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Tchad: 72 morts lors de l'arrestation d'un 'gourou' jihadiste


Alwihda Info | Par - ҖЭBIЯ - - 3 Juillet 2008


Dimanche, quelque 700 fidèles du Cheikh Ahmet Ismael Bichara "ont investi" la localité de Kouno (300 km sud-est de N'Djamena) "brûlant 158 cases, quatre églises, un dispensaire et la gendarmerie", selon le le ministre tchadien de l'Intérieur Ahmat Mahamat Bachir


Tchad: 72 morts lors de l'arrestation d'un 'gourou' jihadiste

N'DJAMENA (AFP) — Un chef islamiste, "gourou suicidaire" voulant "propager la guerre sainte jusqu'au Danemark" a provoqué dimanche la mort dans le sud du Tchad de 68 adeptes et de 4 gendarmes, en refusant de se rendre après avoir investi un village et brûlé ses cases et églises.

"C'est ce que le Coran m'a dit de faire. Tout musulman doit faire la guerre sainte", a affirmé Cheikh Ahmet Ismael Bichara, âgé de 28 ans et originaire de Mongo (centre du Tchad) lors de sa présentation mercredi à la presse à N'Djamena où il a été transféré après son arrestation.

Petite barbe, taille moyenne, djellabah blanche, le Cheikh, menotté, paraissait tranquille et détaché, sûr de son fait, selon le correspondant de l'AFP présent au commissariat central où ont également été présentés 7 de ses lieutenants.

"Je demande à tous les musulmans de se préparer pour engager une guerre sainte contre les chrétiens et les athées. Moi et mes hommes, nous sommes organisés pour déclarer une guerre sainte au Tchad jusqu'au Danemark", a-t-il écrit dans un manifeste lu aux journalistes sans préciser si l'attaque avait pour motivation la publication de caricatures du prophète Mahomet dans la presse danoise.

Dimanche, quelque 700 fidèles du Cheikh Ahmet Ismael Bichara "ont investi" la localité de Kouno (300 km sud-est de N'Djamena) "brûlant 158 cases, quatre églises, un dispensaire et la gendarmerie", selon le le ministre tchadien de l'Intérieur Ahmat Mahamat Bachir

Une mission officielle "a été dépêchée" sur les lieux mais le prédicateur se disant "envoyé de Dieu et n'ayant pas à discuter avec l'Etat", a refusé de la recevoir, selon le ministre.

Le cheikh a même lancé l'assaut contre la délégation. "C'est alors que les gendarmes pour se défendre ont d'abord tiré des gaz lacrymogènes, mais en face d'eux les assaillants étaient armés de gourdins, de flèches empoisonnées et de sabres", a expliqué le ministre pour justifier l'utilisation d'armes à feu.

"Les forces de l'ordre ont également pu libérer 90 femmes et 121 enfants pris en otage par ce jihadiste", a poursuivi le ministre de l'Intérieur.

Quatre gendarmes ont également été blessés.

De source officielle, Ahmet Ismael Bichara a "fréquenté différentes écoles coraniques": "Il a versé dans l'extrémisme, et il est en désaccord avec le Conseil supérieur des affaires islamiques du Tchad. Lui et ses fidèles se sont enfermés dans leur raisonnement de faire la guerre sainte. C'est le type de gourou suicidaire".

"C'est cette attitude qui les a poussés ses adeptes et lui à lancer son assaut contre les forces de l'ordre", a estimé le ministre de la Communication Mahamat Hissène.

"Il a tourné tout le monde en dérision. Il croit parler avec le prophète", a quant à lui affirmé Jean Alingvué Bawoyeu le ministre de la Justice. Il a ajouté qu'une "enquête judiciaire est ouverte, une équipe d'enquêteurs est envoyée sur le terrain pour faire toute la lumière et le jugement sera fait devant le peuple tchadien".

"Je lance un dernier avertissement, en leur demandant de se conformer à la Constitution. Le Tchad est un Etat laïc, un et indivisible. Je mets en garde quiconque qui sortirait de ce cadre de la laïcité de l'Etat", a encore averti le ministre de l'Intérieur.

Avec 9,9 millions d'habitants dont 80% vivent en zone rurale, le Tchad, un des pays les plus pauvres de la planète, est déjà secoué par des rébellions sporadiques à l'est qui tentent régulièrement de renverser le gouvernement.

L'attaque s'est produite dans le sud animiste chrétien. Le nord est à prépondérance musulmane. Jusqu'à présent, les différentes communautés religieuses, musulmane et chrétienne, cohabitaient plutôt pacifiquement, souvent dans les mêmes villages. Les deux religions sont présentes à Kouno.


Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)