Faute de recrutements suffisants d’enseignants titulaires, les maîtres vacataires sont devenus une solution incontournable pour combler les déficits de personnel dans les écoles publiques. Dans certaines zones rurales, ils peuvent représenter plus de la moitié du corps enseignant. Pourtant, ce rôle vital est rarement reconnu à sa juste valeur.
Précarité et abandon
Contrairement aux fonctionnaires, les maîtres vacataires ne perçoivent pas de salaire régulier. La majorité d’entre eux reçoivent de modestes primes versées par les associations de parents d’élèves (APE), souvent comprises entre 15 000 et 25 000 FCFA par mois. Cette somme est largement insuffisante pour subvenir à leurs besoins élémentaires.
L'instabilité est monnaie courante : certains sont renvoyés sans explication, parfois en pleine année scolaire. Pour survivre, beaucoup sont contraints de cumuler des activités parallèles, telles que les répétitions privées (préceptorat), la vente au marché, les travaux champêtres ou la maçonnerie.
À titre d’exemple, Mahamat, vacataire dans une école primaire de Moundou, doit enseigner six classes par jour et gagne à peine de quoi payer son loyer. Malgré ces conditions, il persiste, mû par la conviction que l’avenir de ses élèves dépend de lui.
Un enjeu pour la qualité de l’éducation
Cette instabilité chronique a des répercussions directes sur la qualité de l’éducation. Découragés par leurs conditions de vie, certains maîtres vacataires finissent par abandonner leur poste, laissant des classes entières sans encadrement. D’autres, épuisés, peinent à préparer correctement leurs cours.
Cependant, ceux qui persévèrent font preuve d’un courage remarquable, assumant leur mission au prix de lourds sacrifices personnels. Ils sont les « oubliés » du système, mais sans eux, des milliers d’élèves seraient privés d'instruction.
Plaidoyer pour la dignité
Reconnaître le rôle des maîtres vacataires n'est pas seulement une question d'équité, c'est un investissement dans l’avenir des enfants tchadiens. Leur accorder un statut clair, une rémunération digne et une formation continue permettrait de :
- Stabiliser durablement le système éducatif.
- Renforcer la qualité de l’enseignement.
Le combat quotidien de ces enseignants met en lumière à la fois la fragilité et la résilience du système éducatif tchadien. Leur offrir un cadre digne et sécurisé est plus qu’une nécessité : c’est un pas essentiel vers une école de qualité pour tous.