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REACTION

27 Septembre 1990 : Une tragédie sans nom...


Alwihda Info | Par Mohamed Qayaad - 27 Septembre 2018


Supporterons-nous que les victimes, en ce temps, souffrent et se révoltent de notre refus de témoigner, de notre lâcheté silencieuse, de notre fausse commisération ?


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Ce jour-ci, le 27 Septembre 1990 (L'attentat du café de Paris) constitua une immense tragédie à Djibouti, et mes pensées vont vers ceux qui ont perdu la vie, vers ceux qui ont été torturés, vers ceux qui ont été blessés ainsi qu'aux familles et aux proches qui ont traversé ces moments douloureux avec beaucoup de courage. Oui, je pense à vous, mes frères et mes soeurs, je pense à ce que vous avez enduré, je pense à vos familles, vos conjoints et vos enfants, à leurs larmes, à leur détresse, et mes larmes coulent. Combien de temps ceux qui sont éveillés vont-ils faire semblant de dormir ? Pourquoi ? C'est la résultante de l'indifférence, du silence et de la passivité.

Une paisible communauté djiboutienne sans histoires, fut accusée d'avoir commis cet " Attentat au Café de Paris ".
Pire, elle a enduré des tortures dont la plupart à mort, d'autres entraînant des invalidités à vie - artistes de haut niveau et autres personnes moins connues qui furent meurtris dans leur peau et leur âme, devenus improductifs, paralysés…
"Tout homme qui en séquestre un autre, qui le torture et l'humilie, mérite d'être qualifié de crapule, qu'il soit un brigand, un militant, un représentant de la loi ou le dirigeant d'un Etat" disait Amin Maalouf. J'ajouterai celui/celle qui a facilité, a légitimé pis en a donné une explication justificative de ces actes douloureux...

Oui, il fallait définitivement éliminer de la scène politique, économique et sociale: une communauté devenue trop visible et trop gênante par une méthode qui consiste à faire taire l'adversaire en instrumentalisant la justice, ce qu'est déplorable, ignoble et scandaleuse ! Encore faut-il qu'elle soit efficace ! Ceux ou celles qui ont utilisé la justice à des fins détournées devront assumer leurs actes ignobles...En disant cela , je pense notamment à "la plume de la dictature" de l'époque et l'auteur de l'éditorial de la Nation "Les pyromanes finissent toujours par se brûler les doigts" qui avait banalisé le mal et fourni la haine idéologique aux propagandistes clanistes ! Il n'est jamais trop tard de faire pénitence et de demander pardon pour avoir cautionner cet abject édito des années 90 !

Cet abject édito avait défrayé la chronique à l'époque, accusé toute une communauté entière d'un crime lâche et ignoble (l'attentat du café de Paris) sans la moindre preuve, sans le moindre prétexte.

Comble de l’indécence, il a même été lu et commenté par deux infâmes personnages serviles, qui se reconnaîtront, à la Radio et Télévision de Djibouti, commentaires plus tard plagiés par les speakers tristement célèbres de la radio " Mille collines" au Rwanda.

Personne n'imagine à quel point ce système mafio-tribalo-clanique a été pensé, coordonné, planifié, organisé, médiatisé voire légitimé par l'exécutif et ses justificateurs de cette terrible tragédie macabre. Ceux qui pensent que la torture, l'humiliation n'ont jamais existé, se trompent, elles ont été au coeur du système.

Aucune preuve ne fut présentée pour confirmer cette accusation. Aucun lien de causalité ne fut jamais prouvé entre les auteurs de l'attentat du Café de Paris et ladite communauté ; il ne fut jamais prouvé non plus que le crime concerné, i.e., le prétendu "Attentat du Café de Paris" ait jamais eu lieu. Mais cela fut tout simplement supposé, et ladite communauté fut supposée avoir contribué à le "provoquer".

Si les autorités djiboutiennes ne croyaient pas les affirmations des quatre accusés selon lesquelles ils avaient été torturés, elles étaient libres de les contre-interroger pour déceler d'éventuelles incohérences et prouver qu'ils avaient menti. Mais au lieu de procéder ainsi, ils furent tout simplement réprimandés. Ce qui montre bien peu de considération pour la vérité, la justice, et un procès impartial. Cette paisible communauté djiboutienne a été humiliée, offensée, effacée, ostracisée et mise au banc de son propre pays.

Pire elle a été vouée aux gémonies, souvent par " la plume de la dictature “ qui ignorait tout d'elle ! Il a utilisé - parfois sans le vouloir - ses préjugés et en faisait des généralités ! Il a usé largement les émotions pour maximiser l'efficacité de ses messages, le raisonnement et la vérité pouvant être ignorés, voire niés. Du coup, cette dernière est qualifiée « d’ingrate »,« d’une organisation terroriste » et en paya le prix.

Sa « djiboutianité » est systématiquement mise en doute, cette propagande de haine et de préjugés, de nationalisme exacerbé, s'inscrivait en profondeur dans l'inconscient collectif. Cet amalgame fumeux, cette déformation inacceptable, cette confusion des genres doivent cesser !

Supporterons-nous que les victimes, en ce temps, souffrent et se révoltent de notre refus de témoigner, de notre lâcheté silencieuse, de notre fausse commisération ?

L'ancien président français François Mitterrand disait souvent : "Je veux écrire, écrire, écrire pour ne pas laisser écrire les autres".

Le dire et l'écrire, c'est aussi obliger ceux/celles qui ne veulent pas voir cette réalité douloureuse à la regarder en face.
"Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout, il faut toujours, ce qui est le plus difficile, voir ce que l’on voit", disait Péguy.
Cette clanisation qui débouche avec la haine de l'autre, est un moment épouvantable du clanisme exterminateur.

Cette affirmation de l'identité du clanisme est allée jusqu'à l'exclusion voire la persécution et l'extermination de l'autre.
La complexité de ce système mafio-clanique résulte de l'aliénation obstruant la perception émotionnelle et sa politique justificative de la destruction de l'autre.

Le mensonge aliénatoire qu'il véhicule comme vrai est faux.
En ces temps tragiques que connaît notre pays, ces moments d’Histoire doivent être rappelées à tous.
Nous lançons un appel aux organismes internationaux dont l'observatoire international de Torture à réagir contre cette injustice et ouvrir une enquête pour poursuivre ces tortionnaires en justice.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)