Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
INTERNATIONAL

Sécurité sanitaire et alimentaire : un milliard de personnes en péril faute d'accès à la climatisation et la réfrigération


Alwihda Info | Par AMA - 9 Novembre 2019


Les données montrent que dans 12 pays d’Afrique, plus de 60 % de la population est exposée à un risque élevé de rupture de la chaîne du froid pour les aliments sains et les vaccins efficaces.


Sécurité sanitaire et alimentaire : un milliard de personnes en péril faute d'accès à la climatisation et la réfrigération.
Sécurité sanitaire et alimentaire : un milliard de personnes en péril faute d'accès à la climatisation et la réfrigération.
ROME, Italie - Alors que les températures atteignent de nouveaux records partout dans le monde, de nombreuses populations africaines n’ayant pas accès à la climatisation et la réfrigération se retrouvent en danger, selon le rapport de recherche « Chilling Prospects: Tracking Sustainable Cooling for All 2019 » publié aujourd’hui par Sustainable Energy for All (SEforALL).

Ce nouveau rapport met en lumière le défi que représente l’accès aux solutions de refroidissement, le pic potentiel de la demande mondiale d’énergie que cela pourrait créer et les profondes répercussions sur le climat si des technologies inefficaces sont utilisées. Il montre que la sécurité publique en termes de santé, de soins, de médicaments et d’approvisionnement en nourriture sont compromis pour 1,05 milliards de personnes dans les zones pauvres rurales et urbaines, en raison d’un manque d’accès à ces solutions de refroidissement.

Il s’agit d’un défi particulier pour l’Afrique, avec des populations importantes dans 12 pays africains identifiés comme les plus à risque. Les pays africains dont plus de 60 % de la population est en danger sont l’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, Djibouti, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Nigeria, le Sud Soudan et le Togo.

Le rapport constate également que le taux de croissance de ces pays à haut risque est sensiblement plus élevé que le taux de croissance démographique. Alors que la croissance démographique en Afrique est en moyenne de 5,7 %, le taux de croissance prévu pour ces pays à haut risque, du fait de l’absence d’accès aux solutions de refroidissement, est de 19,1 % pour les citadins pauvres (ceux qui vivent principalement dans des bidonvilles urbains) et de 28,7 % pour les ruraux pauvres (ceux qui vivent dans des zones rurales et en grande partie sans accès à l’électricité).

Cette augmentation des risques semble être due à l’urbanisation rapide, qui attire les populations des zones rurales pauvres, exerce de plus en plus de pression sur les bidonvilles urbains pour les accueillir, et à un manque d’accès à l’électricité.

« Alors que l’urbanisation du monde s’accélère et que les températures ne cessent d’augmenter, nous risquons d’observer une augmentation significative du nombre de personnes n’ayant pas accès une climatisation et une réfrigération durable », explique António Mexia, président du conseil d’administration de SEforALL et PDG de Energias de Portugal (EDP). « D’ici 2030, le coût des pertes de productivité atteindra les 2 billions de dollars américains, et ce sont les pays en développement qui enregistreront la plus grosse « pénalité de productivité » puisque ces pays font face à des températures records, au manque d’accès à la climatisation et à la réfrigération et pâtissent d’une croissance économique à la traîne et de l’inégalité aggravée face aux systèmes mondiaux de refroidissement.

Le rapport de cette année, le deuxième de la série Chilling Prospects, met en avant la croissance du nombre de « pauvres urbains », vivant dans des villes mais sans accès fiable à l’électricité qui sont plus vulnérables face au déficit d’accès à la climatisation et à la réfrigération. 680 millions de personnes vivant dans les bidonvilles ont peu ou pas accès aux solutions de rafraichissement pour se protéger lors des vagues de chaleur : soit une augmentation de 50 millions de personnes au cours de l’année écoulée, auxquelles viennent s’ajouter 365 millions de personnes vulnérables supplémentaires vivant cette fois dans les zones pauvres rurales. On enregistre aussi 2,2 milliards de personnes issues de la classe moyenne inférieure qui ne peuvent s’offrir que des climatiseurs bon marché, à faible efficacité énergétique susceptibles de créer des pics de demande mondiale en énergie avec des conséquences négatives pour le climat.

Brian Dean, Directeur des systèmes de climatisation et réfrigération, et de l’efficacité énergétique à Sustainable Energy for All, a souligné le besoin de considérer l’accès à ces solutions comme un droit : « Dans un monde qui doit faire face au réchauffement des températures et aux conséquences mortelles du changement climatique, l’accès à la climatisation et à la réfrigération ne peut plus être considérer comme un luxe. Lors d’une vague de chaleur, ces systèmes de rafraîchissement peuvent faire la différence entre la vie et la mort pour les enfants ou les personnes âgées. La climatisation et la réfrigération permettent d’assurer la productivité des employés, la conservation fiable des aliments et de leur valeur nutritionnelle par les familles, la vaccination efficace des nourrissons dans une clinique rurale. Fournir l’accès à une climatisation et une réfrigération durable relève de l’équité, laquelle permet à des millions de personnes d’échapper à la pauvreté et soutient les objectifs du développement durable. »

Publié lors de la réunion des parties au Protocole de Montréal (MOP 31) à Rome en Italie, le rapport de cette année dresse l’inventaire des avancées accomplies durant l’année précédente, met en avant de nouvelles solutions pour faciliter l’accès aux solutions de refroidissement durable et incite les gouvernements, le secteur privé et les acteurs financiers du développement à travailler ensemble dans le but de réduire le nombre de personnes exposées aux risques liés au défaut d’accès à la climatisation et à la réfrigération. Ce rapport fournit aussi un nouvel outil aux gouvernements, aux ONG et aux institutions de développement intitulé, Outil d’évaluation des besoins en rafraîchissement pour tous (« Cooling for All Needs Assessment » en Anglais), et qui permet d’évaluer efficacement les demandes en climatisation et en réfrigération à partir de normes de confort, de sécurité, de besoins nutritionnels et sanitaires.

Les conclusions principales du rapport 2019 sont :
  • Dans 52 pays à haut risque, 365 millions de personnes vivant en zone rurale et 680 millions de personnes dans les bidonvilles sont en danger pour cause du manque d’accès à une alimentation et à des médicaments sains et surs dans les zones pauvres rurales et du peu ou pas d’accès à la climatisation pour se protéger d’une vague de chaleur dans les bidonvilles.
  • 2,2 milliards de personnes sont exposées à différents risques, comme la classe moyenne inférieure grandissante dans les pays en développement, qui ne peut se permettre d’acheter que des climatiseurs bon marche et inefficaces, ce qui a pour conséquence l’augmentation de la demande en énergie et des émissions carbone.
  • A travers les 52 pays à haut risque, au moins 3,2 milliards de personnes font face à un manque d’accès à la climatisation et à la réfrigération en 2019. 
  • D’importantes concentrations de populations rurales à haut risque demeurent en Afrique subsaharienne, en particulier au Mozambique, au Nigeria et en Ouganda. Les villes à travers le monde s’étendent et se réchauffent, ayant pour conséquence l’augmentation de la pression sur leurs systèmes électriques pour offrir des solutions de rafraichissement durable.
De nombreux pays ne possèdent pas de programme national destiné à la climatisation et la réfrigération qui doivent permettre d’investir dans les infrastructures nécessaires pour fournir une climatisation et réfrigération domestique et commerciale, qui s’attaquent aux conséquences climatiques d’une climatisation et une réfrigération inefficaces, et qui mettent en place des chaînes de froid qui assurent la sécurité alimentaire, médicale et sanitaire. Le rapport Chilling Prospects propose également une série de recommandations pragmatiques, complétée par des ressources, afin de permettre aux décideurs, aux fonds de développement, et au secteur privé d’améliorer l’accès à la climatisation et à la réfrigération. Il faudrait notamment que :
  • Les décideurs politiques développent et implémentent un programme national exhaustif destiné à la climatisation et à la réfrigération, qui protège les populations les plus vulnérables, et qui utilise le document d’Evaluation des besoins en climatisation et réfrigération pour tous, afin d’évaluer la demande et les solutions agrégées.
  • Les bailleurs, les acteurs et financiers du développement privilégient les populations plus vulnérables. Pour cela, ils doivent exploiter un éventail varié d’outils financiers afin de délivrer un accès universel à la climatisation et à la réfrigération. Il existe également un besoin évident de suivre les flux financiers au service des populations à risque et destinés à l’accès à la climatisation et à la réfrigération.
  • Les industries et le monde des affaires doivent s’assurer de leur efficacité et de leur accessibilité à la « base de la pyramide », à travers un développement des compétences, de la maintenance et de la formation des techniciens.
  • En plus de leur soutien aux programmes politiques au niveau national, les autorités citadines et locales doivent utiliser l’Evaluation des besoins en climatisation et réfrigération pour tous afin d’identifier les actions prioritaires à prendre afin de protéger les populations les plus vulnérables. 
Le rapport a été produit en partenariat et soutenu par le Kigali Cooling Efficiency Program (K-CEP). La recherche de Chilling Prospects fait partie de l’initiative de climatisation et réfrigération pour tous de SEforALL, qui a développé le rapport en partie grâce à la participation d’un groupe d’experts en matière d’accès à la climatisation et la réfrigération. 



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)