La dot : entre tradition et valeur symbolique
Dans la plupart des sociétés africaines, la dot est perçue comme un geste de reconnaissance. Elle représente l’honneur accordé à la famille de la future épouse et traduit la valeur sociale de l’union. Traditionnellement, elle est prise en charge par le futur mari et sa famille, considérée comme une preuve de sa responsabilité et de sa capacité à prendre soin de son épouse.
Cependant, avec la cherté de la vie, le chômage des jeunes et l’inflation, le poids de la dot est devenu un véritable casse-tête. Dans certaines régions, les sommes exigées atteignent des montants difficilement supportables, dépassant largement les moyens de nombreux jeunes hommes.
Les réalités économiques et sociales
Dans ce contexte, certaines jeunes femmes choisissent d’apporter une contribution pour faciliter leur mariage. Parfois discrète, parfois assumée, cette participation soulève des questions. S’agit-il d’un signe de solidarité envers son partenaire ou d’une rupture avec les traditions ?
Edwige, 26 ans, raconte : « J’aimais mon fiancé mais il n’avait pas assez de moyens. Si j’attendais qu’il réunisse seul la dot, notre mariage allait être repoussé de plusieurs années. J’ai donc ajouté ma part discrètement. Aujourd’hui, je ne regrette pas : c’était notre projet commun. »
À l’opposé, Mahamat, un jeune enseignant, estime que cette pratique dénature la coutume : « Pour moi, si une femme paie sa propre dot, c’est comme si elle s’achetait. La dot, c’est la preuve que je suis prêt à prendre soin d’elle. Si c’est elle qui m’aide, où est la valeur de ce geste ? »
Une question d’égalité ou de dévalorisation ?
D’un point de vue moderne, l’idée que la femme contribue à la dot peut être rapprochée des débats sur l’égalité dans le couple. Dans des unions où les charges et responsabilités sont partagées, il pourrait sembler logique que la préparation du mariage suive la même logique de partage.
Cependant, d’autres voix insistent sur les risques de dérive. Memti, mère de famille, souligne : « La dot n’est pas faite pour appauvrir les jeunes hommes. Mais si on commence à demander trop, les filles vont forcément intervenir. Ce n’est pas normal. On devrait revoir les pratiques pour rester dans le symbolique. »
Vers un nouvel équilibre ?
La dot, en tant que pratique culturelle, doit être adaptée aux réalités actuelles. De nombreux leaders communautaires et religieux appellent d’ailleurs à la modération. La dot ne doit pas être un obstacle au mariage, encore moins une source d’humiliation ou de pauvreté.
Abakar, étudiant en Droit, défend une approche plus souple : « Je pense que l’important, ce n’est pas qui apporte quoi, mais que le couple construise ensemble. Si ma fiancée veut participer, je ne verrai pas ça comme une honte, mais comme un signe de solidarité. »
Qu’une fille contribue à sa dot ne devrait pas être un tabou, tant que cela découle d’un choix volontaire et non d’une contrainte. Mais il reste essentiel de rappeler que la dot n’est pas censée être un fardeau économique. Elle devrait rester symbolique, un signe d’union et de respect mutuel entre deux familles.