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AFRIQUE

Mauritanie: un coup d'Etat sans effusion de sang


Alwihda Info | Par - ҖЭBIЯ - - 6 Août 2008


Le président, le Premier ministre et plusieurs ministres ont été arrêtés par un commando militaire mené par le général Mohamed Ould Abdel AzizIl, qui venait d'être limogé. La radio et la télévision nationale ont dû cesser d'émettre. L'aéroport a été fermé. La communauté internationale condamne.


NOUVELOBS.COM

Le président mauritanien Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi (Reuters)
Le président mauritanien Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi (Reuters)
La Mauritanie victime d'un coup d'Etat

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Le président mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, et son Premier ministre, Yahya Ould Ahmed Waghf, ont été arrêtés mercredi 6 août en fin de matinée à Nouakchott par des militaires lors d'un coup d'Etat, qui s'est effectué sans effusion de sang.

Une information confirmée par la fille du président, Amal Mint Cheikh Abdallahi, qui a dénoncé un "coup d'Etat en bonne et due forme", dans un entretien à la radio RFI.

"Le président vient d'être arrêté par un commando [de militaires, ndlr], qui sont venus le chercher, l'arrêter ici et l'emmener", a-t-elle déclaré depuis la présidence à Nouakchott.
"C'est un coup d'Etat en bonne et due forme", a-t-elle ajouté.

Amal Mint Cheikh Abdallahi a précisé que la présidence était toujours occupée par des hommes en armes. "Devant le salon, notre cuisine, il y a des sentinelles armées", a-t-elle indiqué, précisant n'avoir pas entendu de coups de feu lors de l'opération.

"Je ne peux pas sortir de la résidence. La ligne du standard a été coupée", a-t-elle encore dit.
Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, démis mercredi de ses fonctions de chef d'état-major particulier du président mauritanien et de chef de la garde présidentielle, est le meneur du coup d'Etat, a affirmé le porte-parole de la présidence, Abdoulaye Mahmadou Ba.

Des proches arrêtés

Plusieurs ministres mauritaniens, dont celui de l'Intérieur, ainsi que des proches du président, ont également été arrêtés.

Le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ould R'Zeizi, est aux arrêts, ainsi que plusieurs autres ministres, selon des sources sécuritaires.

Deux hommes considérés comme proches du président ont également été arrêtés: le directeur de l'agence nationale pour l'accueil et l'insertion des réfugiés rapatriés du Sénégal et du Mali (ANEIR), Moussa Fall, et le vice-président du parti au pouvoir (PNDD), Ahmed Ould Sidi Baba, qui dirigeait également le Conseil économique et social.

Radio et télévision coupées, aéroport fermé

L'armée a bloqué dans la matinée les accès à la présidence, empêchant les fonctionnaires d'y accéder, selon des témoins.

La situation était calme dans la capitale, où aucun coup de feu ni barrage n'a été signalé.
Le chef de l'Etat, premier président démocratiquement élu (en mars 2007) depuis l'indépendance du pays en 1960, aurait été emmené dans un lieu inconnu, alors que le chef du gouvernement se trouverait dans une caserne près de la présidence.

La radio et la télévision nationale mauritanienne ont par ailleurs cessé d'émettre après que des militaires en eurent chassé le personnel, ont également indiqué des témoins.
L'aéroport international de Nouakchott a été fermé après le coup d'Etat, a-t-on également appris de source sécuritaire.

"L'aéroport est fermé. Je pense qu'il l'est pour un moment, le temps pour les nouvelles autorités de s'organiser. Les frontières n'ont pas été fermées et les communications téléphoniques nationales et internationales n'ont pas été coupées", a précisé cette source.
De nouveaux directeurs ont d'autre part été nommés à la tête de la télévision nationale et de Radio Mauritanie, a-t-on appris auprès de ces deux médias publics.

Bruxelles menace de suspendre son aide

La Commission européenne a condamné le coup d'Etat militaire en Mauritanie et pourrait suspendre son aide financière à ce pays, a fait savoir le commissaire européen au développement Louis Michel.

"Cette situation risque de remettre en question notre politique de coopération avec la Mauritanie dans le cadre de laquelle nous venons de finaliser avec le gouvernement mauritanien un programme d'appui de 156 millions d'Euro pour la période 2008 - 2013 en complément de l'assistance déjà en cours", a prévenu Louis Michel.
Le commissaire européen a "condamné fermement cette action militaire et appelé au respect de la démocratie et du cadre institutionnel légal mis en place depuis 2007 en Mauritanie".
Il a aussi "exprimé son souhait que le président et le Premier ministre retrouvent rapidement leur liberté et leurs fonctions".

Plusieurs hauts gradés limogés dans la matinée

Selon les observateurs, un changement à la tête de l'armée aurait mis le feu aux poudres.
Le président mauritanien a procédé mercredi à des changements à la tête de l'armée, de la gendarmerie et de la garde nationale marqués par le départ de généraux accusés d'être derrière la crise politique en Mauritanie, avait annoncé la radio nationale.
Selon un décret lu mercredi matin sur la radio nationale, le colonel Abdarrahmane Ould Boubacar a été nommé chef d'état-major de l'armée et le colonel Mohamed Ahmed Ould Ismail chef d'état-major particulier du président mauritanien.

Grave crise politique

Ces deux colonels devaient remplacer respectivement les généraux Ould Cheikh Mohamed Ahmed et Mohamed Ould Abdel Aziz, deux membres du conseil militaire de transition qui avaient conduit de 2005 à 2007 la transition démocratique en Mauritanie.
Selon les observateurs, ils sont accusés d'être derrière la fronde des députés et sénateurs qui ont claqué la porte du parti au pouvoir.
Un groupe de 25 députés et 23 sénateurs avaient annoncé lundi leur démission collective du Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD), la formation présidentielle.


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