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ANALYSE

N'Djamena : Qu'est-ce qui freine l'organisation citoyenne pour la propreté ?


Alwihda Info | Par Gontran Temandang - 6 Octobre 2025


La capitale tchadienne, N'Djamena, est confrontée à une crise d'insalubrité où les tas d'ordures sont monnaie courante. Ce problème, pourtant source de risques sanitaires majeurs (paludisme, choléra, diarrhées), n'est pas uniquement un échec logistique de la municipalité, mais révèle une crise de responsabilité civique profondément ancrée dans la mentalité des habitants.




 

Le "Mal" de la Déresponsabilisation Individuelle

 
Le principal obstacle à l'organisation du nettoyage est une défaillance de la prise de conscience individuelle et une mentalité d'attentisme :
  • Détachement face à l'insalubrité : Comme l'observe Tchakfené Adeline, la prise de conscience n'est pas effective chez beaucoup de N'Djamenois. Les habitants vivent « tranquilles » au milieu de la saleté, ignorant les risques sanitaires que cela engendre.
  • Rejet de la responsabilité sur la Mairie : Une grande partie de la population refuse d'agir, considérant que la propreté relève exclusivement de la Mairie. Eliazer, un observateur local, résume cette mentalité : « c'est le travail de la mairie. »
  • Manque d'Éducation Civique : Selon Bernard, le problème réside dans le manque d’éducation citoyenne dans les familles. Les gens pensent que la municipalité a la capacité de tout faire, y compris nettoyer leur devanture et leur quartier, ce qui est logistiquement impossible.
En conséquence, une partie significative des ménages contribue activement au problème en jetant leurs déchets directement dans les rues ou les caniveaux, aggravant les inondations et la pollution.
 

Les Défis Logistiques et Institutionnels

 
Si la responsabilité citoyenne est au cœur du problème, les défaillances institutionnelles aggravent la situation et justifient, pour certains, leur passivité :
  • Manque de Ressources : La mairie centrale et les communes d'arrondissement manquent de ressources, de matériel, et d'un plan directeur efficace de gestion des déchets.
  • Service de Collecte Inefficace : Le service de collecte est souvent jugé peu fiable. Les bacs à ordures ne sont pas vidés régulièrement, ce qui pousse les habitants à les démolir ou à déverser leurs déchets ailleurs.
  • Urbanisation non planifiée : L'urbanisation rapide et désorganisée de N'Djaména rend la collecte des déchets particulièrement difficile dans les zones densément peuplées.
 

Lueurs d'Espoir : L'Action Collective est Possible

 
Malgré ce tableau sombre, l'action collective est possible et existe de manière sporadique, prouvant que le changement de mentalité est l'enjeu principal :
  • Initiatives Municipales : La Mairie lance des opérations de nettoyage ciblées et des programmes misant sur la participation citoyenne, tels que les Bénévoles de N'Djamena.
  • Entrepreneuriat : De jeunes entrepreneurs se positionnent sur le créneau de l'assainissement, créant des petites entreprises de ramassage de porte-à-porte, démontrant que la propreté peut être une source de revenus et d'organisation locale.
  • Rôle des ONG : Des organisations non gouvernementales et des associations soutiennent les efforts de collecte et de valorisation des déchets.
L'enjeu pour N'Djamena est donc moins de se doter de nouveaux camions poubelles que de réussir à insuffler la notion de responsabilité partagée afin que chaque citoyen s'organise et agisse pour son « environnement vital ».

 
Comment la Mairie et la société civile pourraient-elles mieux collaborer pour ancrer l'éducation citoyenne dans les quartiers ?



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)