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Tchad : Monseigneur Edmond Djitangar a aussi bravé les lacrymogènes


Alwihda Info | Par Masrambaye Blaise - 15 Février 2022


Lacrymogènes, fouets, molosses, tout a été utile à la police et à l'armée pour réprimer cruellement la marche des ressortissants du Moyen Chari ce matin. Monseigneur Edmond Djitangar était dans la foule.


Des citoyens marchent en hommage à Sandana ce 15 février à N'Djamena. © Mbaïnaissem Gédéon/Alwihda Info
Des citoyens marchent en hommage à Sandana ce 15 février à N'Djamena. © Mbaïnaissem Gédéon/Alwihda Info
Moursal connait un matin inhabituel ce matin du 15 février. La célèbre place Fest'Africa, point de départ de la marche, est investie des militaires index sur la gâchette, regard impitoyable. Les manifestations se retranchent chez Oudalbaye Naham, défunt patriarche de la communauté Sar,m à N'Djaména puis entament la marche par petits groupes sur l'avenue Mbailemdana. Direction stade de Paris Congo.

La police aux aguets, laisse la masse noire se compacter et entame des tirs de lacrymogènes. Elle poursuit les manifestants jusqu'à leur retranchement dans des domiciles privés, en capte quelques-uns. La marche tourne alors au cache-cache. Les manifestants fusent des domiciles et se reconstituent ça et là. Les tirs de lacrymogènes redoublent d'intensité. Le ciel en est épaissement obscurci de fumée. Des manifestants s'écroulent asphyxiés. Vers 08 heures, l'arrivée de l'archevêque métropolitain Edmond Djitangar galvanise. "S'il fallait mourir, nous mourrions avec lui", jure Nanadoumngar Labe Ricardo, l'un des leaders de la manifestation. Très vite, les jeunes s'agglutinent autour de lui. À peine le prélat finit de prononcer la prière que les grenades lacrymogènes tirés presque verticalement pleuvent dans la foule. L'un des protecteurs de l'archevêque en a pris à l'abdomen. L'homme de Dieu est forcé à embarquer dans sa voiture. Le départ précipité de Monseigneur Edmond n'entame aucunément la détermination des manifestants. Ils se rassemblent autour l'essencerie Sabarna, s'agenouillent et crient à rompre la gorge : "justice! justice! Tuez-nous tous!"

Un dialogue momentané s'instaure entre les marcheurs agenouillés brandissant pancartes et les policiers ayant observé un répit sur injonction du porte-parole de la police Paul Manga, visiblement à cause du risque d'incendie qu'engendrerait la station service.

Une colonne des éléments de la garde nationale et nomade du Tchad venue en renfort apparaît brusquement. Sauve-qui-peut!

Démission

La marche, à l'origine réclame justice pour les victimes des tueries de Sandana. "Nous ne marchons pas pour contester le pouvoir", rappelle Ricardo. Il estime inadmissible que la police disperse violemment des citoyens manifestant pacifiquement. Pire, il y avait dans la foule un homme de Dieu qui "a failli prendre une douille de lacrymogène n'eut été la ceinture de sécurité autour de lui". Puisqu'on "ne tire pas sur un homme de Dieu", Ricardo appelle à la "démission totale du gouvernement qui n'écoute pas le peuple".



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)