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REPORTAGE

Tissage artisanal : "Nous voulons que le président s'habille à la tchadienne"


Alwihda Info | Par Tchonchimbo Ouapi Raphaël - 23 Décembre 2021


Pour conserver un savoir-faire, des femmes se sont réunies en coopérative à N'Djamena afin de tisser le coton comme le faisait leurs parents dans les années 1990.


Situé à Farcha dans le premier arrondissement de N'Djamena, le siège de la Coopérative de tissage manuel féminin (COTIMAF) abrite un grand atelier avec des machines à tisser faites en bois. Les femmes se servent du fil blanc 100% coton qu'elles utilisent pour confectionner du tissu artisanal. Il faut plusieurs étapes pour en arriver là.

Solange Ida, membre de la Cotimaf, présente les merveilles artisanales à travers différentes objets confectionnés. "Nous avons  des couvres lits, des sets de table, des nappes, des torchons, des tissus pour les hommes et des écharpes dames", explique-t-elle.

Les tissages sont de bonne qualité mais coûtent deux fois et demi plus cher que le Wax, tissu très en vogue en ce moment. "C'est cher parce que l’association est en manque de fils de coton en provenance de la société de textile de Sarh. Il est question d'importer des fils de Garoua, au Cameroun, où le transport et le dédouanement vont jusqu'à 1.500.000 Fcfa“, affirme Solange Ida.

Pour l’heure, les prix varient en fonction des produits sur le marche. "Le couvre lit d’une place coûte 20.000 Fcfa, le deux places est à 40.000 Fcfa et le couvre lit d'une place et demi est à 30.000 Fcfa. L'habit homme jampa brodé est à 35.000 Fcfa, le simple à 15.000 Fcfa voire 25000 Fcfa également. Le complet dame simple est à 15.000 Fcfa, le brodé coûte 20.000 Fcfa. Les nappes de table varient de 20 à 40.000 Fcfa. De même, on y trouve d’autres articles  comme des sacs à main, des bracelets et des porte-monnaies à des prix variables”, détaille Solane Ida.

La présidente de l'association, Koussa Tagbo, précise que la COTIMAF forme des jeunes et les redirige vers le Fonds national d’appui à la formation professionnelle (FONAP). "Ils sont 60 répartis en groupes de 20 personnes. La première vague a fini et la deuxième vague obtiendra  son attestation en janvier 2022, Dieu voulant".

"Nous sommes un pays producteur de coton mais nous partons acheter les fils à Garoua au Cameroun. Ce n'est pas normal. Nous pouvons le faire sur place. Je déplore également le comportement de certaines personnes qui viennent acheter nos produits et affirment ensuite l'avoir acheté au Burkina Faso, ce n'est pas normal", relève Koussa Tagbo.

Elle invite le président du Conseil militaire de transition (CMT) et l'ensemble du gouvernement à visiter la coopérative et à se procureur leurs produits. "Nous voulons que le président s'habille à la tchadienne, ainsi il sera un exemple pour les autres tchadiens. Nous devons valoriser nos produits”, affirme-t-elle.

Au sein de l'atelier, cinq clientes, ressortissantes françaises, sont venues récupérer leurs commandes. Elles témoignent de la qualité des produits. "Nous avons appris de bouche à oreille que les vendeuses travaillent bien. Nous avons fait pas mal de commandes, des nappes de table, des couvre-lits et plein des choses. Le tissu est de très bonne qualité", avoue Marie, l’une d’entre elles.

Dans un avenir proche, la COTIMAF entend décentraliser le tissage à travers la capitale. Son siège constituera le centre de formation. “C'est dans tous les arrondissements que nous allons le faire, à l'exemple du Burkina Faso. Aujourd'hui, les tissus artisanaux burkinabés sont vendus partout dans le monde tout simplement parce qu'ils ont décentralisé le tissage", indique Koussa Tagbo.

La COTIMAF entend donc se déplacer pour former les gens. Koussa Tagbo appelle les jeunes diplômés à s'y intéresser, tandis que le gouvernement est invité à soutenir l'association qui valorise l'artisanat.

La COTIMAF a pris part à plusieurs festivals de la culture et participera encore au Festival Dary 2021 à la place de la Nation à N'Djamena.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)