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TCHAD

Tchad : être différent, le long combat des personnes handicapées pour la dignité et l’inclusion


Alwihda Info | Par Achta Mahamat - 23 Octobre 2025


Souvent marginalisées, les personnes vivant avec un handicap au Tchad continuent de faire face à de nombreux obstacles, aussi bien physiques que sociaux. Entre préjugés, manque d’infrastructures adaptées et absence d’opportunités professionnelles, elles luttent chaque jour pour être reconnues comme des citoyens à part entière.


À N’Djamena, sur le trottoir poussiéreux du quartier Chagoua, Mariam, 28 ans, se déplace en fauteuil roulant qu’elle pousse seule sous un soleil accablant. « Les gens me regardent souvent avec pitié, raconte-t-elle. Certains pensent que je ne peux rien faire de ma vie.

Pourtant, j’ai terminé mes études et je cherche juste du travail, comme tout le monde. » Son témoignage illustre une réalité encore trop présente : au Tchad, le handicap reste entouré de stigmatisation et de silence. Dans les quartiers, certains parents cachent leurs enfants handicapés par peur du « qu’en-dira-t-on ». D’autres se battent pour les envoyer à l’école, mais les obstacles sont multiples.

Une éducation encore difficile d’accès
Selon des associations locales, moins de 30 % des enfants en situation de handicap ont accès à l’éducation formelle. Mahamat, proviseur dans une école publique de Moursal, témoigne : « Nous n’avons ni rampes ni matériel adapté. Quand un enfant handicapé veut venir, on improvise, mais tout repose sur la bonne volonté des enseignants. »

Le manque d’infrastructures est criant. Peu d’établissements disposent de salles accessibles ou de toilettes adaptées, et les transports publics ne sont pas conçus pour accueillir des fauteuils roulants.

Malgré tout, certains refusent de se laisser abattre. Adoum Moussa, président d’une petite association de personnes handicapées à N'Djamena, explique : « Nous essayons de montrer que nous ne sommes pas des assistés. Beaucoup d’entre nous travaillent, fabriquent des objets artisanaux, ou donnent des cours. Ce qu’il nous faut, c’est la reconnaissance et un peu de soutien. »

Grâce à ces initiatives, des liens de solidarité se tissent. Dans plusieurs villes, des campagnes de sensibilisation sont menées pour changer le regard du public. Le gouvernement tchadien a adopté des textes en faveur de l’inclusion, mais leur application reste timide.

Les ONG, de leur côté, plaident pour une politique plus concrète : insertion professionnelle, accessibilité des lieux publics, et campagnes contre la discrimination. Fatimé Djimet, mère d’un garçon atteint de surdité, conclut avec espoir : « Mon fils est différent, oui, mais il est plein de vie. Je veux qu’on le voie pour ce qu’il est, pas pour ce qu’il n’a pas. »

Au-delà des lois et des discours, le véritable changement se joue dans les mentalités. Reconnaître la valeur et les capacités des personnes handicapées, c’est faire un pas vers une société plus juste, plus humaine, et réellement inclusive.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)