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New York: le CPJ exhorte le Tchad à abroger une loi muselant la presse


Alwihda Info | Par - ҖЭBIЯ - - 18 Juin 2008


L’ordonnance, adoptée sans débat parlementaire en février dernier durant une période d’état d'urgence et de censure totale des médias, a modifié la loi sur la presse avec des dispositions qui pénalisent en faite tout reportage critique sur les sujets sensibles au Tchad, notamment les affaires gouvernementales, la rébellion armée, et les relations ethniques. Par exemple, le délit inédit l’«intelligence avec l'ennemi» est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison, tandis que l'«offense au président», est passible d'une peine maximum de cinq ans de prison (article 48).


New York: le CPJ exhorte le Tchad à abroger une loi muselant la presse


LE COMITÉ POUR LA PROTECTION DES JOURNALISTES
330 7th Avenue, 11th Fl., New York, NY 10001 USA Phone: (212) 465 1004
Fax: (212) 465 9568 Web: www.cpj.org E-Mail: [email protected]

Le CPJ exhorte le Tchad à abroger une loi muselant la presse

New York, le 9 juin 2008—Voici ci-dessous le texte d’une lettre du Comité pour
la Protection des Journalistes (CPJ) datant du 6 juin 2008 exhortant le premier
ministre du Tchad, Youssouf Saleh Abbas, à abroger une loi répressive menaçant
la presse indépendante dans son pays.


Le 6 juin 2008

Son Excellence Youssouf Saleh Abbas
Premier Ministre de la République du Tchad c/o Ambassade du Tchad aux Etats-Unis
d’Amérique
2002 R Street, NW
Washington, D.C. 20009

Fax: (202) 265-1937

Cher Monsieur le Premier Ministre,

Nous sommes encouragés par vos récentes déclarations en faveur d'une presse
privée et indépendante, et nous vous invitons maintenant à poursuivre votre
engagement dans cette lancée pour notamment l'abrogation de l’ordonnance
présidentielle N°5.

L’ordonnance, adoptée sans débat parlementaire en février dernier durant une
période d’état d'urgence et de censure totale des médias, a modifié la loi sur
la presse avec des dispositions qui pénalisent en faite tout reportage critique
sur les sujets sensibles au Tchad, notamment les affaires gouvernementales, la
rébellion armée, et les relations ethniques. Par exemple, le délit inédit
d’«intelligence avec l'ennemi» est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à
trois ans de prison, tandis que l'«offense au président», est passible d'une
peine maximum de cinq ans de prison (article 48). Le décret a également
introduit de nouvelles exigences plus strictes pour l'ouverture de journaux,
notamment le dépôt légal auprès du ministère public et du Haut conseil de la
communication.

Lors d'une rencontre avec les membres de la presse tenue le 14 mai dernier à
l'hôtel Kimpinski de la capitale tchadienne, N'Djamena, vous avez déclaré que
l’ordonnance présidentielle N°5 serait soumise à l'arbitrage parlementaire,
selon des journalistes locaux. En avril dernier, le quotidien français
Libération a d’ailleurs cité Nassour Guélendouksia Ouaïdou, le président de
l'assemblée nationale du Tchad, disant qu'il s'opposait à l’ordonnance N°5. Nous
vous appelons donc à exhorter le président Idriss Deby ainsi que les membres du
parlement à abroger cette législation liberticide pour les médias, qui porte
atteinte aux acquis démocratiques du Tchad au cours des dernières années.

Nous sommes également préoccupés par les conditions des journalistes étrangers
qui souhaitent travailler au Tchad, dans la mesure où le gouvernement a retiré
le permis de travail de la journaliste indépendante, Sonia Rolley, en mars
dernier sans explication, la forçant ainsi à quitter le pays. Mlle Rolley, qui
travaille pour plusieurs organes de presse basés en France, dont Radio France
Internationale, et l'Agence France-Presse, était la seule correspondante
permanente étrangère au Tchad, selon des recherches du CPJ. Dans un entretien
téléphonique avec le CPJ cette semaine, le nouveau ministre tchadien de la
communication, Mahamat Hissène, a déclaré qu'il ne disposait d'aucune
information sur le dossier de Mlle Rolley, soulignant que cette affaire a
précédé sa prise de fonction. Le gouvernement reçoit volontiers les demandes
d'accréditation de tout journaliste étranger, a-t-il ajouté.

Depuis sa prise de fonctions à la mi-avril, le gouvernement, sous votre tutelle,
s'est distingué dans son ton d'ouverture et de dialogue avec la presse privée.
Lundi dernier, M. Hissène a officiellement autorisé l'hebdomadaire privé Notre
Temps à reprendre sa parution, selon des journalistes locaux et des médias. Le
même jour, la radio activiste, FM Liberté, est retourné sur les ondes pour la
première fois depuis le 16 janvier dernier, lorsque la police avait sommairement
fermé la station, a dit au CPJ son directeur de programme, Eleyakim Dokpane
Vanambyl. La plupart des journalistes qui avaient fui N’Djamena par crainte de
représailles du gouvernement en début février suite à un raid des rebelles sur
la capitale, sont également retournés au pays, selon des recherches du CPJ.

Vos récents commentaires en faveur de la liberté de la presse ont mis un terme à
une série de déclarations hostiles contre la presse indépendante de la part de
hauts responsables tchadiens, selon des journalistes locaux. Dans une interview
télévisée en mars dernier avec la chaîne internationale française, France24, par
exemple, le président Idriss Deby avait déclaré: «Il y'a évidemment des
journalistes tchadiens qui ressemblent un peu à la radio des mille collines de
1994 qui a allumé le génocide au Rwanda ».

L'Agence de presse africaine (APA) basée au Sénégal vous a cité déclarant le 14
mai que la presse privée «n'est pas et ne sera pas un adversaire» de votre
gouvernement. «Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider la presse
privée, car elle est un élément important pour notre démocratie», a rapporté
l'agence, en vous citant.

En tant qu'organisation impartiale à but non lucratif de journalistes, dévouée à
soutenir nos collègues dans le monde entier, nous aimerions encourager votre
gouvernement à poursuivre sa lancée de promotion d’une culture de dialogue avec
la presse indépendante. Nous vous invitons ainsi à œuvrer d’avantage, comme vous
avez eu à le faire, pour permettre à la presse de travailler librement dans
votre pays comme elle le faisait jadis. L’abrogation de l’ordonnance N°5 serait
impérative à la réalisation ce but.

Merci de l'attention que vous prêtez à cette question. Nous attendons votre
réponse.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de nos sentiments
distingués.
Joël Simon
Directeur exécutif
CPJ

Ampliations:
S.E. Nassour Guélendouksia Ouaïdou, Président de l'Assemblée Nationale du Tchad
S.E. Mahamoud Adam Bachir, Ambassadeur du Tchad aux Etats-Unis d’Amérique S.E.
Mahamat Ali Adoum, Représentant Permanent du Tchad aux Nations Unies S.E. Louis
J. Nigro, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Tchad S.E. Bruno Foucher,
Ambassadeur de France au Tchad Rama Yade, Secrétaire d’Etat française des
Affaires étrangères et aux droits de l’Homme Faith Pansy Tlakula, Rapporteur
Spécial sur la liberté d’expression en Afrique Reine Alapini-Gansou, Rapporteur
Spécial sur les défenseurs des droits de l’homme en Afrique American Society of
Newspaper Editors Amnesty International Article 19 (United Kingdom) Artikel 19
(The Netherlands) Canadian Journalists for Free Expression Freedom Forum Freedom
House Human Rights Watch Index on Censorship International Center for
Journalists International Federation of Journalists International PEN
International Press Institute Michael G. Kozak, U.S. Assistant Secretary for
Democracy, Human Rights, and Labor The Newspaper Guild The North American
Broadcasters Association Overseas Press Club

Le CPJ est une organisation indépendante à but non lucratif, dévouée à la
défense de la liberté de la presse dans le monde entier. Pour plus
d'informations, veuillez visiter www.cpj.org



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)