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POINT DE VUE

Tchad: 'Nous échouons parce que nous menons une politique d'exclusion'


Alwihda Info | Par - ҖЭBIЯ - - 10 Juillet 2008


Tant que nous ne nous disons pas la vérité sans vergogne et ne cessons pas de mépriser les sudistes; tant que nous ne les associons pas dans la rébellion en leur accordant une place significative et en leur faisant jouer un rôle important, la rébellion que nous menons ne réussira pas. Disons-nous la vérité au nom de tous les Tchadiens, sans parti pris pour notre ethnie ou religion. La rébellion actuelle est une rébellion des nordistes ou du moins elle donne une image trop nordiste qui confirme ma première affirmation.


Tchad: 'Nous échouons parce que nous menons une politique d'exclusion'

Par Brahimy Mahamat Abdelkerim

NOUS ÉCHOUONS PARCE QUE NOUS MENONS UNE POLITIQUE D’EXCLUION

Tant que nous ne nous disons pas la vérité sans vergogne et ne cessons pas de mépriser les sudistes; tant que nous ne les associons pas dans la rébellion en leur accordant une place significative et en leur faisant jouer un rôle important, la rébellion que nous menons ne réussira pas. Disons-nous la vérité au nom de tous les tchadiens, sans parti pris pour notre ethnie ou religion. La rébellion actuelle est une rébellion des nordistes ou du moins elle donne une image trop nordiste qui confirme ma première affirmation. Il suffit de voir les groupes cloisonnés :

Groupes de Timane Erdimi : Il n’ya que les zagawa avec lui. Même pas les goranes ou les ouadaiens. Si quelqu’un veut me démentir, qu’il nous dise combien de kanembou, de Ouadaiens, de Moundang sont parmi les rangs des éléments de Timane?

Groupes de Mahamat Nouri : Je vais vous ennuyer en répétant qu’il n’ya que des goranes derrière Nouri et c’est une absolue vérité. Il suffit de regarder le bureau politique de Nouri et vous comprendrez son mépris pour les sudistes. Il n’ya que des Korey, Barkai et Mahamat comme s’il ne pouvait pas exister au Tchad les Beremadji, Adoumbaye, Djondang... Mahamat Nouri raisonne sur la base d’un schéma dépassé et son esprit est limité par la logique d’une génération passée rétrograde.

En ce qui concerne les groupes des Hassaballah, Mackaye et autres : ils sont tous prisonniers d’un même état d’esprit de cloisonnement ethnique.

Conséquences : Nous ne faisons qu’échouer répétitivement sans que nous prenions conscience des causes de notre échec. Nous confirmons ce que Sarkozy a dit à Dakar : nous sommes des attardés qui commettent les mêmes erreurs au rythme des saisons de pluie et avons besoin que quelqu’un nous allume pour nous réveiller. Nous denons trop le manque d’unité mais pour réaliser l’unité, nous devons initier une politique qui fait en sorte que tous s’y reconnaissent. Si nous menons une politique d’inclusion, nous verrons l’unité se pondre à l’horizon. Si nous menons une politique d’exclusion comme c’est le cas maintenant, l’unité ne se réalisera jamais. Nos exemples de politiques d’exclusion sont nombreuses : Premièrement, Mahamat Nour, seul ou avec les tamas si vous voulez, a filé à Ndjamena en laissant derrière lui les Timane Erdimi et Mahamat Nouri en Avril 2006. Le capitaine Nour s’est fait littéralement décimer. De retour au Soudan après son échec, il ne faisait plus de poids parmi les autres politico-militaires qu’il a rallié Deby sans condition. Si Mahamat Nour a failli mourir dans un trou, comme un rat, à l’ambassade libyenne à Ndjamena, c’est à cause des erreurs de la politique d’exclusion que je dénonce maintenant.

Deuxièmement, Mahamat Nouri et Timane Erdimi, en février 2008, ont laissé derrière eux les Soubiane Hassaballah, Albissaty et autres pour filer à Ndjamena. Mesquinement, ils sont rentrés en querelles et naïvement sont tombés dans des pièges élémentaires en confiant un point stratégique de la capitale, l’aéroport, aux mains de ceux qui ont installés et maintenu Deby à notre tête : l’armée française. La politique d’exclusion a eu raison de notre désir de changement.

Troisièmement, Mahamat Nouri est allé chercher les Hassaballah et autres, il ya seulement quelques semaines, et ils ont tenté de filer vers Ndjamena en excluant le groupe de Timane Erdimi. Ils se sont fait mater à Amzoer.

A cause de cette politique d’exclusion, les politico-militaires n’ont connu que d’échec. Je parie que nous personne parmi les responsables politico-militaires n’a compris les vrais enjeux de ces multiples échecs. Nous attendons une prochaine défaite à la prochaine saison guerrière c'est-à-dire vers l’automne 2008 ou hiver 2009.

De tous les échecs de la politique d’exclusion que nous venons de voir, une constante : l’exclusion des sudistes du Tchad. Même si les responsables politico-militaires considéraient mon raisonnement et qu’ils changeaient leurs habitudes pour intégrer tous les chefs de guerre, ils échoueront quand même car c’est une partie du Tchad qui combat Deby et c’est pour cela que Deby nous semble indéboulonnable ou trop fort. Tant que nous ne cessons pas cette politique d’exclusion et n’intégrons pas tous les fils du Tchad à tous les niveaux et surtout les sudistes, nous continuerons à échouer. Proche de Ndjamena ou loin, c’est le même échec. Si nous voulons réussir, nous devons vraiment nationaliser la rébellion, nationaliser notre résistance pour venir à bout de Deby. Nationaliser ne signifie pas appeler notre combat la résistance nationale mais il s’agit d’intégrer tous les fils du Tchad à la cause et se traiter d’égale à égale. J’ai lu quelqu’un qui ne mérite par que je cite son nom car c’est trop lui faire d’honneur et qui a écrit que les sudistes rêvent des grottes du nord pour mener aussi leurs rebellions. Je ne sais pas si c’est la malhonnêteté intellectuelle ou l’inconscience mais le gars oscille dangereusement entre les deux épithètes et il semble s’y plaire beaucoup.

Nous les nordistes, sommes-nous si inconscients de nos pertes humaines et de notre logique rétrograde de guerre brutale au point que nous croyons que les autres rêvent d’être à notre place pour montrer l’image d’un peuple arriéré? Et de dire que celui là qui raisonne vit en Amérique du Nord, une des sociétés parmi les plus civilisées de la terre? Ce que nous les nordistes ne réalisons pas pour le moment c’est que le jour où nous installerons la démocratie au Tchad et que c’est vraiment le vote populaire qui va arbitrer le pouvoir politique, nous ne pourrons plus contrebalancer positivement le pouvoir car nous serons en infériorité numérique pour équilibrer de manière significative les choses. Nous pourrons vivre la réalité des minorités visibles en occident démocratique par notre propre faute. Cette réalité nous rattrapera un jour si nous ne changeons pas pour impliquer tous les fils du Tchad dès à présent afin d’amortir les couts du sacrifice.

En ce qui concerne vous les intellectuels ou vous qui prétendez être de grands esprits, vous faites aussi les mêmes erreurs de communications. Deby est un dur et ce n’est pas votre espoir qui le renversera. Dès que les Toyota faufilent entre les garnisons à l’Est du Tchad pour s’arrêter dans des villages gardés par 3 à 5 gendarmes à dos de chameaux, une fièvre maladive vous prend et tous les sites reprennent les informations selon lesquelles Ndjamena se vident, la famille de Deby a fui, ce n’est qu’une question d’heure et l‘armée de Deby va s’écrouler, panique à Ndjamena… je ne suis pas sûr que c’est ainsi qu’on mène une guerre de nerf. Parfois, c’est tout simplement l’étalage de malhonnêteté intellectuelle ou de tromperie volontaire de masse. C’est une technique de communication qui nous autodétruit. Vous devez travailler à trouver des partenaires, les convaincre et à les rallier à notre cause.

Pour conclure, cherchons à rassembler tous les tchadiens, du Nord au Sud. Accordons-nous une place d’ensemble et traitons-nous d’égale à égale pour montrer à ceux qui nous observe que nous sommes démocrates et que nous aspirons à une démocratie véritable. Que tous les intellectuels nordistes ou sudistes s’unissent et mettent ensemble leurs réflexions, stratégies et critiques en vue d’accoucher une politique en laquelle tous les tchadiens se reconnaitront et se lèveront ensemble pour mettre fin à la dictature de Deby. Nous ne voulons pas des idées mesquines et des raisonnements d’autruche voulant que chacun cite ses parents docteur de sa région. Et puis quoi si telle région renferme plus d’intellos que telle autre? Deby tremblera et fuira-t-il devant ces intellos? Le changement se fera-t-il de lui-même? Excluons ces idées basses de parmi nous et rapprochons-nous de tous nos frères et sœurs pour vaincre ensemble la dictature de Deby.

Brahimy Mahamat Abdelkerim

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Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)