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EDITORIAL

‎Tchad : Le paradoxe de la foi, quand croyance et comportement s'opposent


Alwihda Info | Par ‎Temandang Gontran - 28 Novembre 2025


​Le Tchad, nation à forte tradition religieuse, présente un paradoxe frappant. Malgré une population majoritairement croyante — composée de musulmans et de chrétiens — la société demeure gangrenée par la haine, la jalousie et la méchanceté.


Les estimations indiquent que 55,3 % à 60 % de la population est musulmane, certaines sources allant jusqu’à 68 %, tandis que environ 40 % des Tchadiens se déclarent chrétiens.

Pourtant, malgré cette forte religiosité déclarée, des maux sociaux profonds persistent. Une question s’impose : ceux qui se disent pieux ont-ils réellement la crainte de Dieu et le respect des enseignements qu’ils professent ?

Une société minée par la jalousie et les antagonismes

Les valeurs de fraternité et d’amour du prochain — pourtant centrales dans les Écritures — semblent avoir déserté une partie du tissu social tchadien. Entre frères, sœurs, voisins ou membres d’une même communauté, les tensions se multiplient, fragilisant les relations et révélant un malaise moral profond.

La jalousie, notamment, devient un moteur destructeur : Le succès d’un proche — qu’il s’agisse d’un membre de la famille ou d’un voisin — suscite trop souvent jalousie, ressentiment et hostilité, au lieu de la fierté ou de l’inspiration. La réussite d’autrui est perçue comme une menace personnelle, alimentant des rancœurs contraires aux valeurs de solidarité.

Plus troublant encore, les conflits — parfois violents — se manifestent au sein même de communautés très pratiquantes. Certains individus assidus à l’église ou à la mosquée adoptent des comportements menant à la discorde, aux violences, voire à des drames mortels. Comment concilier une telle ferveur religieuse affichée avec une si faible considération pour la vie humaine ?

Une dissonance entre le culte et la conduite

Le cœur du problème semble résider dans la séparation entre la pratique rituelle et l'éthique de vie. Pourtant, les enseignements religieux — qu’il s’agisse du Coran ou de la Bible — sont clairs : ils appellent à la miséricorde, à l’honnêteté, à la justice et surtout à l’amour du prochain.

L’apôtre Jean affirme : « Si quelqu’un dit : “J’aime Dieu” et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur » (1 Jean 4:20).

De son côté, l’Islam condamne fermement la médisance, l’envie et l’injustice, tout en valorisant la solidarité (Oumma) et le respect mutuel.

Or, ce que l’on observe dans la société tchadienne, c’est : Une piété démonstrative : une présence active dans les lieux de culte, des rites respectés. Une moralité vacillante : corruption, trahison, jalousie, division et hostilité dans la vie quotidienne. Ce fossé grandissant montre que, pour beaucoup, la religion se réduit à un rituel culturel, déconnecté de son essence : la transformation intérieure et l’élévation morale.

Vers une prise de conscience collective

Les difficultés sociales du Tchad ne sont pas uniquement politiques ou économiques : elles sont profondément éthiques et morales.

Un retour aux sources s’impose — tant pour les leaders religieux (imams et pasteurs) que pour les fidèles. La véritable foi ne se mesure ni au nombre de prières ni à la fréquence des visites aux lieux de culte, mais dans : la manière de traiter son prochain, la gestion des conflits et des émotions, l’attitude face au succès ou à l’échec des autres, la capacité à incarner les valeurs de justice et d’amour dans la vie quotidienne.

Pour une foi authentique, au-delà des apparences

Le Tchad n’a pas besoin d’un plus grand nombre de croyants visibles, mais de croyants authentiques. C’est seulement lorsque la foi professée s’alignera sur une conduite réellement éthique que la société pourra espérer un changement profond et durable.

La paix sociale, l'harmonie et le progrès dépendent autant des cœurs que des institutions.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)