Installée à Lamé, dans la province du Mayo-Kebbi Ouest, depuis le 16 février 2012, la SONACIM était à son lancement un projet ambitieux, voulu par le Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno, censé dynamiser l’économie tchadienne, offrir un ciment abordable, améliorer les conditions d’habitat et revaloriser l’image de la région. Treize ans plus tard, le constat est amer : la société n’aurait pas atteint les objectifs fixés, plombée par une gestion jugée chaotique et opaque.
« La SONACIM est devenue la caverne d’Ali Baba pour un groupuscule, entraînant sa chute », a dénoncé Djoumba Tao-Tafa. Selon lui, cette mauvaise gouvernance a plongé l’entreprise dans une crise profonde, entraînant sa fermeture et ouvrant la voie à une privatisation controversée.
Estimant avoir été écartés du processus décisionnel, les ressortissants de Lamé dénoncent avec force ce qu’ils qualifient de mépris du gouvernement envers la zone productrice. Ils appellent à une mobilisation générale de toutes les couches sociales pour défendre leur dignité et leurs droits.
Parmi les revendications portées figurent :
- L’indemnisation des champs arrachés aux paysans pour l’installation de l’usine.
- La réalisation des infrastructures sociales de base (routes, écoles, centres de santé, accès à l’eau potable, assainissement).
- L’affectation d’au moins 5 % des revenus de l’exploitation à la zone productrice.
- La restauration de l’écosystème local dégradé par l’exploitation du calcaire.
Le comité interpelle directement le Maréchal Mahamat Idriss Deby Itno, Président de la République, l’exhortant à faire respecter les engagements sociaux de l’État envers la population locale. « À défaut de répondre à ces conditions, aucun calcaire ne sera plus jamais enlevé à Lamé », a averti Tao-Tafa.
Tout en se disant ouverts au dialogue, les ressortissants préviennent qu’ils resteront vigilants et prêts à des actions vigoureuses pour défendre les intérêts de leur région. Ils saluent l’élan de solidarité entre cadres et citoyens pour faire entendre une voix longtemps étouffée et espèrent que cette mobilisation marquera un tournant dans la reconnaissance des droits économiques et sociaux de cette sous-préfecture souvent marginalisée, malgré ses nombreuses richesses naturelles.