Depuis fin novembre, la capitale tchadienne (Chagoua, Dembé, Farcha, Moursal) vibre au rythme de ces fêtes où l'alcool est central. Le principe est simple : le public mise sur des lots (boissons, gadgets) pendant que l'alcool « coule » abondamment.
Comme le déplore Francis Nbilbé, fonctionnaire : « Ici, en décembre, l’alcool coule et l’argent s’évapore par le toit de la maison », évoquant des dépenses « impossibles à contrôler ».
Derrière l’ambiance euphorique, ce phénomène soulève des inquiétudes :
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Un Piège Social : Pour les personnes vulnérables comme Grâce, vendeuse ambulante, y participer est une tentative d'« oublier les soucis », qui se solde souvent par des pertes budgétaires difficilement justifiables.
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La Pression du Paraître : Une pression sociale forte contraint la population à participer. Selon un sociologue, « Ne pas participer, c’est être vu comme radin ou en marge », poussant la jeunesse à compromettre les finances familiales.
Les économistes tchadiens pointent le contraste criant de cette flambée des dépenses festives. Dans un pays où la précarité est marquée, la réalisation des meilleurs chiffres d'affaires de l'année par les bars s'effectue au détriment des foyers fragilisés.
En décembre, les priorités budgétaires s’inversent, sacrifiant souvent les besoins essentiels au profit de la consommation.
La régulation de cette euphorie festive est un défi délicat pour les autorités locales, qui peinent à légiférer sans froisser une population en quête de loisirs. Les initiatives de sensibilisation restent marginales, tandis que les bars attirent une clientèle toujours plus jeune.
N’Djamena vit ainsi un mois d’excès assumés. Mais si l’ivresse festive fait oublier les calculs au moment, le réveil est souvent douloureux au petit matin, lorsque l'on constate que l’argent s’est bel et bien envolé, accentuant les inégalités sociales.
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N’Djamena en Décembre : Quand l’Euphorie des Fêtes se paie au Prix de l'Équilibre Budgétaire







