Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
TCHAD

Affaire Hawariya : prison ferme en appel pour enlèvement et séquestration de mineur


Alwihda Info | Par - 8 Novembre 2018



La tchadienne Hawariya. Crédits : droits réservés.
La tchadienne Hawariya. Crédits : droits réservés.
La cour d’appel a rendu ce jeudi 8 novembre son verdict dans le procès opposant une jeune fille de 16 ans à son mari qu'elle accuse de l'avoir séquestrée et torturée en 2016. L’accusé, Haroun Hissein, a été condamné pour séquestration et enlèvement de mineur, à un an d’emprisonnement ferme, 100 000 F CFA d’amende et 3.500.000 FCFA de dommages et intérêts pour tout préjudice confondu. La décision a été prononcé en l’absence du prévenu et de ses avocats qui ont préféré bouder le procès, a constaté Alwihda Info.

La cour d’appel a délivré un mandat d’arrêt à l’encontre du prévenu, Haroun Hissein, qui a brillé par son absence au prétoire. Il a la possibilité de saisir la cour suprême pour former opposition dans un délai n’excédant pas 10 jours.

L’avocat de la partie civile, Me. Nicole Nadjiandoun s’est dit satisfait de l’arrêt rendu par la cour d’appel en faveur de sa cliente. « La cour n’a fait que dire le droit. Et la petite Hawariya est rétablie enfin dans ses droits. Elle va rentrer aujourd’hui avec un sentiment de satisfaction parce que justice lui a été rendu », a expliqué l’avocate.

L’avocat du prévenu Haroun Hissein, Me. Aguide Messie estime ne pas se reconnaitre dans ce verdict. Il conteste la légalité de la 4ème chambre correctionnelle qui a été dessaisie au détriment de la 3ème chambre correctionnelle de la cour d’appel avec la désignation d’un nouveau juge le lundi 5 novembre, sans aucune justification. « Notre audience a lieu le mercredi 14 novembre et nous viendrons avec notre client ce jour devant la troisième chambre de la cour d’appel pour plaider en faveur de notre client, Haroun Hissein. Si on ne nous appelle pas et on ne nous juge pas ce jour c’est qu’il y a un déni de justice. On va saisir les autorités pour faire valoir notre droit. On ne se reconnait pas dans cette procédure parce qu’on ne retire pas un dossier d’une chambre à une autre sans aucune justification avec une nouvelle recomposition des magistrats », a expliqué l’avocat du prévenu, Me. Aguide Messie.

Accusant son mari, Haroun Hissein, de l'avoir séquestrée et torturée pendant plusieurs mois en 2016 alors qu'elle avait 14 ans, Hawariya Mahamat Abdoulaye et sa famille poursuivent depuis l'homme en justice pour "détournement de mineure".

L'affaire a été très médiatisée au Tchad, tant les cas de jeunes filles mariées de force y sont nombreux.

Après avoir porté plainte, Hawariya Mahamat Abdoulaye a notamment accompagné la Première dame tchadienne, Hinda Déby, à un sommet de l'ONU à New-York en 2016 pour évoquer les violences faites aux jeunes filles.

En août 2017, le mari avait été jugé "non coupable" en première instance, le tribunal considérant l"'infraction non constituée".

L'affaire a été portée en appel, et déjà reportée neuf fois avant l'audience de mercredi, durant laquelle les deux parties ont été entendues par les juges dans la phase d'instruction du dossier.

Mardi, une affaire parallèle concernant les deux parties a été classée sans suite : M. Hissein était poursuivi par le ministère public pour "corruption de magistrat" après de forts soupçons de pots-de-vin versés à la justice tchadienne dans son procès contre Hawariya Mahamat Abdoulaye.

La jeune femme, qui vit désormais avec sa famille à N'Djamena, confiait à l'AFP début octobre ne plus croire en la justice "corrompue" de son pays et craindre les représailles de M. Hissein, avec qui elle est toujours mariée.

Selon l'ONU, 68% des jeunes tchadiennes sont mariées avant leur majorité.
Djimet Wiche Wahili
Journaliste, directeur de publication. Tél : +(235) 95415519 / 66304389 E-mail :... En savoir plus sur cet auteur



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)