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Tchad : dette, économie, développement, quel état des lieux ?


Alwihda Info | Par Mbainaissem Gédéon - 13 Juin 2021



Tchad : dette, économie, développement, quel état des lieux ?
À N'Djamena, la conférence panafricaine sur la dette et le développement a réuni durant trois jours plusieurs intervenants : Dr. Douzounet Mallaye, Dr. Mabali Aristide, statisticien, économiste et directeur du Cercle de réflexion et d'orientation sur la soutenabilité de l'économie tchadienne (CROSET) et Nassingar Rimtebaye Rim. 

L’histoire contemporaine de la dette tchadienne est caractérisée par l’atteinte des points de décision et d’achèvement de l’initiative pour les Pays pauvres très endettés (PPTE) en avril 2015 et mai 2021, ont expliqué Dr. Douzounet Mallaye et Dr. Mabali Aristide. Selon eux, l’analyse de la structure du Produit intérieur brut (PIB) a permis de mettre en exergue ces phases en lien avec la trajectoire politico-militaire du pays et les chocs sur les prix et la production des matières  premières. 

Ils ont évoqué aussi la question des ressources pétrolières. D'après eux, les ressources pétrolières ont permis d’accroître le potentiel économique du pays. Le budget de l’État est passé de 300 milliards de FCFA en 2004 à 1400 milliards de FCFA en 2013, soit une hausse de 367,7%. La mauvaise gouvernance caractérisée par la faible efficacité des dépenses publiques et la récurrence des attaques rebelles n’ont pas permis au pays d’enclencher son décollage économique.

Concernant la structure de la production nationale, il a été relevé que l’ère pétrolière a métamorphosé la structure productive du pays. Le secteur représentait 75% en 2004-2017 des recettes budgétaires, 88% des exploitations et 40% du PIB.

Les dépenses publiques d’investissement sont passés de 49,1% en 1987-2002 à 46,3% sur la période de 2003-2013. Cette tendance a baissé en 2014-2017 à 30,3%. Il convient de signaler qu’en cette période, les gouvernements ont tendance à faire des coupes dans les dépenses d’investissement au profit des dépenses de fonctionnement. 

Du point de vue des indicateurs de développement, selon les donnés du PNUD, le Tchad a enregistré une baisse du taux de pauvreté monétaire de 8,3 points de pourcentage sur la période 2003-2011, passant de 55% en 2003 à 46,7% en 2011 Autrement dit, près d’un tchadien sur deux vit sous le seuil de la pauvreté. 

En climat des affaires, selon l’indice Doing Buness de la Banque mondiale, le Tchad occupe le dernier rang, 140/140 pays en 2018. La corruption et le taux d’imposition constituent les trois principaux obstacles à la pratique des affaires au Tchad.

S'agissant de la pandémie de Covid-19, elle a un impact sur l'économie tchadienne. Elle a entrainé la fermeture de 1689 structures d’enseignement fondamental, technique et universitaire avec 3,4 millions d'apprenants dont 40.749 étudiants et 55.000 enseignants mis en chômage dont 20.000 vacataires et près de 19.000 communautaires. C'est un manque à gagner en termes de vacations estimé à 3,3 milliards de FCFA au profit de 39.000 enseignants vacataires et communautaires.

En terme économique, pour le mois d’avril 2020 seulement, le pays a perdu en terme de chiffre d’affaires la somme de 7,4 milliards de FCFA. Les pertes mensuelles liées à la fermeture des unités économiques dans le secteur de l’hôtellerie - restauration et bars dans la ville de N’Djamena sont estimées à 6,2 milliards de FCFA. Cette perte est répartie dans les différentes branches (restaurants, hôtels, grillades, bars, cabarets, alimentations, cafés) avec une perte totale de 42,6 milliards de FCFA. Les pertes dans le domaine du tourisme sont de 65 millions de FCFA en mars et avril. Pour le transport urbain, la perte est de 760,5 millions de FCFA et 633 millions de FCFA pour le transport interurbain. Le secteur de transport aérien a également subi : 108 vols ont annulés. Plusieurs autres secteurs ont été impactés.

Le 18 mars 2004, une Commission nationale d'analyse de la dette (CONAD) a été créée par décret. Elle a été restructurée en 2014. Cette commission aide dans la prise de décision avec deux organes techniques : une équipe technique d'analyse de la viabilité de la dette (ETAVID) et un secrétariat permanent. L’ETAVID étudie les dossiers d’emprunt ou autres soumis à la CONAD pour émettre un avis motivé et mener les analyses de la viabilité de la dette.

Le ministère de l'Économie, de la Planification du développement et de la Coopération internationale négocie et signe toutes les conventions de dette extérieure, après avis préalable de la CONAD. Les décaissements sur la dette extérieure sont également suivis par ce département ministériel.
 



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)