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Procès Habré: "Il n'y a pas une femme arrêtée et qui échappe à cette forme de torture sexuelle"


Alwihda Info | Par Adil Abou - 23 Octobre 2015


Des jeunes filles entre 12 et 17 ans arrêtées, transférées à l'ancienne base militaire libyenne de Waddi Doum (au nord du Tchad), n'ont pas échappé aux abus sexuels.


« Hissene Habre 2066 » par Rama — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 2.0 fr via Wikimedia Commons - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hissene_Habre_2066.jpg#/media/File:Hissene_Habre_2066.jpg
« Hissene Habre 2066 » par Rama — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 2.0 fr via Wikimedia Commons - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hissene_Habre_2066.jpg#/media/File:Hissene_Habre_2066.jpg
Le procès de l'ancien dictateur Hisène Habré a pris une tournure sexuelle, un déballage sur la place publique qui a ému jusqu'à la défense qui n'était pas trop bavard comme d'habitude pour matraquer les victimes par des questions "embêtantes". A la barre cette semaine, Khadija Hassan Zidane, Fatimé Sakine, Hadjé Merami, Haoua Brahim..., anciennes détenues de la fameuse police politique (la DDS), elles reconnaissent, les larmes aux yeux, qu'elles étaient abusées sexuellement par ceux qui sont sensés les garder en prisons. C'est le scandale sexuel du procès. Des jeunes filles entre 12 et 17 ans arrêtées, transférées à l'ancienne base militaire libyenne de Waddi Doum (au nord du Tchad), n'ont pas échappé aux abus sexuels. En un mot, elles étaient des esclaves sexuelles pour polices et militaires. A la question d'un des avocats de la défense si elles étaient des esclaves sexuelles, Fatimé Sakine arrêtée à 17 ans, dit avoir passé un an et demi en prison, torturée, insultée par les gardiens ; a répliqué sans détour que les détenues l'appelaient " Mme Saleh Younous". Ceci explique cela. Saleh Younous était le Directeur général de la DDS (police politique). "Il n'y a pas une femme arrêtée et qui échappe à cette forme de torture sexuelle", a expliqué difficilement Hadjé Merami. Hawa Brahim arrêtée à l'âge de 13 ans avec sa mère s'est refusée de tout commentaire sur ce sujet. C'était une manœuvre difficile pour une musulmane d'avouer qu'elle a subi des sévices sexuelles, a souligné Fatimé Sakine, la plus bavarde sur ce sujet.  De toutes ces révélations de sexe, celle de Khadija Hassan Zidane a hébété la salle. Lors de sa comparution, mardi,  Khadija Hassan Zidane
a fait une révélation qui a surprit plus d’un. "Hissène Habré m’a violée quatre et m’a même forcée à avaler son sperme, a déclaré Khadija Hassan Zidane. Puis elle rentre dans un détail déconfortant. "C’était à la Présidence, lors de ma détention. C'est Brahim Djidda (ancien directeur de la Sûreté nationale) qui est venu me chercher. Il m’a conduite dans une pièce où il y a trois chaises. Après m’avoir posé une série de questions, Hissein Habré a demandé à tout le monde de sortir. Il m'a prise par les cheveux avant de me pousser par terre. J’ai essayé de résister, mais fatiguée, j'ai fini par lâcher. C'est ainsi qu'il a abusé de moi. Il m'a violée quatre fois de suite. A la quatrième fois, il m’a forcée à avaler son sperme", répondait Khadija Hassan Zidane à la question de Me Delphine Djiraïbé Rechercher Me Delphine Djiraïbé , avocate de la Partie civile.

"Pour moi, il n’y a rien à cacher. J’étais torturée et abusée sexuellement par Hissène Habré et ses proches", répond-elle. "Êtes-vous consciente de la gravité des accusations que vous portez contre l’accusé (Habré) ?", lui demande l’un de ses avocats, Me Yaré Fall. "S’il ne m’a rien fait, pourquoi devais-je effectuer un déplacement jusqu’ici et porter de telles accusations contre lui ? Va-t-on me décerner une médaille ? Je suis une musulmane, je sais qu'il y a le jour du jugement dernier", lance-t-elle répondant à la question de Me Assane Dioma Ndiaye .  N'eut été le refus du juge,
Khadija Hassan Zidane  a voulu se déshabiller en public pour montrer des séquelles vaginales.

Un autre crime horrible contre l'humanité s'ajoute au registre noir de l'ancien dictateur tchadien qui - malgré les témoignages émouvants des femmes humiliées par leurs geôliers - non seulement, il n'a pas l'air de broncher, mais il a continué, à sa sortie de l'audience, de lever le bras de victoire, pendant qu'une dizaine de partisans applaudit. Aura-t-il un jour, une fois, l'idée de condamner au moins de regretter ces crimes sexuels ou continuera t-il, par son silence de cautionner ces actes horribles d'un autre âge? Wait and see!

Hissène Habré est soupçonné d'être responsable de la mort de presque 40 000 personnes.
En janvier 1992, après le renversement du régime Habré, plusieurs fosses communes ont été découvertes à 25 km de la capitale. Certaines fosses contenaient jusqu'à 150 squelettes des détenus exécutés par la tristement célèbre police politique (DDS). Le rapport de la commission d'enquête comptabilise quelque 80 000 orphelins produits par la terreur du régime Habré.
Des poursuites contre lui sont engagées en Belgique en application de la loi de compétence universelle qui, bien qu'abrogée en 2003, s'applique dans ce cas précis (certains plaignants ayant acquis la nationalité belge). Un mandat d'arrêt international, assorti d'une demande d'arrestation immédiate, est délivré par la justice belge le et transmis aux autorités sénégalaises. Après son arrestation le 15 novembre et une garde à vue de quelques jours, Hissène Habré est relâché, la justice sénégalaise s'étant finalement déclarée incompétente et l'affaire portée au niveau de l'Union africaine.
En juillet 2006, le Sénégal est mandaté par l'Union africaine pour juger Hissène Habré pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et actes de torture. Le Sénégal a alors engagé une série de réformes législatives et adopté un amendement constitutionnel afin de juger l'ancien dictateur tchadien. Les autorités sénégalaises ont cependant suspendu leur action judiciaire à la prise en charge, par la communauté internationale en général et à l'UA en particulier, de la totalité des fonds nécessaires pour le procès, estimée à 27,4 millions d'euros[[10]]url:https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiss%C3%A8ne_Habr%C3%A9#cite_note-10 .
Le , il est condamné à mort par contumace pour crimes contre l'humanité par un tribunal de Ndjamena.
Le , Reed Brody annonce l'imminence de son procès[[11]]url:https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiss%C3%A8ne_Habr%C3%A9#cite_note-11 .
Le , il est placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte par un tribunal spécial devant le juger[[12]]url:https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiss%C3%A8ne_Habr%C3%A9#cite_note-12 ,[[13]]url:https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiss%C3%A8ne_Habr%C3%A9#cite_note-13 .
Hissène Habré est jugé à partir du , à Dakar par les Chambres africaines extraordinaires, juridiction spéciale créée par le Sénégal et l’Union africaine [[14]]url:https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiss%C3%A8ne_Habr%C3%A9#cite_note-14 , un procès qui n'aurait pu avoir lieu sans l'intervention de l'avocat Reed Brody, un des conseillers et porte-parole de Human Rights Watch [[15]]url:https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiss%C3%A8ne_Habr%C3%A9#cite_note-15 .

Source: wikipedia.org
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