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L'ancien dictateur tchadien sera jugé à Dakar


Alwihda Info | Par - 26 Juin 2012


Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique qui parait aujourd’hui, le chef de l’Etat, Macky Sall, a déclaré que l’ex-président tchadien, Hissène Habré, sera jugé au Sénégal.


affaire Habré a été transmise au gouvernement du Sénégal par l’Union africaine (Ua) au cours d’une de ses sessions. Il y a un an, l’ancien président Me Abdoulaye Wade avait annoncé son extradition vers son pays d’origine le Tchad. M. Habré vit à Dakar depuis qu’il a perdu le pouvoir en 1990 après un coup d’Etat.

Le président Macky Sall, dans la gestion du dossier Habré, veut marquer une rupture par rapport à son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique, il a déclaré: « Il n’y a aucune raison valable de ne pas le juger en Afrique et je rappelle d’ailleurs que c’est l’Union africaine qui a donné mandat au Sénégal d’organiser ce procès. Habré sera jugé ici », martèle-t-il.

Le gouvernement du Sénégal avait pris l’engagement d’ouvrir un procès, à Dakar, en demandant les moyens nécessaires au jugement. Il y a moins d’un an, l’ancien chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, avait pris la décision d’extrader Hissène Habré dans son pays par vol spécial. C’était le 8 juillet 2011. Revenant sur la question de la traduction en justice de l’ancien dictateur tchadien, Hissène Habré, réfugié au Sénégal depuis près de deux décennies, Macky Sall a dit que les tribunaux seront saisis.

Il y a quelques jours, la Secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait, dans un rapport rendu public, demandé aux autorités sénégalaises, au président Macky Sall en particulier, de prendre des « mesures concrètes » afin que la vérité et la justice soient dites dans cette affaire. Selon elle, il est temps que les victimes présumées de l’ancien dictateur soient entendues devant un tribunal. La secrétaire d’Etat américaine, Mme Clinton, avait prié les autorités sénégalaises de « diligenter les procédures dans cette affaire, ce que ne voulaient pas entendre les tenants de l’ancien régime » qui valsaient entre tergiversations judiciaires et exigences financières. Il y a moins d’un an, l’ancien président du Sénégal, Me Wade, avait, dans un communiqué officiel, annonçait l’extradition vers le Tchad d’Hissène Habré. Ce procès devrait coûter, dans un premier temps, au Sénégal, 18 milliards de F Cfa. Lors de la table ronde des bailleurs de fonds à Dakar, il a ramené à 8,6 millions d’euros (5,6 milliards de F Cfa).

L’annonce par le Sénégal de l’extradition d’Hissène Habré, avait sonné comme un rebondissement spectaculaire dans «l’interminable feuilleton politico-judiciaire » dénoncé par de nombreux groupes qui suivent le dossier depuis plus de vingt ans. Depuis sa chute en 1990, l’ancien président tchadien vit à Dakar. Son successeur et actuel président Idriss Déby Itno, l’accuse de plusieurs milliers d’assassinats politiques et de tortures pendant les 8 années de sa présidence (1982 à 1990). C’est en 2000 qu’il a été inculpé de crime contre l’humanité, ce qui avait amené la justice sénégalaise à se déclarer incompétente. Des victimes avaient alors eu recours à la justice belge où l’affaire a été enrôlée en vertu du principe de la compétence universelle. La Belgique continue toujours de réclamer son extradition vers Bruxelles.

Ce qu’avait refusé le gouvernement du Sénégal d’alors. En 2006, l’Union africaine donnait au Sénégal le mandat de juger Habré « au nom de l’Afrique ». Des réformes du Code pénal et du Code de procédure pénale, ainsi que celle de la Constitution furent apportées. Plusieurs organisations suivaient le dossier depuis lors, notamment l’Association tchadienne pour la défense des droits de l’Homme (Atpdh), la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), l’Association des victimes de crimes du régime d’Hissène Habré, (Acvrhh), la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (Fidh) et Human rights watch. L’Ua avait en juillet 2006, demandait alors au Sénégal de juger Hissène Habré, au nom du continent, ce que Me Wade, avait accepté. Depuis, les choses ont traîné, puisque M. Habré avait aussitôt introduit un recours à la Cour de justice de la Cedeao. En dépit des réformes engagées par le Sénégal, cette Cour confirmait que le Sénégal ne pouvait toujours pas le juger. De son côté, le président de la Raddho, Alioune Tine, déclarait qu’en ce qui concerne la torture, «les textes internationaux ne laissent qu’une alternative » : « soit vous jugez, soit vous extradez ». Le Sommet de l’Ua qui a tenu sa 17ème session ordinaire à Malabo, en Guinée équatoriale, les 30 juin et 1er juillet 2011, a réitéré son invite au Sénégal de juger M. Habré ou de l’extrader.

Coordonné par le directeur de cabinet du ministre de la Justice, un groupe de travail a été mis en place pour le suivi de l’affaire de l’ancien président tchadien Hissène Habré. Ce groupe comprend plusieurs personnalités dont le directeur général des Affaires juridiques et consulaires du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, le directeur de l’Administration pénitentiaire, le directeur des Affaires criminelles et Grâces, celui des droits humains, le conseiller technique chargé des affaires pénales, le substitut général près la Cour d’Appel de Dakar, le bâtonnier de l’Ordre des avocats et le conseiller en communication du ministère de la Justice.

Le ministère de la Justice, dans un communiqué, avait indiqué que la mission de ce groupe est de réfléchir sur les modalités pratiques de préparation et d’organisation du procès du président Hissène Habré, conformément aux engagements internationaux du Sénégal et avec le soutien de l’Ua.

Le soleil.sn
 
Ndèye Khady Badji



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