante démonstration de l’arsenal tchadien, avec avions de chasse, hélicoptères et chars. En 2020, à l’occasion des 60 ans d’indépendance, Deby fut élevé au rang de maréchal, une décision qui suscita de vives critiques dans l’opposition.

En 2024, le président Mahamat Idriss Deby perpétua la tradition, avec une prise d’armes suivie d’un discours appelant à l’unité nationale et tendant la main aux exilés politiques.

Célébrer autrement : pistes et propositions
Si le défilé militaire demeure un symbole de souveraineté, certains estiment qu’il serait temps d’élargir la portée des célébrations. Parmi les idées avancées :
- Un festival culturel national : mettre en avant la diversité musicale, artisanale, culinaire et vestimentaire des différentes régions du pays.
- Des conférences et débats : réfléchir collectivement aux enjeux d’aujourd’hui : éducation, économie, environnement, réconciliation nationale.
- Des hommages aux figures oubliées : reconnaître et célébrer tous les acteurs de la lutte pour l’indépendance.
-Une journée pour la jeunesse et l’innovation : concours de startups, ateliers éducatifs, compétitions sportives.
-Un geste écologique : lancer une vaste campagne nationale de reboisement pour lutter contre la désertification.

Préparer l’avenir en célébrant le passé
Le 11 août ne devrait pas se limiter à un rituel militaire, mais devenir un moment de cohésion nationale et d’engagement pour l’avenir. Intégrer des activités culturelles, éducatives et citoyennes pourrait donner à cette date une nouvelle dimension, en phase avec les aspirations de la jeunesse et les enjeux du XXIe siècle.

À l’aube du 65e anniversaire, une interrogation demeure : comment les Tchadiens souhaitent-ils écrire la prochaine page de leur histoire ?



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)