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Tchad : La malnutrition menace au Bahr El Gazal


Alwihda Info | Par Yana Abdoulaye - 22 Avril 2021


En dépit des efforts fournis par le gouvernement et les Ong pour stopper la malnutrition, la situation est inquiétante dans la province de Bahr El Gazal et endémique dans certaines communautés.


Après près de 45 km au sud de Moussoro, chef-lieu de la province de Bahr El Gazal, se trouve Fassaladjouli. A peine arrivés, nous tombons sur une oasis à la porte de ce village d’éleveurs. Une dune de sable donne du grain à moudre au convoi. Les conducteurs vigilants reculent et les moins prudents s’associent afin d’affronter une montagne de sable. Entre temps, le village semble être vidé de ses habitants. Sous un soleil ardant, une dizaine de jeunes veillent sur les petits ruminants qui rôdent autour d’un point d’eau. Peu avant, un hangar de fortune, sert de l’ombre au Boulama, le chef du village et ses notables. Un peu plus en profondeur, une maison sert de foyer d’amélioration et de réhabilitation des enfants malnutris(Farn). Sommairement habillés, des gamins atteints de la malnutrition boivent la bouillie. A l’angle d’un bâtiment, une marmite coincée entre les morceaux de briques est tenue à l’œil par une femme. «Ici, il y a normalement deux mamans lumières et deux relais communautaires », informe l’animateur communautaire Brahim Moussa Moustapha.

Ces femmes mettent à la disposition des enfants de la bouillie enrichie, préparée à base de farine de maïs, du citron, et autres ingrédients pour compenser le vide alimentaire. Hawa Abakar, présidente du foyer, par ailleurs maman lumière et Hapsitou Ahamat, relais communautaire. Elles dépistent également les enfants malnutris, prennent leur poids et veillent à leur évolution nutritionnelle. « Ceux qui présentent un poids faible intègrent systématiquement le centre », informe Ibrahim Moussa Moustapha.

La responsabilité partagée
Dans ce centre d’amélioration et de réhabilitation des enfants malnutris, il y a 12 enfants qui bénéficient de la prise en charge pour une période de douze jours. « Moi je m’occupe de l’assainissement et de la santé des enfants et ma coéquipière de l’alimentation », explique Hawa Abakar. Ce sont généralement des enfants âgés de 6 à 59 mois, qui intègrent ce foyer d’amélioration et de réhabilitation (Farn), après un certain nombre d’examens. « Les deux mamans lumières nous aident à diagnostiquer l’état de santé des enfants. Après ce travail, les enfants à l’état sévère sont admis pour la prise en charge », précise le représentant de l’Agence d’appui aux initiatives de développement rurale (Aider), Brahim Moussa Moustpha.

Créé il y a huit mois, le foyer de d’amélioration et de la réhabilitation des enfants Malnutris (Farn) de Fassaladjouli, s’occupe des enfants de manière rotative. « 12 enfants sont surplace pour une durée de 12 jours. Après une évaluation, ceux qui sortent de l’état aiguë regagnent aussitôt leur parent », explique-t-elle. De l’autre côté, un moulin offert par les partenaires produit de la farine de maïs pour la bouillie aux enfants. La création de cette structure de prise en charge des enfants malnutris découle de l’analyse de la situation de la malnutrition dans certains villages de cette province.

Elle touche plusieurs communautés
L’inadéquation, la ration alimentaire et la maladie sont les principales causes de la malnutrition dans cette partie du Tchad. En dehors de Fassaladjouli et Fassaladjoul, considérés comme le plus affectés, la malnutrition touche également les autres communautés dans la province de Bahr El Gazal. Hilé-Afé, Debé Toukloumou, Koreti, Fassaladjouli, Islet, Tourki 1, Kangara, Herbraye 1 et Goz-bila font aussi face à la malnutrition aiguë et modérée. Pour appuyer les communautés à surmonter la fringale, certaines communautés jugées prioritaires ont bénéficié de la mise en place de cette structure. « Nous avons aussi des foyers dans les villages Fassaladjouli, Ouest, Fassaladjouli Est, Koreti, Debé-Toukloumou et Goa-Bila pour la prise en charge des enfants à l’état de malnutrition aiguë et modérée », explique l’assistant de l’animateur d’Aider.

L’une des causes de la malnutrition au Tchad est l’insécurité alimentaire. Les parents n’ont pas assez de moyens pour acheter de quoi manger à leurs enfants, ceux-ci sont alors exposés à la faim et à la pauvreté. Ainsi, selon la prévision de la Banque mondiale, 744 000 enfants dont 4808 à N’Djamena vont basculer sous le seuil de la pauvreté monétaire extrême. Les enfants de moins de 5 ans seront affectés par la malnutrition aiguë et sévère.

De même, le Programme alimentaire mondiale (Pam) et l’Unicef estiment que la malnutrition aiguë globale va affecter 1 979 507 enfants de la tranche d’âge de 6 à 59 mois, soit 58,6%. En termes de malnutrition chronique, la situation actuelle pourrait conduire à une augmentation du taux de malnutrition élevé au Tchad à 32%, avec 8 provinces au-delà du seuil élevé de 20% et 12 provinces au-delà du seuil critique de 30%. Pour soulager les familles en nourriture, le gouvernement a débloqué 25 milliards de FCFA pour renforcer le stock de l’Office national de sécurité alimentaire (Onasa), un fonds national de solidarité de soutien aux personnes vulnérable, mais ce soutien n’était qu’une partie de mesures à prendre pour endiguer la malnutrition au Tchad.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)