
N'Djamena, capitale administrative et plus grande ville de la République du Tchad. Photo : powersofafrica.com
Il s'agit, selon les termes du président Mahamat Idriss Deby Itno, d'une tentative de positionner le Tchad comme « un pôle de croissance et d'innovation en Afrique centrale et au Sahel ».
Ce plan vise essentiellement à mobiliser un investissement exceptionnel de 30 milliards de dollars au cours des six prochaines années. Ce n'est pas une mince affaire dans un pays où les revenus pétroliers restent volatiles, où les déficits d'infrastructures demeurent importants et où le contrat social entre l'État et les citoyens est depuis longtemps mis à rude épreuve. Pourtant, en associant des programmes d'infrastructures de grande envergure à des réformes institutionnelles, et à une nouvelle ouverture aux capitaux privés, le gouvernement mise son avenir sur un pari risqué et hautement rentable : que le Tchad puisse franchir une nouvelle étape dans la croissance et la résilience avant la fin de la décennie.
L'architecture de Tchad Connexion 2030
Le plan s'articule autour de quatre piliers principaux, interdépendants plutôt que cloisonnés :
1. Infrastructures : De l'électricité à l'eau, des routes au haut débit, la stratégie vise à jeter les bases matérielles de la croissance.
2. Politique sociale : Un renforcement délibéré des systèmes de santé, d'éducation et d'emploi, en mettant l'accent sur l'inclusion.
3. Diversification : Au-delà du pétrole, se concentrer sur l'agriculture, l'exploitation minière, le tourisme et les industries d'exportation.
4. Climat des affaires : Des réformes radicales pour attirer les investissements et simplifier les relations commerciales.
Ces quatre piliers s'appuient sur 17 programmes thématiques, dont certains sont transversaux, tels que la décentralisation, la résilience climatique et l'autonomisation des femmes. Concrètement, le gouvernement prévoit 268 projets et réformes multi-sectoriels, chacun conçu pour engendrer des changements structurels dans l'économie et la société.
La transformation numérique comme catalyseur
S'il existe un élément clé de Tchad Connexion 2030, c'est sans conteste le programme d'investissement numérique : 1,5 milliard de dollars sont consacrés à la modernisation de la connectivité du pays et au positionnement du Tchad comme pôle numérique du Sahel. Appelée Programme 3 dans le document de stratégie, cette initiative reconnaît que sans un saut numérique, les ambitions globales du Tchad resteront limitées.
Parmi les principaux objectifs :
● Élargir la couverture : le taux de pénétration d'Internet n'était que de 13,2 % début 2025. Le gouvernement s'est fixé un objectif de 30 % d'ici 2030.
● Renforcer les infrastructures : la construction d'une liaison fibre optique de 509 kilomètres entre N'Djamena et la frontière nigérienne est essentielle, tout comme les projets de nouvelles liaisons internationales via la Libye et l'Égypte.
● Encourager la concurrence : la privatisation de la société publique Sotel et l'octroi de licences à un troisième opérateur de télécommunications devraient réduire les coûts pour les consommateurs et stimuler l'innovation.
● Numérisation de l'administration : Des déclarations fiscales aux procédures judiciaires, le Tchad vise à bâtir un écosystème d'administration en ligne réduisant l'inefficacité et la corruption.
Cependant, la feuille de route numérique est frappante par son omission : la cybersécurité. Alors que l'Afrique connaît une augmentation exponentielle des menaces web (avec 131,5 millions d'incidents signalés pour la seule année 2024, selon Kaspersky), l'absence d'une stratégie de cybersécurité dédiée présente des risques importants. Une numérisation sans défense pourrait exposer le Tchad à des vulnérabilités qui compromettraient les progrès qu'il recherche.
Objectifs sociaux ambitieux
Au-delà des câbles et de la fibre optique, Tchad Connexion 2030 répond aux réalités vécues par des millions de Tchadiens. La dimension sociale est explicite, avec des objectifs mesurables :
●Accès à l’électricité : atteindre 90 % en zone urbaine et 60 % à l’échelle nationale d’ici 2030.
●Sécurité hydrique : accès à l’eau potable pour 11 millions de personnes supplémentaires.
●Éducation : quasi-doublement du taux de scolarisation primaire, passant de 43 % à 80 %.
●Santé : réduction de moitié des taux de mortalité maternelle et néonatale.
●Emploi : développement des programmes de formation professionnelle et adéquation des formations aux besoins du marché.
Ces chiffres sont clairs. Dans un pays où les deux tiers de la population vivent sous le seuil de pauvreté, et où les crises humanitaires sont récurrentes, atteindre ne serait-ce qu’une partie de ces objectifs représenterait un changement profond dans la vie quotidienne.
Diversification économique : rompre la dépendance au pétrole
Pendant des décennies, l’économie tchadienne a été tributaire du pétrole, une source de revenus considérable, mais une source de volatilité considérable. Avec le plan Tchad Connexion 2030, le gouvernement entend relancer l’économie par l’agriculture, l’exploitation minière et le tourisme, chaque secteur étant sélectionné pour ses potentiels effets multiplicateurs.
●Agriculture : Le plan vise à doubler la production d’ici six ans, une initiative susceptible d’améliorer la sécurité alimentaire et de générer des excédents d’exportation.
●Exploitation minière : Disposant de réserves inexploitées d’or et d’autres minéraux, le Tchad sollicite les investisseurs étrangers pour établir un secteur minier moderne et réglementé.
●Tourisme : Du parc national de Zakouma aux paysages sahariens, les atouts naturels et culturels du Tchad se positionnent comme de futures sources de revenus, sous réserve de l’amélioration de la sécurité.
Le défi ici ne sera pas d’identifier les opportunités, mais plutôt de garantir que les structures de gouvernance empêchent le fléau familier de la mauvaise gestion des ressources.
Climat des affaires et rôle du secteur privé
L'aspect le plus radical de Tchad Connexion 2030 est peut-être sa position sur le secteur privé. Près de 46 % des projets sont conçus pour être financés par des capitaux privés, et le gouvernement a clairement indiqué que les partenaires privés ne seront pas seulement des financiers, mais aussi des gestionnaires et des preneurs de risques.
Cela reflète une stratégie délibérée : repositionner l'État comme régulateur et facilitateur, tout en donnant aux entrepreneurs et aux investisseurs les moyens d'agir. Les réformes des systèmes fiscaux, des procédures douanières, du droit du travail et des règles de résidence pour les talents étrangers font partie de ce programme.
Cependant, la charge de la preuve incombe à N'Djamena. Les investisseurs exigeront des garanties de transparence, d'État de droit et de stabilité politique.
Table ronde d'Abou Dhabi : obtenir l'adhésion
Au cœur du déploiement se trouve la Table ronde des partenaires d'Abou Dhabi, prévue en novembre 2025. Elle vise à rallier les institutions financières internationales et les investisseurs privés à la vision du Tchad. Avec plus de la moitié de l'enveloppe de 30 milliards de dollars (environ 16 milliards de dollars) attendue des acteurs privés, cette réunion n'est pas une simple mise en scène diplomatique.
C'est un test de crédibilité. Lors de ce sommet, le Tchad entend démontrer que la stratégie n'est pas qu'un simple discours ambitieux, mais un cadre soutenu par des réformes de gouvernance, des structures de mise en œuvre compétentes et la viabilité de la dette. Le gouvernement insiste sur le fait que le plan est conçu pour maintenir un ratio dette/produit intérieur brut soutenable, avec une unité de mise en œuvre dédiée pour coordonner l'exécution du projet entre les ministères.
Risques et angles morts
Aucune stratégie de développement n'est à l'abri des risques, et le programme Tchad Connexion 2030 ne fait pas exception. Parmi les plus urgents :
1. Environnement sécuritaire : Le Tchad demeure un État de première ligne dans la lutte antiterroriste au Sahel. L'instabilité pourrait compromettre la confiance des investisseurs et la mise en œuvre des projets.
2. Capacités institutionnelles : L'ambition est une chose, l'exécution en est une autre. La faiblesse des institutions publiques pourrait avoir du mal à réaliser les projets dans les délais et à grande échelle.
3. Changement climatique : Avec l'aggravation de la désertification et la pénurie d'eau, les chocs environnementaux pourraient compromettre la résilience de l'agriculture et des villes.
4. Cyber-sécurité : Comme indiqué, le programme numérique risque de créer de nouvelles vulnérabilités en l'absence d'un cadre de défense clair.
5. Gestion de la dette : Bien que le gouvernement insiste sur la durabilité, l'ampleur même des emprunts et des engagements privés expose le pays aux chocs externes.
Un pari visionnaire
Le président Mahamat Idriss Deby Itno a présenté Tchad Connexion 2030 comme rien de moins que les fondations d'un « Tchad moderne, accessible, ouvert, compétitif et attractif ». Ce discours vise à inspirer, mais aussi à rassurer les partenaires potentiels sur le fait que le Tchad a tourné la page.
Les enjeux sont de taille. Atteindre un taux de croissance annuel moyen du PIB de 8 % entre 2025 et 2030 représenterait l'une des trajectoires de croissance les plus rapides du continent. Plus important encore, si les indicateurs sociaux s'améliorent comme prévu, des millions de Tchadiens pourraient constater des changements tangibles dans leur qualité de vie.
Pourtant, le pari est risqué. Un échec ne se contenterait pas de gaspiller des milliards, mais pourrait aggraver la désillusion des citoyens et des investisseurs. En revanche, un succès redessinerait la carte économique du Sahel et positionnerait le Tchad comme un nouveau pôle de résilience dans une région souvent associée à la fragilité.
Conclusion
Tchad Connexion 2030 est plus qu'un plan de développement. Il s'agit d'une tentative de réinventer l'identité du pays, passant d'un pays enclavé à un pays connecté, d'un pays dépendant des ressources à un pays diversifié, et d'un pays dépendant de l'aide à un pays axé sur les investissements. Ambitieuse, voire audacieuse, cette ambition est, à bien des égards, précisément ce dont le Tchad a besoin. L'approche progressive ne suffira pas dans un contexte où le retard de développement est si important et où l'urgence est si grande.
Les années à venir détermineront si cette vision deviendra un exemple marquant de transformation africaine ou un énième projet non réalisé. Ce qui est certain, c'est que le Tchad a joué cartes sur table, signalant à son peuple et au monde entier qu'il entend écrire une nouvelle histoire d'ici 2030.
Ce plan vise essentiellement à mobiliser un investissement exceptionnel de 30 milliards de dollars au cours des six prochaines années. Ce n'est pas une mince affaire dans un pays où les revenus pétroliers restent volatiles, où les déficits d'infrastructures demeurent importants et où le contrat social entre l'État et les citoyens est depuis longtemps mis à rude épreuve. Pourtant, en associant des programmes d'infrastructures de grande envergure à des réformes institutionnelles, et à une nouvelle ouverture aux capitaux privés, le gouvernement mise son avenir sur un pari risqué et hautement rentable : que le Tchad puisse franchir une nouvelle étape dans la croissance et la résilience avant la fin de la décennie.
L'architecture de Tchad Connexion 2030
Le plan s'articule autour de quatre piliers principaux, interdépendants plutôt que cloisonnés :
1. Infrastructures : De l'électricité à l'eau, des routes au haut débit, la stratégie vise à jeter les bases matérielles de la croissance.
2. Politique sociale : Un renforcement délibéré des systèmes de santé, d'éducation et d'emploi, en mettant l'accent sur l'inclusion.
3. Diversification : Au-delà du pétrole, se concentrer sur l'agriculture, l'exploitation minière, le tourisme et les industries d'exportation.
4. Climat des affaires : Des réformes radicales pour attirer les investissements et simplifier les relations commerciales.
Ces quatre piliers s'appuient sur 17 programmes thématiques, dont certains sont transversaux, tels que la décentralisation, la résilience climatique et l'autonomisation des femmes. Concrètement, le gouvernement prévoit 268 projets et réformes multi-sectoriels, chacun conçu pour engendrer des changements structurels dans l'économie et la société.
La transformation numérique comme catalyseur
S'il existe un élément clé de Tchad Connexion 2030, c'est sans conteste le programme d'investissement numérique : 1,5 milliard de dollars sont consacrés à la modernisation de la connectivité du pays et au positionnement du Tchad comme pôle numérique du Sahel. Appelée Programme 3 dans le document de stratégie, cette initiative reconnaît que sans un saut numérique, les ambitions globales du Tchad resteront limitées.
Parmi les principaux objectifs :
● Élargir la couverture : le taux de pénétration d'Internet n'était que de 13,2 % début 2025. Le gouvernement s'est fixé un objectif de 30 % d'ici 2030.
● Renforcer les infrastructures : la construction d'une liaison fibre optique de 509 kilomètres entre N'Djamena et la frontière nigérienne est essentielle, tout comme les projets de nouvelles liaisons internationales via la Libye et l'Égypte.
● Encourager la concurrence : la privatisation de la société publique Sotel et l'octroi de licences à un troisième opérateur de télécommunications devraient réduire les coûts pour les consommateurs et stimuler l'innovation.
● Numérisation de l'administration : Des déclarations fiscales aux procédures judiciaires, le Tchad vise à bâtir un écosystème d'administration en ligne réduisant l'inefficacité et la corruption.
Cependant, la feuille de route numérique est frappante par son omission : la cybersécurité. Alors que l'Afrique connaît une augmentation exponentielle des menaces web (avec 131,5 millions d'incidents signalés pour la seule année 2024, selon Kaspersky), l'absence d'une stratégie de cybersécurité dédiée présente des risques importants. Une numérisation sans défense pourrait exposer le Tchad à des vulnérabilités qui compromettraient les progrès qu'il recherche.
Objectifs sociaux ambitieux
Au-delà des câbles et de la fibre optique, Tchad Connexion 2030 répond aux réalités vécues par des millions de Tchadiens. La dimension sociale est explicite, avec des objectifs mesurables :
●Accès à l’électricité : atteindre 90 % en zone urbaine et 60 % à l’échelle nationale d’ici 2030.
●Sécurité hydrique : accès à l’eau potable pour 11 millions de personnes supplémentaires.
●Éducation : quasi-doublement du taux de scolarisation primaire, passant de 43 % à 80 %.
●Santé : réduction de moitié des taux de mortalité maternelle et néonatale.
●Emploi : développement des programmes de formation professionnelle et adéquation des formations aux besoins du marché.
Ces chiffres sont clairs. Dans un pays où les deux tiers de la population vivent sous le seuil de pauvreté, et où les crises humanitaires sont récurrentes, atteindre ne serait-ce qu’une partie de ces objectifs représenterait un changement profond dans la vie quotidienne.
Diversification économique : rompre la dépendance au pétrole
Pendant des décennies, l’économie tchadienne a été tributaire du pétrole, une source de revenus considérable, mais une source de volatilité considérable. Avec le plan Tchad Connexion 2030, le gouvernement entend relancer l’économie par l’agriculture, l’exploitation minière et le tourisme, chaque secteur étant sélectionné pour ses potentiels effets multiplicateurs.
●Agriculture : Le plan vise à doubler la production d’ici six ans, une initiative susceptible d’améliorer la sécurité alimentaire et de générer des excédents d’exportation.
●Exploitation minière : Disposant de réserves inexploitées d’or et d’autres minéraux, le Tchad sollicite les investisseurs étrangers pour établir un secteur minier moderne et réglementé.
●Tourisme : Du parc national de Zakouma aux paysages sahariens, les atouts naturels et culturels du Tchad se positionnent comme de futures sources de revenus, sous réserve de l’amélioration de la sécurité.
Le défi ici ne sera pas d’identifier les opportunités, mais plutôt de garantir que les structures de gouvernance empêchent le fléau familier de la mauvaise gestion des ressources.
Climat des affaires et rôle du secteur privé
L'aspect le plus radical de Tchad Connexion 2030 est peut-être sa position sur le secteur privé. Près de 46 % des projets sont conçus pour être financés par des capitaux privés, et le gouvernement a clairement indiqué que les partenaires privés ne seront pas seulement des financiers, mais aussi des gestionnaires et des preneurs de risques.
Cela reflète une stratégie délibérée : repositionner l'État comme régulateur et facilitateur, tout en donnant aux entrepreneurs et aux investisseurs les moyens d'agir. Les réformes des systèmes fiscaux, des procédures douanières, du droit du travail et des règles de résidence pour les talents étrangers font partie de ce programme.
Cependant, la charge de la preuve incombe à N'Djamena. Les investisseurs exigeront des garanties de transparence, d'État de droit et de stabilité politique.
Table ronde d'Abou Dhabi : obtenir l'adhésion
Au cœur du déploiement se trouve la Table ronde des partenaires d'Abou Dhabi, prévue en novembre 2025. Elle vise à rallier les institutions financières internationales et les investisseurs privés à la vision du Tchad. Avec plus de la moitié de l'enveloppe de 30 milliards de dollars (environ 16 milliards de dollars) attendue des acteurs privés, cette réunion n'est pas une simple mise en scène diplomatique.
C'est un test de crédibilité. Lors de ce sommet, le Tchad entend démontrer que la stratégie n'est pas qu'un simple discours ambitieux, mais un cadre soutenu par des réformes de gouvernance, des structures de mise en œuvre compétentes et la viabilité de la dette. Le gouvernement insiste sur le fait que le plan est conçu pour maintenir un ratio dette/produit intérieur brut soutenable, avec une unité de mise en œuvre dédiée pour coordonner l'exécution du projet entre les ministères.
Risques et angles morts
Aucune stratégie de développement n'est à l'abri des risques, et le programme Tchad Connexion 2030 ne fait pas exception. Parmi les plus urgents :
1. Environnement sécuritaire : Le Tchad demeure un État de première ligne dans la lutte antiterroriste au Sahel. L'instabilité pourrait compromettre la confiance des investisseurs et la mise en œuvre des projets.
2. Capacités institutionnelles : L'ambition est une chose, l'exécution en est une autre. La faiblesse des institutions publiques pourrait avoir du mal à réaliser les projets dans les délais et à grande échelle.
3. Changement climatique : Avec l'aggravation de la désertification et la pénurie d'eau, les chocs environnementaux pourraient compromettre la résilience de l'agriculture et des villes.
4. Cyber-sécurité : Comme indiqué, le programme numérique risque de créer de nouvelles vulnérabilités en l'absence d'un cadre de défense clair.
5. Gestion de la dette : Bien que le gouvernement insiste sur la durabilité, l'ampleur même des emprunts et des engagements privés expose le pays aux chocs externes.
Un pari visionnaire
Le président Mahamat Idriss Deby Itno a présenté Tchad Connexion 2030 comme rien de moins que les fondations d'un « Tchad moderne, accessible, ouvert, compétitif et attractif ». Ce discours vise à inspirer, mais aussi à rassurer les partenaires potentiels sur le fait que le Tchad a tourné la page.
Les enjeux sont de taille. Atteindre un taux de croissance annuel moyen du PIB de 8 % entre 2025 et 2030 représenterait l'une des trajectoires de croissance les plus rapides du continent. Plus important encore, si les indicateurs sociaux s'améliorent comme prévu, des millions de Tchadiens pourraient constater des changements tangibles dans leur qualité de vie.
Pourtant, le pari est risqué. Un échec ne se contenterait pas de gaspiller des milliards, mais pourrait aggraver la désillusion des citoyens et des investisseurs. En revanche, un succès redessinerait la carte économique du Sahel et positionnerait le Tchad comme un nouveau pôle de résilience dans une région souvent associée à la fragilité.
Conclusion
Tchad Connexion 2030 est plus qu'un plan de développement. Il s'agit d'une tentative de réinventer l'identité du pays, passant d'un pays enclavé à un pays connecté, d'un pays dépendant des ressources à un pays diversifié, et d'un pays dépendant de l'aide à un pays axé sur les investissements. Ambitieuse, voire audacieuse, cette ambition est, à bien des égards, précisément ce dont le Tchad a besoin. L'approche progressive ne suffira pas dans un contexte où le retard de développement est si important et où l'urgence est si grande.
Les années à venir détermineront si cette vision deviendra un exemple marquant de transformation africaine ou un énième projet non réalisé. Ce qui est certain, c'est que le Tchad a joué cartes sur table, signalant à son peuple et au monde entier qu'il entend écrire une nouvelle histoire d'ici 2030.