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Enquête : Police/Mairie : certains agents impliquées dans la corruption


Alwihda Info | Par Alwihda Info - 19 Septembre 2010



Enquête : Police/Mairie : certains agents impliquées dans la corruption
 Dans les rues de N’Djamena, les passants constatent sans faire d’effort que certains agents  de police et de la mairie collaborent ensemble pour se remplir  illégalement les poches. Longtemps, nous entendons des rumeurs et critiques sur ce comportement irresponsable qui n’honore en aucun moment l’administration tchadienne.

 

Pour enquêter sur ce dossier, nous  nous sommes passés pour des motocyclistes et quelle n’était notre surprise. C’est au Grand Marché que nous avons élu domicile cette journée. A maintes reprises, nous constatons  des agents de la mairie mélangés avec la police en train de négocier avec des motocycles. Il s’agit de libérer des motos sans papier en échange d’argent.

 

Comment les policiers pratiquent cette technique ?

 

Tout en se montrant fidèle à son poste, le policier nous arrête avec l’aide des agents de la mairie, il s’en suit une prise immédiate des clés, et d’un ton sévère :

 

« Descends de la moto, tu n’as pas vu le panneau ? Tu es en sens interdit ! », affirme l’agent de la mairie. Aussitôt la clé passe de main en main jusqu’à un chef en uniforme portant l’inscription « police nationale »

 

Le trousseau entre les mains, le chef policier démarre la moto et me demande de le suivre « soi-disant » au commissariat le plus proche.

 

Quelques minutes après, bien loin déjà de ses autres collègues de sécurité et contrôle, il immobilise la moto sur un trottoir et décide d’entamer avec moi des négociations. « Où sont tes papiers ? », me demande t-il puis il poursuit en demandant le payement le somme de 10 000 Fcfa.

 

J’ai  tenté bien en vain de négocier en affirmant que je ne dispose pas plus de la moitié. Je fais sortir sans hésiter tout l’argent qui se trouve dans mes poches. Bien sûr je me suis préparé pour l’occasion.

 

Finalement il accepté d’arracher  la somme de 4500 frs que j’avais. Il descend de la moto, et ne s’attarde pas à prendre ses jambes à son cou pour s’en aller comme si de rien était. Mon collègue s’est éclipsé pour suivre la scène d’après. Sans surprise, le policier est revenu au Grand Marché, accueilli par l’agent de la Mairie. Après sourire suivi d’une brève discussion, l’agent de police tend à son « ami » de la Mairie une commission !!

 

De la pure et simple corruption

 

Où sont les responsables de la police et de la Mairie ? Sont-ils au courant de ce que font certains agents dans les rues de N’djamena ? Pourquoi les motocyclistes et chauffeurs obtempèrent aux ordres des agents qui veulent se procurer illégalement de l’argent sale à la moindre occasion.

 

Les commerçants également victimes

 

Nous avons assisté à une autre scène. Il s’agit d’une altercation qui s’est transformée en bagarre entre un agent de la mairie et un simple vendeur ambulant de viande. Le motif : Il n’était pas à la bonne place, à vrai-dire, il est passé par le mauvais chemin.

 

L’agent de la mairie le lui rappela, et le premier fût signe d’opposition en lui disant qu’il n’est pas normal de les chasser de la place, « nous sommes au marché et nous avons le droit de vendre de la viande » cria le vendeur.

Une réplique qui lui aura valu la perte de ses marchandises car la totalité de sa viande s’est retrouvée par terre, jetée violement par l’agent de la marie.

 

L’intervention des autres collègues de la mairie était immédiate et suivi bien évidemment d’autres policiers. Cette scène a attiré l’attention de tous les passants du marché qui se sont attroupés sur le lieu. Semblable à une scène cinématique mais très bouleversante. Pourtant un des militaires des forces de l’ordre rappela à cet agent qu’il n’avait pas besoin d’en venir à la force. Il a estimé que c’est un abus de pouvoir de lui jeter sa viande par terre de cette manière. « Il a fallut lui expliquer bien doucement et calmement qu’il fallait un peu s’écarter de ce lieu qui n’est pas favorable à la vente de la viande, sans faire de cela un gros problème », a ainsi expliqué le militaire au représentant de la mairie.  Le comportement de l’agent de la mairie n’a pas été du gout d’un responsable de la Mairie qui est revenu présenter des excuses à la place publique.

 

Heureusement, il existe encore des responsables armés de sagesse qui condamnent ce genre de comportement.

 

Les motos devenues des appâts pour la corruption ?

 

Il est dit et il est clair que la situation s’empire, les motos sont pourchassés maintenant partout dans la ville, surtout au grand marché, dans les ronds points, les grandes avenues... La moindre excuse est valable à un policier pour trouver un moyen de gagner de l’argent.

 

Il en est de même pour les taxis et véhicules qui n’échappent pas au contrôle de papier. Mais toujours ils s’exposent à cette malversation financière « la corruption ».

 

Une semaine suffirait pour gagner le salaire d’un mois

 

Un policier reconnaît ironiquement qu’il lui suffirait une semaine pour gagner l’équivalent de son salaire mensuel. « je me suis battu pour qu’on m’affecte à ce rond point (…) que voulez vous que je fasse ? la vie est trop chère, mon salaire ne suffit pas et j’ai une famille de 22 personnes », reconnait un agent de police.

 

Il est anormal que certains agents de la Mairie et de la police se procurent de l’argent sale dix fois plus de leur salaire en sept jours!

 

Des millions de FCFA qui pourraient servir à construire le Tchad

 

Il n’est pas interdit que la police effectue des contrôles de papiers même si cela serait dans chaque quartier et recoin de la ville, mais qu’ils le fassent dans les normes de la loi.

 

Cet argent récupéré dans les infractions de la route par des amendes légales  devrait servir et aider l’Etat au financement de certains projets de routes, de parkings ou même la construction d’un nouveau marché central.

 

Prenons l’exemple de tous  les pays européens qui tiennent un pourcentage important de leur budget par les amendes légales dues aux infractions de la route.

 

Dans ces pays développés, les Mairies s’autofinancent et pourquoi pas chez nous ?

 

 

A-t-on le droit de laisser cette situation perdurer ?

 

La question est de savoir si cette situation de corruption au vu et au su de tous les passants, de tous les visiteurs étrangers va continuer sans intervention des hautes autorités de la police ? sans intervention musclée et efficace du ministère de l’intérieur ?

 

Des telles pratiques ternissent sans doute l’image du pays et si les autorités compétentes traînent les pieds, nous souhaitons l’intervention du ministère de l’assainissement public et de la promotion de la bonne gouvernance.

 

Enfin, il faut reconnaître que malgré cela, il existe des agents honnêtes même s’ils ne sont pas nombreux.

SA




Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)