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EDITORIAL

Les législatives 2011: Des irrégularités monstrueuses (Texte intégral)


Alwihda Info | Par Alwihda Info - 18 Février 2011


Enfin, Les problèmes liés à l’organisation des élections législatives 2011 dépassent, en un mot, l’entendement. Des irrégularités monstrueuses, des insuffisances caractérisées ont entaché ce vote. Face à toutes les fausses notes relevées, la Ceni doit prendre sa responsabilité.


La Commission électorale nationale indépendante(Ceni), principale organisatrice d’élections au Tchad a failli à sa mission. Elle vient de faire preuve de sa mauvaise foi, de son incapacité et de ses limites lors de ces législatives les plus médiocres qu’a connues le pays depuis la première élection référendaire organisée en 1996.

Du recensement au vote du 13 février en passant par l’informatisation des listes électorales, l’on relève  une totale désorganisation.

 

Le processus électoral en cours dans le pays est mal géré : des incompétents associés à toutes les opérations électorales, l’affinité, le clientélisme, le militantisme, l’incohérence et la corruption constituent, entre autres, la cause majeure des ratés observés. Déjà, le citoyen lambda s’interroge bien sur les autres élections à venir par rapport au constat fait le 13 février.

 

D’innombrables problèmes enregistrés

Cette date du 13 février 2011 marque bien le jour où les Tchadiens étaient appelés aux urnes afin d’accomplir leur devoir de citoyenneté, celui de choisir leurs futurs représentants à l’Assemblée nationale.

C’est ainsi pour la troisième fois que les filles et fils du pays de Toumaï ont été soumis à cet exercice de vote législatif. Mais, force est de constater que même dans la capitale Ndjamena, les choses n’allaient pas bon train.

 

La ville de Ndjamena où siège la Ceni mère, n’a pas du tout relevé le défi électoral. D’énormes manquements ont émaillé toute l’organisation de ce scrutin. 

 Des problèmes de tous genres ont été relevés ça et là par bon nombre d’observateurs qui observent et non des observateurs de « formalités ». Alwihda Actualités était de ceux qui ont fait le tour de la capitale et qui n’ont pas douté de dresser un bilan objectif.

Sans nous tromper, nous affirmons que les élections législatives 2011 au Tchad sont entachées d’irrégularités. Il ya une désorganisation tant au niveau des ressources humaines qu’au niveau technique et logistique.

 

La plupart de bureaux de vote ont démarré tardivement surtout entre 8H et 10H voire 12H.

L’on a procédé partout au remplacement de certains membres des bureaux de vote (président et/ou rapporteur ou encore  secrétaire et/ou accesseur. Ces remplaçants étaient arrivés à peine au bout de leur mission.

 

Des isoloirs difficilement installés, des douches et chambres étaient transformées en isoloirs pour la circonstance : c’est le cas des bureaux de vote n°3 carré 8 dans le 6ème arrondissement et n°1 carré 5 et 6 dans le 3ème arrondissement.

 

Dans certains arrondissements tels que le 9ème, l’on est obligé de procéder à un nouveau recensement en même temps que le vote faute de la non disponibilité des fiches d’émargement. A cet effet, des simples cahiers ont servi de registres dans certains bureaux de vote.

 

Des électeurs sans bureau de vote ont été enregistrés à tous les niveaux, des urnes disparues faisant place aux suspicions. L’exemple patent est celui de la disparition des urnes affectées dans les bureaux de vote de Toukra Mousgoum-Dassa-Dagoré,  de l’Espace n°3 de l’école patriote et dans celui n°11 de l’école Béroua.

 

A Atrone dans le 7ème arrondissement, deux urnes bourrées de bulletins ont été déposées vers 8H dans les bureaux de vote 15 et 17.  Mais, à 9H, le contenu de ces deux urnes a été vidé et brulé sur l’ordre du public.

Une vielle dame venant de Kousseri, Cameroun, pour voter a été surprise avec 50 récépissés portés sur elle. La bonne maman avait expliqué simplement que ces récépissés lui seraient remis par un directeur de cabinet du Secrétaire général du Mps.

 

Des plaintes par rapport aux irrégularités

Si le Chef de l’Etat en tant que premier citoyen s’est dit content de voir la Ceni tenir son calendrier, ce sentiment n’est pas du goût du reste des citoyens.

Partout où Alwihda Actualités est passé, mille et une plainte ont été enregistrées : des électeurs en colère, des membres des bureaux de vote découragés et des délégués des bureaux de vote sous tension, etc.

Koulahodoum Isabelle, une électrice ayant cherché son nom de bureau en bureau, a fini par voter en fin de la matinée. « Je n’ai jamais vu un tel vote depuis ma naissance. Tout se passe dans un désordre et une totale confusion en pleine capitale de la République. », a-t-elle déploré.

 

De son coté, Daïtcha Christine a fait savoir que sa carte d’électeur lui a été remise à l’université de Ndjamena par un de ses collègues. Son collègue a indiqué que ce sont des enfants qui ont ramassé par terre près de Santana Hôtel, plusieurs cartes électorales. Les cartes lui ont été présentées par ces enfants et hasardement il a retrouvé le nom de sa collègue Christine. 

 

 

De l’avis de Lanon Padouli, électeur, la Ceni est responsable de tous les désagréments créés et manquements graves constatés lors de ce vote. « Nous sommes nombreux à ne pas accomplir notre devoir civique. L’urne de notre bureau a été volée et nous sommes maintenant à 17H 30 sans voter. », a regretté M. Padouli.

 

« Regardez, même les exemplaires des procès verbaux sont insuffisants et cela ne permettra pas à chaque délégué d’en avoir un pour son parti après la signature. Nous n’allons pas non seulement signer ces procès verbaux mais nous allons aussi bruler les urnes si la Ceni ne décante pas la situation. », menaçaient désespérément vers 17H quelques délégués de bureaux de vote situés à l’école Béroua dans le 9ème arrondissement.

 

Interrogé, Koulina Jérémie, candidat député du parti MDST, n’a pas caché sa colère. « Cela nous décourage nous autres candidats que de telles choses puissent se passer alors que la campagne était passée dans de bonnes conditions et qu’on espérait à la tenue d’un vote libre, crédible et transparent, mais en ce moment, nous constatons que des urnes ont disparu, des bureaux de vote fictifs, des électeurs empêchés injustement d’exercer leur droit de vote. Cela fait mal ; c’est une insulte à l’endroit des citoyens. », a regretté M. Jérémie. « C’est vraiment déplorable. Je suis très mécontent. Il y a des gens qui ont voté plusieurs fois avec le récépissé », a-t-il souligné.

 

La campagne électorale

Officiellement, la campagne électorale avait pris fin vendredi 11 février à minuit. Mais, des couleurs ou symboles de certains partis politiques ont continué à flotter le jour « j » du scrutin.

 

Une situation déplorable aux yeux des observateurs. Normalement, après la date butoir marquant la fin de la campagne, les affiches et autres supports de la propagande politique sont systématiquement interdits. Malheureusement, l’on a encore observé des indices ou de signes de continuation de la campagne le jour du vote comme si de rien n’était. Certains  militants des partis n’ont pas laissé tomber leurs tee-shirts ou casquettes.  Également l’on a enregistré sur certains engins à deux roues ou à quatre roues des images et messages politiques.

 

Dans certains endroits, les bureaux de vote et les représentations des partis ont continué à battre campagne sans être inquiétés. C’est le cas d’un bureau de vote à « Walia Barrière » où l’isoloir contemplait le logo d’un parti politique de l’opposition.

 

Enfin, Les problèmes liés à l’organisation des élections législatives 2011 dépassent, en un mot, l’entendement. Des irrégularités monstrueuses, des insuffisances caractérisées ont entaché ce vote. Face à toutes les fausses notes relevées, la Ceni doit prendre sa responsabilité.

 

 

Djas Le Saïnro

 




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