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Tchad : À quand la moralisation de la police nationale ?


Alwihda Info | Par - 3 Mars 2013


Beaucoup de personnes au Tchad ne connaissent pas leur droit en se laissant dépouiller de leur bien par les policiers. Ces derniers n’ont jamais hésité a faire des fouilles corporelles allant jusqu'à subtiliser des objets personnels comme les téléphones portables, les montres bracelets, les gourmettes, les billets de banque et pièces de monnaie


TCHAD - Les travaux de la Commission Nationale de Contrôle des services de la Police nationale (CONACOPOL) permettront-ils à notre police de sortir enfin de son embourbement et son engluement dans la corruption, les abus, les extorsions, les viols, l’absentéisme et la défaillance dans le maintien de l’ordre et la sécurisation de nos villes et institutions publiques et privées. Nous avons appris que la commission a pu déceler les brebis galeuses en mettant sur le tapis des nombreux policiers fantômes soient en les mettant à la retraite d’office ou tout simplement en leur montrant la porte.

La réaction des populations durant l’absence des policiers dans nos rues a été un indice supplémentaire que les policiers en dehors de leur travail de maintien de l’ordre et le respect aux lois sont devenus des véritables racketteurs qui écument nos rues et villes, passant tout leur temps à courir derrière les gains faciles et illicites. Sans aucune moralité et foulant aux pieds leur mission première, nos policiers sont devenus des bandes organisées qui travaillent de concert avec les trafiquants de drogue, les voleurs, les arnaqueurs et tous les autres bandits qui pullulent dans nos villes. Sinon comment comprendre les comportements de certains voleurs et faussaires qui se retrouvent souvent à la même table avec les policiers dans les établissements de vente de boisson et autres gargotes? Comment accepter qu’un policier utilise la voiture ou la moto d’un faussaire ou d’un repris de justice? Comment accepter qu’un policier possède une voiture, une maison et des dépenses qui dépassent son salaire? Comment tolérer que des policiers puissent parrainés des taximan, des clandoman et autres usagers de la route en leur offrant des papiers de libre-circulation?

Beaucoup de personnes au Tchad ne connaissent pas leur droit en se laissant dépouiller de leur bien par les policiers. Ces derniers n’ont jamais hésité a faire des fouilles corporelles allant jusqu'à subtiliser des objets personnels comme les téléphones portables, les montres bracelets, les gourmettes, les billets de banque et pièces de monnaie. Jamais, au grand jamais aucun policier n’a le droit de faire des fouilles dans les poches et les porte-monnaie des usagers. Les policiers chargés de gardés les personnes en détention eux aussi n’hésitent pas prendre les bons morceaux de la nourriture que les proches des personnes emprisonnées apportent. On est en droit de penser si on est en présence des forces de l’ordre ou des forces du désordre? Des policiers qui rodent autour des biens des particuliers comme une abeille tournant autour d’une ruche ou comme une hyène affolée par l’odeur du sang qu’elle sent. Pour les chefs, un bon policier est celui-là qui sort et revient les poches pleines de billets de banques malhonnêtement pris sur les pauvres usagers.

La police est malade, trop malade et il lui faut un traitement de choc, une « chimiothérapie » lourde pour détruire les cellules malsaines qui font du mal et à la police et à la population. Est-il normal que la police nationale du Tchad n’ait pas une tenue uniforme spécifique avec le numéro du policier bien en vue? Pourquoi ne pas numéroter les véhicules des policiers pour mieux les distinguer en cas de bavures? D’emblée, la population civile demande au gouvernement de faire encore plus, en imposant aux policiers un minimum de connaissance des droits humains. Un policier se doit de savoir lire et écrire. Un policier doit connaitre la limite de ses prérogatives et sa mission. Son rôle est de défendre et rassurer la population et non l’angoisser, la détrousser et bafouer ses droits élémentaires.

À voir dernièrement le triste épisode filmé par un particulier où des policiers Sud-africains tiraient derrière leur fourgon, un jeune taximan Mozambicain pour la seule raison qu’il aurait mal garé sa voiture. La triste histoire s’était soldée par la mort du jeune homme de 27 ans, retrouvé mort dans sa cellule deux heures après son arrestation musclée, barbare et inhumaine. Comme pour ce jeune taximan Mozambicain, combien de jeunes noctambules se font tabasser, humilier et dégrader par les policiers dans nos rues à l’abri des regards, une fois la nuit tombée. Combien de Mido Macia ont croisé le chemin de nos policiers, nos gendarmes et militaires?

Tout le monde a applaudi que la police nationale passe sous la loupe des membres de la CONACOPOL, mais la commission a travaillé comme un médecin qui traite un grand malade à l’aveugle sans des analyses profondes sur les causes de cette maladie. Personne ne s’est préoccupé des conditions de travail des policiers, de leur salaire et des risques qui encourent à tout moment dans l’exercice de leur travail. On-t-on vu du coté de ces policiers laissés à leur triste sort après un accident de travail? Et que dire de ceux qui n’ont eu d’avancement depuis des années alors que certains passent les échelons comme des étoiles filantes? La CONACOPOL a-t-elle pris les mesures du mal pour en extirper les causes à la racine? Doit-on se contenter des résultats de la commission sans un suivi? Les déflatés et les mis en retraite d’office n’emprunteront-ils pas la petite porte pour revenir à la police ?

Moussa Guetane M



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