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INTERNATIONAL

La Russie signe son grand retour sur la scène internationale


Alwihda Info | Par Mamadou Oumar NDIAYE - 20 Septembre 2013



Vladimir Poutine.
Vladimir Poutine.
Si la Russie n’existait pas, il aurait fallu l’inventer assurément. Surtout que, c’est bien connu, à toute chose, il faut un contrepoids. Montesquieu disait qu’il faut que le pouvoir arrête le pouvoir, et il avait raison. C’est valable dans l’ordonnancement des pouvoirs à l’échelle d’un pays et ça l’est plus encore sur le plan international ! Ainsi, n’eut été la Russie, la Syrie aurait été bombardée par une coalition internationale menée par les Etats-Unis. Et peut-être même qu’avant cela, le régime alaouite du président Bachar El Assad aurait été renversé depuis belle lurette. Seulement voilà : membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, et, à ce titre, détenteur d’un droit de veto, la Russie du président Vladimir Poutine a, jusque-là c’est-à-dire depuis deux ans, bloqué toutes les résolutions présentées par les pays occidentaux, France et Grande-Bretagne en tête, pour sanctionner le régime syrien. Des résolutions qui ne visaient qu’à fragiliser le pouvoir de Damas et à faciliter la victoire des rebelles syriens armés, entraînés et financés par l’Occident mais aussi par des monarchies rétrogrades du Golfe comme l’Arabie Saoudite et le Qatar. Et ce dans le but de renverser un pouvoir légitime sous prétexte de « révolution » s’inscrivant dans le sillage du « Printemps arabe ». Soyons clairs : le président Assad et son régime ne sont certes pas des enfants de chœur, mais l’Armée syrienne libre et les djihadistes qui le combattent ne sont pas des anges non plus !

Non contente d’avoir bloqué toutes les résolutions anti-Assad, la Russie du président Vladimir Poutine vient en tout cas d’éviter à son allié moyen-oriental l’humiliation d’un bombardement occidental sous la bannière des Etats-Unis. Une expédition punitive à laquelle, faut-il s’en étonner ?, le président français François Hollande était partie prenante.

Prenant prétexte de l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Damas sur des populations civiles — une opération qui aurait fait quelque 1400 morts, femmes et enfants en majorité —, les Etats-Unis ont voulu infliger une leçon à la Syrie en y bombardant des cibles stratégiques. Et ce bien qu’il n’ait pas encore été établi de manière formelle que les armes chimiques en question ont bien été utilisées par l’armée syrienne. La prudence la plus élémentaire aurait recommandé d’attendre que soient connues les conclusions du rapport que vont rédiger les experts envoyés par l’ONU à Damas avant d’arrêter une position. Or, à peine ces derniers rentrés, et alors que tout le monde savait qu’ils auraient besoin d’au moins trois semaines avant de rendre leur rapport — lequel n’a été publié que lundi dernier —, la décision de Washington était prise : il fallait bombarder la Syrie. Parfaitement, a dit Paris, qui a fait savoir qu’il était partant. La date des bombardements était même arrêtée. Hélas, un grain de sable est venu gripper la mécanique guerrière puisque le parlement britannique a voté contre une intervention militaire en Syrie. L’opinion américaine étant elle-même opposée à toute expédition punitive contre Damas, le président Obama, échaudé par le précédent irakien, lorsque son prédécesseur Bush avait menti pour déclarer la guerre à l’Irak de Saddam Hussein, a décidé de consulter le Congrès. C’est le moment choisi par la Russie pour abattre sa pièce maîtresse. En effet, le président Poutine, par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a demandé à la Syrie de placer son stock d’armes chimiques sous contrôle international. Une perche saisie par le pouvoir en place à Damas qui a fait savoir qu’il acceptait. Face à cette nouvelle tournure, les Américains n’avaient plus d’autre choix que de donner une chance à la paix en engageant des pourparlers avec la Russie qui est le meilleur allié de la Syrie. Au terme des négociations ouvertes à Genève, un accord de paix a donc été trouvé entre Russes et Américains sur les armes chimiques syriennes. Lesquelles vont être détruites sous supervision internationale d’ici à la mi-2014. Les peuples du monde entier, qui priaient pour la paix, pouvaient donc respirer à l’annonce de la conclusion de l’accord.

En retrait, pour ne pas dire inexistante depuis plus d’un quart de siècle, depuis la chute du Mur de Berlin en 1989, mais plus précisément depuis l’accession au pouvoir du président Gorbatchev qui démantela l’Ex-URSS (Union des Républiques socialistes soviétiques), la diplomatie russe vient donc de signer avec éclat son grand retour sur la scène internationale. En effet, c’est une brillante victoire qu’elle vient de remporter en évitant à la Syrie un bombardement injuste uniquement dicté par la loi du plus fort. Depuis la fin de la guerre froide qui était marquée par l’équilibre de la terreur entre le Bloc soviétique et le camp occidental, entre le Pacte de Varsovie et l’Otan, le monde dans lequel nous vivons était devenu unipolaire. Et ce malgré la montée en puissance de la Chine. Or, durant la guerre froide, la plupart des pays du Tiers monde n’avaient pu accéder à l’indépendance qu’en s’appuyant sur le Bloc soviétique. Depuis le démantèlement de ce dernier, le monde est à la merci des USA. Un contrepoids à l’hégémonie occidentale était nécessaire et la Russie est en passe de reprendre sa place dans la marche des affaires du monde. En laissant passer une résolution franco-britannique autorisant le bombardement de la Libye et qui a été mise à profit pour renverser son régime et tuer son Guide, la Russie avait désespéré des millions d’Africains. Elle vient de se réhabiliter brillamment en mettant en échec le complot de l’Occident et des monarchies du Golfe contre la Syrie. La Russie est de retour sur la scène internationale. Excellente nouvelle pour les peuples du Tiers monde !

Mamadou Oumar NDIAYE
Témoin » N° 1137 –Hebdomadaire Sénégalais ( Septembre 2013



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