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Les cadres centrafricains et tchadiens : les mêmes charognards


- 30 Janvier 2014



Par BELEMGOTO Macaoura

Les cadres centrafricains et tchadiens : les mêmes charognards
J'ai lu et relu à plusieurs reprises l'article de Mathias Modjingar Madngar sur le blog d'Evariste Djeteké, mais je n'ai rien compris. Je suis interloqué. Il n'y a aucune suite dans les idées. D'ailleurs les idées véhiculées sont dangereuses à plus d'un titre et montrent à suffisance que ce type ignore tout de l'Afrique et des Africains. "Les cadres Centrafricains ont-ils vraiment abandonné leur pays aux mains des cancres, parvenus et étrangers ? Bokassa, Bozizé, Djotodia, Miskine, Nouredine, Séléka, anti-balaka, sont-ils des cancres ou des étrangers ? Une précision s'impose pour plus de compréhension.
 
Mais veut nous dire Mathias Modjingar Madngar ? Si on suit cette logique, tous les cadres de toutes les ex-colonies ont abandonné leur pays à la France. Oui, la France a toujours fait et défait les régimes dans ses ex-colonies. Le Tchad et la Centrafrique sont les premières victimes dans le domaine. François Hollande l'a reconnu dans sa dernière conférence de presse et a promis que ce sera plus ainsi. Mais on sait que ce sont des paroles en l'air. Sarkozy l'avait promis. Cela ne l'a pas empêché d'intervenir au Tchad pour sauver le régime de Déby en 2008 ou en Côte d'Ivoire pour démettre Gbagbo et installer Ouattara au pouvoir en 2011. La France use de sa force militaire pour faire sa loi en Afrique. Beaucoup de cadres Africains ont tenté de résister au colonialisme ou néocolonialisme. Ils y ont laissé leur peau. Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Ruben Um Nyobé, Laurent Gagbo. Le Dr Outel Bono a été assassiné en plein Paris le 28 août 1973, sans aucune suite. Léon Mba, le dictateur Gabonais a été renversé en 1964, mais ramené au pouvoir par l'armée française. Au Tchad, tous les régimes qui ont été tentés de prendre une relative indépendance vis-à-vis de la France ont été renversés. Tombalbaye, Malloum, Habré, ont payé cher pour avoir voulu tenir tête à la France. En Centrafrique, c'est la France qui a fait et défait les régimes. Parfois directement : le coup d'Etat contre Bokassa a été mené entièrement par des soldats Français, sans aucun soldat Centrafricain dans les rangs des putschistes : ce sont les militaires Français qui ont envahi la présidence, les locaux de la radio pour annoncer la destitution de Bokassa. C'est dans un avion Français que David Dacko est rentré à Bangui prendre le trône de Bokassa 1er. La France est très présente dans ses anciennes colonies politiquement, économiquement : le franc CFA ! tout un symbôle. Dire que seuls les cadres Centrafricains et Tchadiens ont des charognards qui ont laissé leur pays aux mains des étrangers, relève d'une lecture étrange de l'histoire contemporaine, très complexe, de nos pays.
 
Mathias Modjingar Madngar se livre à un jeu d'une extrême dangerosité : il reproche à Mme la présidente actuelle ses origines multiples : "centro-tchado-camerounaise". Modjingar Madngar est infecté par le virus de l'ivoirité. Reprocher à un citoyen d'un pays d'avoir des ascendances étrangères est l'une des plus grandes crétineries humaines qui ronge les Africains. Si Cathérine Samba-Panza a des origines tchadiennes et camerounaises, où est le problème ? En quoi ses origines étrangères constituent un handicap, un frein pour diriger le pays qu'elle aime tant après tout ?  En Afrique, nous sommes matériellement très pauvre, mais également très pauvre d'esprit. Les exemples ne manquent pas ailleurs : Sarkozy, d'origine hongroise (c'est son père qui a émigré en France), est devenu président de la République française. Eva Joly a la double nationalité, norvégienne et française : elle a été désignée par son parti pour être candidate aux présidentielles de 2012. Barack Obama est de père Kényan. Il va passer 8 ans à la tête des Etats-Unis. Quant aux Africains, avec leur étroitesse d'esprit, ils lancent très facilement : "toi, tu es d'origine étrangère, tu ne peux pas être président dans ce pays". Ce que les pays développés se permettent, sans gêne, pourquoi les africains se le refusent ?  Au Tchad, comme dans quelques pays Africains, il est écrit dans la Constitution que celui qui a la double nationalité ne peut être candidat à l'élection présidentielle. Voilà l'absurdité, l'ineptie dans tous leurs atours . C'est se priver des compétences d'une bonne partie de ses concitoyens. Quelle ineptie ! Des pays pauvres comme le Tchad ou la Centrafrique devraient avoir recours normalement à toutes les bonnes volontés de toutes parts, de tous concitoyens de l'intérieur comme de l'extérieur pour sortir du sous-développement. Toutes les idées devraient être les bienvenues pour la construction de nos pays. Les choses vues sous cet angle, font penser que le développement de l'Afrique n'est pas pour demain. Et des gens comme Sarkozy viendraient toujours nous traiter de sous-hommes en nous défiant par des discours infâmes : "l'homme Noir n'est pas assez entré dans l'histoire".
 
Restons en Centrafrique. Exclure les ex-séléka et les anti balakas du gouvernement, comme le propose Mathias, serait une erreur politique grossière à ne pas commettre. Au contraire, les inviter à s'asseoir autour d'une table, au sein d'un gouvernement, pourrait contribuer à apaiser les esprits. C'est le but recherché. N'oublions pas qu'il s'agit d'une guerre civile en Centrafrique. Il n'y a pas d'autre solution. Il faut inviter les différents acteurs à s'asseoir.  Ce n'est surtout pas le moment de faire la chasse aux sorcières, que ce soit d'un côté, ex-séléka, ou de l'autre, anti-balaka. Il faut calmer la situation. Il s'agit bien d'un gouvernement de transition. Ce gouvernement n'est pas perpétuel, il faut bien le noter.
 
Et notre Modjingar Madngar de sauter de coq à l'âne en se prenant vertement aux Tchadiens de la diaspora. "Après Ngarta, ils sont tous portés disparus et n'attendent que des cadavres pour atterrir". Que veut-il nous dire par là ? sous Ngarta Tombalbaye, il y avait aussi de nombreux exilés politiques qui ne supportaient pas la dictature du président-fondateur du MNRCS. On peut citer Toura Ngaba, Abba Siddick Outel Bono cité ci-haut, que Tombalbaye a fait assassiner en plein Paris, etc. Les Tchadiens n'avaient pas le choix avec le MNRCS : se taire et accepter l'inacceptable, ou s'exiler. Et ceux qui ont choisi de s'exiler étaient dans leur plein droit et personne ne peut le leur reprocher. Après Ngarta, le Tchad a plongé dans le chaos. Hissein Habré a instauré une dictature féroce, avec comme conséquence logique, l'exil de plusieurs cadres qui avaient le plein droit et des raisons hautement valables pour s'exiler. Sous Déby, la situation n'est guère reluisante. L'exil a toujours sa raison d'être sous tous les régimes. Le pauvre Mathias Modjingar Madngar ne peut s'exiler. Il s'en prend alors aux Tchadiens de la diaspora qui ne lui ont rien fait. C'est une jalousie mal placée ? Ils sont nombreux, les cadres Tchadiens qui sont non seulement en Europe ou en Amérique du Nord, mais aussi dans plusieurs pays africains : Cotonou, Abidjan, Dakar, Ouagadougou, Lomé, etc, regorgent de cadres Tchadiens. Ils ont leur raison de demeurer ainsi dans leur exil et personne ne doit s'arroger le droit de les condamner. Mathias Modjingar Madngar : ces gens ne t'ont rien fait. Bois ta bière et laisse-les tranquilles.
 
 "A N'Djaména, ils ne sont meilleurs que dans les bars, se tapant la poitrine pour dessiner la courbe croissante de la bière...". Ça ce sont des habitudes des gens comme Modjingar Madngar. C'est une projection de ses propres habitudes sur les Tchadiens de la diaspora. 
 
"En France, ils se "sucrent" dans les conférences à n'en plus finir et se bousculent à obtenir le statut de réfugier politique". Quel reproche inepte ! Tant mieux, si des Tchadiens organisent des conférences en France pour présenter ou dénoncer ce qui se passe dans leur pays. On ne voit pas comment on peut se sucrer dans des conférences. C'est plutôt un risque que prennent ces gens. Rappelons que le Dr Outel Bono a été assassiné d'une balle dans la tête quand il s’apprêtait à aller tenir une conférence de presse pour annoncer la création de son parti en exil pour s'opposer à la dictature de Tombalbaye. Et dans un pays comme la France, on est obligé de régulariser sa situation. Ces hommes et femmes courageux qui s'opposent dans leur exil au pourvoir en place dans leur pays, n'ont pas d'autre choix que de demander le statut de réfugié politique qui n'est pas un statut facile à obtenir en France, il faut le savoir. Mathias Modjingar Madngar pense qu'en organisant des conférences sur le Tchad, les opposants gagnent énormément d'argent, ce qui est archifaux. Ces gens ne se sucrent pas dans les conférences. Ils sont animés seulement par la bonne volonté d'exprimer leur opinion, ce qui est plutôt encourageant. Ils aspirent au changement dans leur pays : noble aspiration. Ils sont écœurés par la mauvaise gouvernance dans leur pays et tentent de se faire entendre.Leur démarche est à saluer.Il ne faut pas s'en prendre à eux dès que la bière monte au cerveau.
 
Venons-en au second article qui tente de corroborer les affirmations dangereuses de Mathias Modjingar Madngar. "Une élue de Seine et Marne devient ministre en RCA". Je ne suis pas d'accord avec l'esprit de l'article. Qui est capable de prouver que Antoinette Montaigne, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, ignore tout de la RCA ? Comment oserait-elle s'aventurer dans un pays qu'elle ignore, dans un pays où elle risque de perdre sa vie ? Si cette femme quitte la France, en effet, avec les fonctions qu'elle occupe dans sa commune (elle gagne certainement bien sa vie en France), pour aller occuper un poste ministériel avec tous les risques dans un pays livré au chaos, il faut plutôt lire dans son comportement un certain courage, un nationalisme opiniâtre. Elle pense, en tant que Centrafricaine de la diaspora, apporter sa contribution pour le retour à la normale en participant au gouvernement de transition. Le bénéfice qu'elle tirerait en tant que ministre dans cette situation est nettement inférieur aux risques qu'elle prend. Et une fois qu'elle pensera avoir accompli sa mission, elle pourra, et elle en a le plein droit, revenir en France quand elle le voudra. Il n'y a en réalité aucune faute, aucun péché commis. 
 
Nous les Africains, nous ne savons pas ce nous voulons. En Europe, il y a beaucoup d'Africains qui ont mis une croix sur l'Afrique : ils sont devenus Français, Belges, Allemands, italiens ou Suisses à part entière avec une seule nationalité, un seul passeport. Ils font l'objet de toutes les critiques des ressortissants de leur pays d'origine. On les accuse de renier et de rejeter leurs origines, ou leur pays d'origine. Mais quand en sens inverses, quelqu'un veut rester attaché à son pays d'origine, en prenant part à certaines activités notamment politiques, des cris d'orfraie fusent de partout ! Y a-t-il vraiment un mal à ce que Antoinette Montaigne participe au gouvernement de transition en Centrafrique ? Où est le mal ?
 
Africains ! Que voulons nous ?
 
BELEMGOTO Macaoura



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