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POLITIQUE

Tchad: Conseil National Statutaire de l'UNDR des 11 et 12 janvier 2008


Alwihda Info | Par Җ€BIЯ ® - 17 Janvier 2008


Arrestations de journalistes et des défenseurs des droits humains, et censure des journaux privés font de nouveau partie des pratiques courantes. Le pouvoir étale ainsi ses tendances anti-démocratiques et, si nous ne lui barrons pas la route, nous n’aurons que nos larmes à verser.


Tchad: Conseil National Statutaire de l'UNDR des 11 et 12 janvier 2008
Union Nationale pour le Développement et le Renouveau
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PAIX -DISCIPLINE -TRAVAIL
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CONSEIL NATIONAL STATUTAIRE
11-12 JANVIER 2008

DISCOURS D'OUVERTURE DU PRESIDENT NATIONAL



Camarades,

Comme chaque année, nous voici réunis en Conseil national statutaire de notre grand Parti, l'UNDR. Avant tout, permettez moi de sacrifier aux rites du début de l'année pour souhaiter à chacune et à chacun d'entre vous, ainsi qu'à vos familles, une bonne et heureuse année 2008 ; que DIEU le Tout Puissant vous donne la force, les moyens et la santé nécessaires pour accomplir tous vos vœux cette année. Nous ne nous lasserons jamais d'exprimer les mêmes vœux pour le Tchad, notre beau et grand pays et son grand peuple, même si beaucoup de compatriotes ont cessé d'y croire, par lassitude, désenchantement ou résignation.

Je me demande d'ailleurs si nos dirigeants en ont conscience et s'ils savent que la pire des choses est de diriger un peuple résigné : on crie dans le désert, on croit être suivi alors que personne n'est avec vous, on croit être entendu alors que personne ne vous écoute. Telle est malheureusement la situation de notre pays où tout le monde a cessé de croire dans les dirigeants et attend le changement. Il y a en effet, entre les dirigeants et le peuple, une rupture profonde aggravée ces derniers temps par des incartades, des intimidations et des menaces en tous genres qui polluent notre vie quotidienne. La méthode choisie pour rallier le peuple, y compris celle du terrorisme verbal, n'est assurément pas payante. Nous en avons vu la démonstration dans les meetings de la semaine dernière, marqués tous par une absence de spectateurs, malgré les moyens mobilisés à cet effet. Les manifestations sur ordre suivies de fermetures de bureaux et des commerces les jours ouvrables, les démonstrations de patriotisme en chœur et sans conviction nous rappellent la triste période du parti unique, alors que nous sommes censés être en démocratie.

Pouvait-il d'ailleurs en être autrement, avec ce Gouvernement, le plus nul de ces dix huit années de régime MPS ? Evidemment ; il comble ses lacunes par l'arrogance et il passe son temps à nous narguer et à nous défier. Bref il brasse beaucoup d'air et fait du tintamarre ! Du premier au dernier, les membres de ce gouvernement ne sont que des laudateurs, des zélés, des hagiographes, bref des griots qui passent leur temps à chanter les louanges du chef, au lieu de l'assister objectivement et lui donner des conseils avisés.

C'est dans cette logique que nous vivons les graves atteintes aux libertés individuelles et collectives de ces dernières semaines. Chassez le naturel, il revient au galop, dit l'adage. Les espaces de liberté laborieusement conquis ces dernières années sont malheureusement en train d'être de nouveau confisqués. Arrestations de journalistes et des défenseurs des droits humains, et censure des journaux privés font de nouveau partie des pratiques courantes. Le pouvoir étale ainsi ses tendances anti-démocratiques et, si nous ne lui barrons pas la route, nous n'aurons que nos larmes à verser.


Tchad: Conseil National Statutaire de l'UNDR des 11 et 12 janvier 2008
Les larmes, les Tchadiens en versent malheureusement trop et l'ont beaucoup fait en 2007qui a été encore ponctuée d'affrontements fratricides meurtriers dont personne ne nous dira jamais combien de Tchadiens en sont morts. Cette guerre interminable est unanimement condamnée et coûte trop cher au pays.

D'autres maux minent le pays. L'Etat continue d'être sacrifié sur l'autel de l'incompétence, de la corruption, de la mauvaise gouvernance, de la concussion, de la gabegie, et j'en passe. Quand on observe le fonctionnement actuel de l'administration tchadienne, on est bien obligé de se demander dans quel Etat et dans quel siècle nous vivons, et s'il y a encore véritablement un Etat au Tchad ? Le constat n'est certes pas nouveau car nous n'avons eu cesse de dénoncer cette machine qui, lentement mais sûrement, a fini par démanteler et désagréger totalement l'Etat tchadien, sous les regards complices de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux qui ne tarissent pas d'éloges sur notre gouvernement. L'Etat tchadien, ce sont les recrutements illégaux, les nominations de personnes notoirement incompétentes et dont les seules références sont la tribu et le faux diplôme scanné ; c'est aussi l'engorgement de l'administration, particulièrement les régies financières, par les copains, les coquins et les cousins, souvent illettrés, placés uniquement pour se servir et piller.

Pendant ce temps, le petit peuple croupit dans une misère qui grandit tous les jours. Les pontes du régime, toujours les mêmes, s'enrichissent de façon ostensible et insolente, sans raison. Nous avons même l'impression que ceux-là se sont plus vite enrichis que l'Etat. Le quadruplement, voire le quintuplement ces derniers mois du prix du pétrole nous passe sous le nez et profite à une infime minorité. Les caisses de l'Etat qui devaient être bourrées à craquer sont désespérément vides. L'énorme surplus des ressources pétrolières devrait pourtant profiter à tous les Tchadiens, en particulier aux agents de l'Etat dont les salaires doivent être sensiblement augmentés pour leur permettre de vivre mieux. Les prestations sanitaires et sociales doivent augmenter et le système éducatif s'améliorer, avec des salles de classe moins engorgées, des matériels didactiques en nombre suffisant et des enseignants plus nombreux et qualifiés. Les infrastructures routières et autres devraient gagner en qualité pour être durables. Mais tous ces soucis de bonne gouvernance ne sont pas au programme du gouvernement qui passe plutôt son temps à ne s'intéresser qu'aux activités lucratives.

Camarades,

Au plan politique, 2007 aura malheureusement été l'année des rendez-vous manqués. Les partenaires et les voisins du Tchad ont tout mis en œuvre pour nous aider et amener les différentes composantes du pays à s'entendre. Plusieurs accords ont ainsi été signés, pour une fois, avec tous les mouvements armés d'une part, et l'opposition démocratique, d'autre part. Cette ultime chance a encore été gâchée. Aussi, devons-nous interpeller le président Idriss Déby Itno à qui nous disons respectueusement ceci : un chef d'Etat digne de ce nom ne doit reculer devant aucun obstacle pour faire la paix ; rien ne doit le décourager quand il s'agit de l'unité de ses compatriotes et personne ne doit l'en dissuader ! Et si vraiment le président Déby aime son pays –nous n'avons d'ailleurs pas de raison d'en douter- qu'il se mette davantage à l'écoute de son peuple pour entendre l'appel à la paix, le vrai appel pour la vraie paix, que les Tchadiens entonnent de toutes leurs forces.

Nous allons également interpeller deux pays, la France et le Soudan qui jouent un rôle important dans nos problèmes. Depuis l'indépendance, la France entretient au Tchad une base militaire excessivement coûteuse au contribuable français, néfaste et nuisible à l'unité des Tchadiens et sans effet visible sur le développement du Tchad. Près de 50 ans après l'indépendance, on peut légitimement se demander à quoi sert l'armée française au Tchad, sinon qu'à maintenir au pouvoir des despotes et des potentats ? En cette période critique, nous sommes en droit de dire à la France qu'elle peut contribuer de façon plus positive au retour de la paix dans notre pays, afin qu'elle puisse participer de façon plus efficiente à l'essor du Tchad.

Quant au Soudan, faut-il le rappeler, il a toujours cherché, et réussi, à maintenir le Tchad dans un état de déstabilisation chronique, quitte à y entretenir une guerre permanente. C'est le Soudan qui a installé Hissein Habré au pouvoir, pour l'en chasser huit ans après ; c'est le même Soudan qui a installé Déby à la tête du Tchad en prenant le soin de l'encadrer soigneusement dans l'armée et l'administration par des milliers de Soudanais de service. Visiblement, le contrat a été rompu et le Chef de l'Etat tchadien est menacé depuis trois ans. Cette politique négative pose des problèmes d'avenir car, unis demain, les Tchadiens seront en mesure de demander des comptes au Soudan. C'est précisément pour préserver notre avenir commun que nous demandons à nos frères soudanais de cesser de s'immiscer dans nos affaires et de nous aider à régler nos problèmes.

Et pourtant, je crois qu'il ne faut pas insulter l'avenir et oeuvrer pour calmer les clameurs bellicistes claironnées un peu partout ces jours-ci ; il faut sauver la paix et la fraternité tchado- soudanaise. Pour ce faire, il faut privilégier le règlement de la crise entre les deux pays qui passe d'abord par une vraie réconciliation entre les deux chefs d'Etat. Ensuite, il faudra rechercher les voies et moyens devant conduire à la fin des rébellions au Darfour et au Tchad. L'option qui consiste à envoyer des troupes surdimensionnées dans les deux pays, à l'est du Tchad et au Darfour ne sert pas la paix, mais aboutira à geler les problèmes et ne constitue donc pas une solution définitive. Il est impérieux de régler ces questions au fond et de façon durable, sinon c'est toute la sous région qui va s'embraser.


Tchad: Conseil National Statutaire de l'UNDR des 11 et 12 janvier 2008
Camarades,

L'Accord politique en vue du renforcement du processus démocratique au Tchad, signé le 13 août 2007, représente l'acte politique le plus important de ces dernières années. Cet accord, laborieusement élaboré, faut-il le rappeler, a été unanimement salué, y compris à l'extérieur. L'UNDR, qui y a pris une part active, l'a signé sans arrière-pensée, avec la conviction que s'il était mis en œuvre, il allait avoir un effet d'entraînement sur tous les acteurs politiques et militaires. Le Président Déby lui-même l'a classé après la Bible, le Coran et la Constitution. Pourquoi l'accord tarde-t-il à entrer effectivement en pratique ? Et pourquoi le gouvernement, contre la lettre de l'accord, continue-t-il de nommer massivement les militaires à la tête des circonscriptions administratives ? Pourquoi certaines dispositions pratiques qui sont à la portée du gouvernement ne sont-elles pas prises pour préparer les élections législatives ? Le gouvernement peut-il s'engager à organiser ces échéances cruciales sans précipitation et dans les règles de l'art ?

A l'UNDR, nous attendons beaucoup de cet accord, surtout en matière électorale et dans l'assainissement de nos mœurs politiques souvent dévoyées par le parti au pouvoir. Pour être précis, nous n'en attendons pas d'autres retombées, en tout cas pas en termes de postes, fussent –ils ministériels. Nous avons signé un accord pour améliorer le processus démocratique au Tchad, et non un accord d'alliance ou d'allégeance qui nous ouvrirait les portes d'un quelconque gouvernement pour nous compromettre. Nous n'avons pas non plus signé un accord qui nous anesthésie et nous impose de nous taire.

Camarades,

C'est le lieu d'appeler les militants à la vigilance. Nous devons résolument inscrire notre action dans une opposition toujours plus résolue et constante. L'UNDR ne peut pas, ne doit pas se compromettre dans cette situation opaque où Déby ne recherche que des serviteurs, et non des partenaires. Ne nous trompons donc pas, camarades, battons-nous pour une stricte application de l'accord du 13 août 2007 qui doit nous conduire à des élections véritablement transparentes en 2009. Ne nous laissons pas divertir par le pouvoir qui se livre à des manœuvres diverses pour éviter cette échéance qu'il redoute.

C'est également le lieu de lancer un nouvel appel à l'opposition de se mobiliser, surtout celle qui a vocation à aller aux élections. Comme nous le disons s et le répétons depuis quinze ans, l'opposition est majoritaire dans ce pays et ne peut le démontrer que dans l'unité, malgré sa diversité. C'est donc dans cette perspective que nous devons nous inscrire si nous voulons remporter les prochaines élections. Et nous le pouvons !

Pour gagner les élections, nous avons besoin d'un parti encore plus grand et plus fort, avec des militants toujours plus nombreux, convaincus et engagés. Nous devons nous considérer comme l'avant-garde et l'assumer. C'est pour cela que votre présence massive à ces assises statutaires annuelles nous rassure. Vous êtes de partout, et parfois de très loin pour partager avec vos camarades et vivre votre parti. Nous suivrons donc avec attention vos rapports d'activités, ainsi que vos observations et critiques sur le Bureau Exécutif qui, en plus de ses rapports, vous soumettra un calendrier pour les semaines et les mois à venir. Je vous souhaite un bon travail.

Et que DIEU bénisse le Tchad !




Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)