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AFRIQUE

DJIBOUTI : L'utopie meurtrière est en marche


Alwihda Info | Par Abdourazak GUEDI - 15 Décembre 2015


"Nin Qoyan Biyo Iskama Dhowro". Djibouti risque à nouveau d’emprunter le chemin de la guerre civile.


DJIBOUTI : L'utopie meurtrière est en marche
En décembre 2011, le président GUELLEH avait juré solennellement qu’il ne se représenterait plus en 2016. Et je l’ai cru. Un fol espoir est alors né en moi : avait-il enfin capté le besoin de changement du peuple djiboutien ? Regardait-il enfin la situation de son pays avec lucidité ? Le 03 décembre, il a annoncé sa candidature pour un 4ème mandat. J’ai alors su que sa parole n’avait plus de sens ni de valeur. Je me suis dis « il vient, encore une fois, de manquer le grand rendez-vous avec l'histoire de son pays ». Si une personne sensée avait été consultée, elle lui aurait certainement dit: quittez le pouvoir. Vous avez déjà fragilisé les institutions de ce pays en modifiant la constitution en 2011. Vous avez interrompu, en 2013, le processus électoral, qui s’avère malheureusement être une obligation gênante. Cette personne aurait ajouté « formez un gouvernement d’union nationale. Préparez de la meilleure des façons l’alternance politique dans votre pays. Quittez le pouvoir tant qu’il est encore temps ». Tout laisse à penser qu’il ne pouvait suivre des tels conseils. Ce serait contraire à son ambition démesurée. Du coup, des « inaptocrates-oligarques » ont monté un grotesque scénario, à grands coups de T- Shirt et de chants, où le « peuple » le réclame et le prie de rester encore en place. Comme c’était pathétique et triste à la fois de voir ces fonctionnaires et assimilés manifester sous la contrainte ! Que dire de ces hommes d’armes déguisés en civils pour gonfler les effectifs des sympathisants ? Et pour couronner le tout, le sacre devant un parterre d’ « incapables majeurs » qui n’avaient de cesse de réclamer leur mise sous tutelle. Cette mascarade compromet fortement tout principe d’une alternance politique. De nombreux concitoyens ont une fois de plus accepté l’inacceptable. D’autres ont voulu manifester leur désaccord et leur mécontentement. En vain : les médias nationaux ont refusé de relayer l’expression démocratique de leur opinion. Enfin, parmi les plus « éclairés » beaucoup, ont perdu leur cadre de référence rationnel : légitimité, justice, légalité, égalité… Ce système « politico-tribal », ayant atteint son stade ultime n’a aucune issue. Il se joue dans le pays une partie très risquée. La paix sociale est sacrifiée. Le quotidien est aujourd’hui anxiogène : arrestations arbitraires, violences gratuites, violation des libertés fondamentales. Djibouti est en crise : un tribalisme exacerbé, des réactions démesurées des « forces de l’ordre » et un esprit de « vengeance » qui risque de gagner le camp adverse. Des acteurs politiques sont fortement malmenés et ne savent plus à quel saint se vouer. Le ciel politique s'assombrit sérieusement. L’opposition est pourchassée, discréditée. Pourtant la valeur d’un guerrier se mesure à celle de son adversaire. La situation ne cesse de se dégrader et en l’absence d’une alternative crédible, viable, face à la décadence du système en place, le pire est à craindre. La cupidité et la vanité du prince ne doivent pas prendre le dessus sur l’intelligence et la lucidité. Il est, naturel et hautement salvateur que les djiboutiens conjuguent leurs efforts s’ils souhaitent la paix sociale. L’opinion publique doit être mobilisée pour tenter d’infléchir la position du régime en place. Cela passe aussi, par la mise en place des conditions nécessaires pour l’organisation d’élections libres et transparentes. Sinon, les djiboutiens risque à nouveau d’emprunter le chemin de la guerre civile qui ne profitera certainement qu’à ceux qui soufflent aujourd’hui sur les braises.



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