New York, le 10 décembre 2008-Le Comité pour la protection des journalistes
(CPJ) est indigné par les reportages selon lesquels un journaliste a été admis
en soins intensifs après avoir été sévèrement brutalisé le 5 décembre dans
l'enceinte de la présidence du Gabon où il avait été convoqué.
Le journaliste du nom de Habib Papy Boubendji, a déclaré au CPJ qu'il a été
convoqué à la présidence pour un interrogatoire suite à la parution, le 27
novembre, d'un article s'interrogeant sur un possible scandale de corruption qui
impliquerait Pascaline Bongo, la fille et directrice de cabinet du président
gabonais, Omar Bongo.
M. Boubendji, un journaliste de l'hebdomadaire satirique Le Nganga, a dit qu'il
a été agressé à coup de matraques par des membres de la garde présidentielle. Il
a précisé qu'il n'est plus en soins intensifs mais qu'il est toujours
hospitalisé à la capitale gabonaise, Libreville, du fait de plusieurs douleurs
persistantes, des côtes brisées et des contusions.
Dans un entretien téléphonique avec le CPJ aujourd'hui, Raphaël Ntoutoume
Nkoghe, le conseiller spécial du président gabonais chargé des relations avec
les médias, a déclaré qu'il n'était pas au courant de cette bastonnade, mais a
reconnu avoir vu M. Boubendji peu avant l'incident dans le bureau d'un garde
présidentiel qu'il ne saurait identifier. Il a cependant souligné que son bureau
va ouvrir une enquête sur cette affaire.
« Nous appelons les autorités gabonaises à expliquer comment Habib Papy
Boubendji a été si sévèrement brutalisé à la présidence », a déclaré le
directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes. «Nous demandons également au
procureur de la république d'ouvrir immédiatement une enquête sur cette affaire
et de traduire en justice tous les auteurs de ce crime », a-t-il martelé.
Selon des journalistes sur place, des gendarmes en civil ont ensuite pris M.
Boubendji de la présidence et auraient fait une descente à son domicile, y
saisissant des documents, des appareils photos, un magnétoscope et une clef USB,
avant de l'emmener à l'hôpital. Ces agents auraient exigé une copie de l'édition
du 27 novembre du journal Le Nganga, qui n'est pas paru depuis la bastonnade de
M. Boubendji. Les employés du journal ont fermé les bureaux et se sont dispersés
par crainte de menaces ou d'arrestations, selon un membre du personnel qui s'est
adressé au CPJ sous le couvert de l'anonymat de peur de représailles de la part
du gouvernement gabonais.
Dans sa dernière édition, Le Nganga avait publié à la Une un article qui a
soulevé des interrogations sur le rôle de la fille du président Bongo dans un
prétendu détournement de deniers publics d'un montant de 600 millions de francs
CFA (1,2 million de dollars américains), selon des recherches du CPJ. Le
président Bongo n'a pas publiquement réagi à cet article, mais le Conseil
national de la communication du Gabon avait convoqué le directeur de la
rédaction dudit journal, Loïc Biteghe, pour un interrogatoire le 1er décembre,
selon des journalistes locaux.
M. Boubendji est le troisième journaliste agressé cette année à Libreville dans
l'exercice de sa fonction, selon des recherches du CPJ. En avril dernier, des
agents de police avait agressé le cameraman Claude Ada Mboula de la chaîne
privée, Télé Africa, au cours d'une marche anti-gouvernementale, ce qui lui
causé six jours d'hospitalisation, selon des médias locaux. Le mois dernier, le
journaliste Sydney Ivembi du quotidien en ligne, GabonPage, a été agressé par
la police pendant qu'il prenait des photos lors d'une opération de nettoyage de
trottoir, selon l'Agence France-Presse.
La presse indépendante du Gabon reste affaiblie par la censure gouvernementale,
notamment une tendance récurrente à des suspensions d'organes de presse pour des
couvertures critiques à l'égard du président Bongo, qui est au pouvoir depuis
1968, et par la pression financière, selon des recherches du CPJ.
Le COMITÉ POUR LA PROTECTION DES JOURNALISTES (CPJ), une organisation
indépendante, à but non lucratif basée à New York depuis 1981 et devouée à
defendre la liberté de la presse dans le monde.
N.B. Version Française du communiqué du CPJ du 10 Décembre
LE COMITÉ POUR LA PROTECTION DES JOURNALISTES
330 7th Avenue, 11th Fl., New York, NY 10001 USA
Phone: (212) 465 1004 Fax: (212) 465 9568 Web: www.cpj.org E-Mail:
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