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POLITIQUE

Karim Wade : Un archarnement politique inadmissable

La piste monégasque pour garder Karim Wade en prison


Alwihda Info | Par Par Aly Samba NDIAYE - 20 Septembre 2013



Karim Wade. Crédit photo : Sources
Karim Wade. Crédit photo : Sources
Pour Karim Wade, ancien Super ministre de son père, le président Abdoulaye Wade, la perspective de retrouver la liberté le 14 octobre prochain s’éloigne. En détention provisoire depuis plus de cinq mois à la prison centrale de Dakar, il risque de voir son séjour carcéral se prolonger encore de six autres mois. L’instruction sur les accusations d’enrichissement vient de connaître un nouveau rebondissement. Le président de la commission d’instruction de la CREI (Cour de répression de l’Enrichissement illicite), Cheikh Tidiane Bèye, a soumis l’ancien ministre des Infrastructures, de la Coopération internationale, des Transports aériens et de l’Energie à une nouvelle audition. Elle porterait, cette fois, semble-t-il sur un chef d’accusation d’enrichissement illicite et de détention de biens mal acquis. Un pot aux roses aurait été découvert à Monaco sur des comptes concernant la bagatelle de 99 milliards. Ce que contestent les avocats de la défense, pour qui la découverte ne s’applique que sur un compte alimenté à hauteur de 1,3 milliard de nos francs que son père lui aurait confié il y a près d’une dizaine d’années.

Maigres trouvailles

Dans l’entourage du procureur spécial de la CREI, on précise bien que cette nouvelle audition ne s’explique que par la volonté de cette juridiction d’exception de confronter Karim

Wade avec le rapport d’un millier de pages sur les accusations précédentes pour faits d’enrichissement astronomique estimé à 694 milliards FCFA. Il est vrai que les trouvailles des enquêteurs sur l’ampleur de cette acquisition illicite sont bien maigres. Le point nodal de l’accusation, la ténébreuse affaire de Dubai Port World dont Karim Wade serait le principal actionnaire ainsi que d’autres structures annexes, ressemble davantage à un ballon de baudruche en décompression qu’à la révélation du siècle que la partie civile prétendait lui donner. En tout cas rien, jusqu’à présent, ne semble vraiment prouver les liens intimes entre le prévenu et DPW. L’Etat s’est même engagé dans une négociation avec les vrais propriètaires pour récupérer les 24 sur les 53 milliards de « pas de porte » que DPW lui devait. Le retard dans l’encaissement de cette somme relève en fait de la mauvaise gestion du Port Autonome de Dakar, autorité contractane dans cette affaire de cession douteuse du terminal à conteneurs cédé en entente directe à l’opérateur dubaïote. Le DG du Port au moment de la signature de l’accord, maître d’œuvre, ne semble pas du tout inquiété, en dehors de quelques visites sporadiques chez des enquêteurs de la CREI ou de la DIC (division des investigations criminelles de la Police). Des esprits burlesques s’amusent à décompter le nombre de milliards qu’il faut désormais déduire de l’immense fortune supposée qu’aurait amassée Karim, d’après l’accusation.

Fausse piste

Si elles s’avèrent effectives, les accusations relevant du dossier des comptes réels ou fictifs de Karim Wade risquent de connaître le même sort que les titres de propriété et les fortunes colosssales prétées au même. La presse fait état d’un flop subi par les enquêteurs sur cette nouvelle fausse piste. Sur la trentaine de comptes visités, un seul appartiendrait à Karim. Les autorités bancaires monégaques, dans le cadre de la commission rogatoire en auraient ainsi attesté. Et durant les sept heures qu’il a passées devant les enquêteurs la semaine dernière, le fils de l’ancien président de la République a épluché un volumineux dossier, répondu à quelques questions avant de retourner à la citadelle du silence. La proximité de l’échéance du 14 octobre, date de sa probable sortie si rien de consistant ne lui est opposé, a-t-elle poussé le procureur spécial de la CREI à sortir un nouveau lapin de son chapeau ? Les avocats de l’ancien ministre du Ciel et de la Terre l’accusent en tout cas de chercher ainsi à créer une nouvelle source de détention provisoire qui serait prononcée le 12 octobre, soit deux jours seulement avant le probable élargissement du prévenu puisque le premier dossier d’accusation semble plutôt vide…

En tout cas, si ce n’est pas de l’acharnement, cela y ressemble fort bien. Cette démarche est, à tout point de vue, insupportable et agaçante. Le séjour carcéral est socialement et humainement dramatique. Le procédé politique digne de l’Inquisition enlève au droit son caractère impersonnel et révèle un inadmissible déni de droit et de justice. Le désormais ancien ministre de la Justice devenu Premier ministre, Mme Aminata Touré, avait bien dit lors de la passation de services avec son successeur que la traque des détenteurs supposés de biens mal acquis se poursuivra sans pitié. Les prevenus seraient donc pourusivis sans relâche. Qu’à cela ne tienne. Que justice soit rendue. Mais dans l’équité et l’impartialité. Karim n’est pas blanc comme neige, loin s’en faut. Il serait illusoire de croire qu’il a géré en bon père de famille l’immense fortune que son pr&ésident de la République de

père lui avait confiée. Il bénéficie certainement d’inextricables connexions et procéderait par de lugubres entourloupettes pour planquer tout l’argent qu’il aurait acquis illicitement. Cela dit, la véracité d’une accusation ne peut se fonder que sur des preuves et non une présomption de culpabilité qui, elle, ne peut supplanter la présomption d’innoncence.

Karim super star ?

La focalisation de cette juridiction d’exception sur Karim Wade est choquante. La nomination de Me Kaba avait suscité un petit moment d’espoir de voir le droit revenir par la grande porte, car la politique l’avait chassé du prétoire. Mais, l’avocat Sidiki Kaba est trop affaibli par ses prises de position antérieures sur la légalisation de l’homosexualité au Sénégal et avec son client Bibo Bourgi aujourd’hui incarcéré, pour tracer et défendre une ligne d’indépendance vis-à-vis du Premier ministre. L’accueil triomphal qui lui a été réservé dans son Tambacounda natal et son entrée en politique déclarée sont de nouveaux signes annonciateurs de son alignement total sur les positions jusqu’au boutistes du Premier ministre, décidé à sacrifier l’agneau Karim Wade à l’autel d’une «bonne gouvernance » sélective.

Pendant que la médiation pénale brille de ses mille feux, l’acharnement contre Karim Wade redouble d’intensité.

Curieux destin que celui de ce dernier. En effet, voilà quelqu’un qui, au sommum de sa puissance financière et de son pouvoir politique, rasait les murs dans le pays et qui refuse auourd’hui du monde à son parloir de Rebeuss. Qu’en sera-t-il quand il sera enfin libre, lavé de tout soupçon ? Un récent sondage empirique vient de le placer juste après Macky Sall au palmarès de la popularité. Vrai ou faux, le constat est réel que la cote de popularité de Macky Sall monte pendant que celle de Macky Sall descend. La pire frustration que ce pouvoir ferait au Sénégal c’est non seulement d’échouer dans

la tentative de nous redonner l’espoir, mais aussi de remettre en selle le PDS, en faisant de Karim Wade une victime expiatoire. Si les preuves de son enrichissement existent, qu’elles soient sorties, autrement, Karim doit sortir de prison et vaquer tranquillement à ses coccupations.

Par Aly Samba NDIAYE
Témoin » N° 1137 –Hebdomadaire Sénégalais (Septembre 2013)



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