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ANALYSE

Tchad : À N’Djaména, l’argent-calmant est-il un danger pour l’éducation des enfants ?


Alwihda Info | Par Gontran Temandang - 27 Septembre 2025


À N’Djaména, une pratique parentale interpelle les observateurs sociaux : l'introduction précoce et parfois forcée de l'argent dans la vie des enfants. Utilisé comme un outil pour les calmer, les récompenser ou, plus simplement, pour gérer leurs émotions, cet accès facile et immédiat à l'argent liquide pourrait être un terreau fertile pour des comportements délinquants à l'âge adulte.


Illustration © Ecomatin
Illustration © Ecomatin


 

Le piège de la satisfaction immédiate

 
Le constat est paradoxal : en voulant initier leurs enfants à la valeur monétaire ou leur faciliter la vie, certains parents créent une association forte entre argent et gratification immédiate.
 
Selon des témoignages recueillis, « certains parents remettent de petites sommes à leurs enfants, leur recommandant d'acheter des bonbons, des biscuits, du yaourt ou du jus. » L'enfant associe rapidement l'argent à la satisfaction instantanée de ses désirs, développant non pas un amour inné pour l'argent, mais une dépendance à ce moyen pour obtenir ce qu'il veut. Cette dynamique détourne l'éducation des notions fondamentales d'effort, de patience et de gratification différée.
 

L'escalade du risque et la délinquance

 
Le problème s'accentue avec la croissance de l'enfant. Les besoins et les désirs évoluent et les petites sommes ne suffisent plus. L'habitude d'obtenir facilement ce qu'il veut, ancrée depuis le plus jeune âge, se heurte alors à la réalité des ressources limitées ou de l'obligation de gagner l'argent par le travail légal.
 
C'est à ce stade que le glissement vers la délinquance devient une menace. Selon Amandine, une habitante de Habena, « L'enfant de notre voisin étant tellement habitué à l'argent, il a commencé à prendre l'argent de ses parents sans leur avis. » Des observateurs sociaux dans les quartiers comme Chagoua et Habena confirment que cette escalade peut malheureusement conduire un nombre non négligeable d'individus à s'orienter vers le vol ou le banditisme pour maintenir leur niveau de vie ou satisfaire leurs envies croissantes.
 
Les conséquences touchent également les jeunes filles. Une fois le « goût de l'argent » installé, les adolescentes peuvent chercher à obtenir des fonds par tous les moyens, s'exposant à la prostitution ou à l'escroquerie. La mère Liliane se lamente : « Ma fille a encore 14 ans, mais elle aime trop l'argent, tous les jours maman donne-moi 200 ou 500 f je veux payer ceci je veux payer cela, hum ! »
 

Plaidoyer pour une éducation financière responsable

 
Face à ce constat, la nécessité d'une éducation financière plus saine et responsable à N'Djaména s’impose. Il ne s'agit pas de diaboliser l'argent, mais de réévaluer sa fonction éducative au sein du foyer.
 
L'argent doit cesser d'être un simple calmant pour devenir un outil dont l'acquisition et la gestion nécessitent effort, patience et compréhension de la valeur réelle des choses.
 
Les parents sont invités à :
  • Privilégier la gratification différée : enseigner la patience et la planification.
  • Associer l'argent à la responsabilité : lier l'octroi de petites sommes à la réalisation de tâches ou à l'épargne.
  • Utiliser des méthodes non-monétaires pour la gestion des émotions et les récompenses.
L'avenir de la jeunesse tchadienne dépend en partie de cette prise de conscience. Les parents sont invités à regarder au-delà de la facilité immédiate pour construire une base de valeurs solides.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)